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Actualités - OPINION

Non au cauchemar

Ils ont non seulement usé et abusé de leur droit de grève, ils ont usurpé les droits des autres : les droits de circuler, de travailler, le droit à la santé, le droit à la tranquillité ont été bafoués par des actes impensables qu’on croyait enfouis dans les replis les plus noirs de notre histoire. La funeste journée de mardi est venue prouver que, plus que jamais, les tendances irraisonnées se transforment en comportements haineux et incontrôlés. Ceux-ci ont atteint un pic, peut-être un point de non-retour avec la déferlante qui envahit notre pays. Dès les premières heures de cette journée, les yeux rivés sur nos écrans de télévision, nous assistions incrédules et impuissants à une grève démocratique vite révélée sous son vrai jour : une volonté délibérée de faire ressurgir les aversions d’antan, une stratégie bien planifiée de découper le Liban en impasses et de le couper du monde, un programme synchronisé de blocage de routes. Que de haine proférée avec les insultes, que d’impulsion déversée avec l’huile et le mazout, que de violence avec les bâtons, que d’hostilité lancée avec les pierres et les balles. Médusés, nous nous demandions si les protagonistes étaient vraiment les fils d’un même pays, et pourquoi, dans ce cas, ils ne réalisaient pas que les enfants d’une même famille ne réagissent tout simplement pas ainsi. Maintenant que ce round de brutalités est achevé, nous sommes curieux de savoir ce que ces jeunes ont pensé le lendemain. Nous osons espérer qu’avec le recul, ils ne se reconnaissent pas ou, s’ils le font, qu’ils regrettent de s’être mis dans un tel état d’effervescence. Nous espérons qu’ils discernent désormais les bonnes des mauvaises instructions de leurs chefs. Car ceux-ci ne sont pas divins. Ce sont des humains qui peuvent commettre des erreurs. Et c’est aux jeunes qu’il appartient d’user de leur intelligence pour définir la route à suivre. Nous espérons qu’ils n’éprouveront pas les sentiments d’autosatisfaction de leurs leaders. Car il n’y a pas de quoi se féliciter de la réussite d’une telle journée meurtrière avec son cortège de sang versé, de destructions, avec tous les dommages causés à la santé et à l’environnement. Nous rêvons de ne plus entendre des discours positivant les bilans et annonçant des surprises prochaines et empoisonnées. Nous refusons d’être à la merci de pratiques miliciennes, semant l’épouvante et la terreur. Nous ne voulons plus nous soumettre à la torture de bourreaux qui injectent sans scrupules et avec impunité leur dose de venin. Nous ne voulons plus être là à attendre que le ciel nous tombe sur la tête. Nous voulons être, après Dieu, maîtres de nos vies. Nous voulons envoyer nos enfants à l’école suivant le calendrier scolaire, aller à nos bureaux et à nos commerces les jours ouvrables. Nous voulons, seuls, déterminer nos heures de visites à nos parents et à nos malades. Nous voulons pouvoir réaliser les voyages que nous nous fixons, aux heures de départ et de retour que nous-mêmes décidons. Nous ne voulons plus être envahis par des préoccupations angoissantes et des appréhensions paralysantes. Et pourquoi pas, nous voulons parfois penser à des problèmes anodins et jouir de joies futiles. Nous en avons le droit. Nous voulons convaincre nos jeunes que s’ils rentrent au bercail, ils vivront comme dans tout pays civilisé une vie normale. En un mot, nous ne sommes plus disposés à vivre des cauchemars, des délires et des moments d’horreur. Nous aspirons à la paix. Et dans ce pays de divisions sectaires, de dissensions confessionnelles, de luttes partisanes, nous voulons quand même être entendus. Car nous sommes certainement très nombreux. Même nettement majoritaires. Claude ASSAF Avocate

Ils ont non seulement usé et abusé de leur droit de grève, ils ont usurpé les droits des autres : les droits de circuler, de travailler, le droit à la santé, le droit à la tranquillité ont été bafoués par des actes impensables qu’on croyait enfouis dans les replis les plus noirs de notre histoire. La funeste journée de mardi est venue prouver que, plus que jamais, les...