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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - À la galerie Janine Rubeiz jusqu’au 28 février Les œuvres «Prozac» de Michel Harmouche

Inexorable optimiste pictural, Michel Harmouche adhère parfaitement à la démarche de Matisse qui disait: «L’art doit être un calmant cérébral ou quelque chose comme un bon fauteuil qui délasse des fatigues physiques.» C’est à la galerie Janine Rubeiz qu’il expose ses œuvres «Prozac». Une peinture innée, spontanée, directe et optimiste. Qui lui ressemble. Il a commencé à peindre à huit ans. Et il s’est consacré entièrement à la peinture à l’âge de 80 ans. Entre-temps, il a exercé le métier d’architecte, il a vécu une vie sans fausses notes, où il ne regrette rien, absolument rien. Et si tout était à refaire, il ne changerait pas… un geste. «Je suis très heureux!» lance Michel Harmouche à la veille du vernissage de sa première exposition. Les œuvres de ce peintre retrouvé reflètent en effet un état de grâce intérieure. Elles sont le témoignage discret et évident à la fois d’un hédonisme sensualiste, par la palette, doublé, par la construction, d’un platonisme pythagorien. Cet artiste totalement sincère et optimiste propose une peinture joyeuse, vivace. Qui chante les innombrables beautés de la nature dans des couleurs riantes, mais sans jamais tomber dans la recherche d’effets faciles ou de procédés de séduction. Son art est exigeant, sa technique éprouvée et, derrière chaque toile, affleurent les préoccupations d’un homme attentif à la marche du monde mais qui a décidé de n’en montrer que le meilleur visage. L’art de peindre, selon Harmouche, c’est le moyen de transcrire sur la toile l’équivalent d’émotions ressenties devant la nature. Ses expressions familières: un beau volume, un beau ton, «les beaux bleus, les beaux jaunes, les beaux rouges, les matières qui remuent le fond sensuel des hommes», dira Matisse. Notre artiste est donc un optimiste plein d’indulgence et d’humour devant les manifestations d’une vie toujours considérée comme belle. «Le monde moral n’est pas aussi laid ni aussi absurde que certains esprits chagrins se plaisent à l’imaginer», semble nous dire son œuvre. «Les spectacles de la nature sont des sources de joie qu’il faut exploiter sans arrière-pensée», confirme l’artiste. Dès lors, Harmouche ne cherche plus que les moyens propres à exprimer la fleur même de la vie; l’éclat des couleurs les plus chatoyantes, la recherche des tons les plus rares et les plus justes, la perfection de la composition, l’élégance de l’arabesque, les fantaisies les plus aventureuses de la composition, le goût du beau décor, toutes ces notions sont soumises chez lui à des libertés inventives, animées d’une ardeur constante à faire mieux. Des œuvres parfaitement architecturées – cherchez la (dé)formation professionnelle – où il donne autant d’importance au sujet qu’au cadre qui l’entoure. Telle cette terrasse vue à travers des barreaux d’une porte-fenêtre ou cet arbuste d’un beau vert de baryte. Le vert, justement, privilégié par l’artiste? «C’est le symbole de l’espoir, du renouveau, répond Harmouche. Il n’y a pas une couleur que je n’aime pas. Mais il y a des moments où je suis plus attiré par une tonalité que par une autre.» Il ajoute que le choix d’une couleur se fait par intuition. Sans préméditation. Ailleurs, l’on peut voir une série de toiles montrant une parfaite maîtrise de la composition, des formes géométriques simplifiées et des couleurs. Il s’agit des vues de la ville de Sanaa, sorte de puzzle visuel, un exercice de style qui porte résolument la griffe de l’architecte. Est-ce que sa formation d’architecte a facilité sa tâche? «Elle n’a jamais été difficile. J’ai toujours aimé la peinture», rétorque-t-il. Des études de droit à Beyrouth, puis la Grande Guerre terminée, Harmouche se rend à Paris faire l’école des arts décoratifs et se spécialise, au bout de quatre ans d’études, dans l’architecture d’intérieur. «Le directeur de l’école m’a demandé alors qu’est-ce que vous allez faire en meubles, vous êtes un peintre? Je lui ai dit: “Écoutez, j’ai trois familles à nourrir, ce n’est sûrement pas en vendant des toiles que je vais le faire.”» Mais l’amoureux du beau n’a pas oublié sa passion pour les pinceaux. «J’ai des toiles qui ont quarante ans d’âge.» Chez lui, il y en a très peu. Elles sont plutôt chez ses amis. Mais aujourd’hui, à 83 printemps, il s’apprête à exposer à Londres, à Tokyo et à Paris. C’est donc un homme heureux qui donne à voir des œuvres tout aussi joyeuses. Pour le plus grand bonheur des visiteurs. Maya GHANDOUR HERT
Inexorable optimiste pictural, Michel Harmouche adhère parfaitement à la démarche de Matisse qui disait: «L’art doit être un calmant cérébral ou quelque chose comme un bon fauteuil qui délasse des fatigues physiques.» C’est à la galerie Janine Rubeiz qu’il expose ses œuvres «Prozac». Une peinture innée, spontanée, directe et optimiste. Qui lui ressemble.

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