L’objectif est de rapprocher les points de vue entre les principaux pôles de la communauté Une délégation d’évêques maronites chez Aoun, Frangié et Geagea pour discuter de l’application des constantes de Bkerké

Une délégation de Bkerké, formée des évêques Samir Mazloum, Boulos Matar et Youssef Béchara, s’est successivement rendue hier chez le général Michel Aoun, l’ancien ministre Sleimane Frangié et le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, dans le cadre d’une tournée auprès des différents pôles chrétiens. Les trois évêques ont d’abord été reçus à Rabieh par le général Aoun, en présence du député Ibrahim Kanaan et de M. Alain Aoun. À l’issue de la rencontre, Mgr Mazloum a indiqué qu’il avait transmis au général Aoun le souhait du patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, de poursuivre les contacts avec les différents pôles chrétiens pour étudier les possibilités d’application des constantes exprimées par Bkerké. « Nous avons perçu chez le général une volonté de coopérer. Nous souhaitons pouvoir aboutir à des résultats positifs avec l’ensemble des leaders, pour le bien du Liban », a-t-il indiqué. La délégation s’est ensuite rendue à Bnecheï, où elle a été reçue par le chef des Marada, Sleimane Frangié, qui a retenu les évêques à déjeuner. La réunion, qui s’est déroulée en présence de M. Robert Frangié et du père Estephan Doueihy, s’est illustrée par les retrouvailles entre M. Frangié et l’évêque Youssef Béchara : à la veille de la guerre de juillet, le chef des Marada avait tenu des propos particulièrement violents à l’encontre du père spirituel de Kornet Chehwane. « Il y a eu un malentendu à caractère politique entre les deux hommes, mais pas d’hostilité. Le respect mutuel et la courtoisie existent entre eux », a indiqué à ce sujet Mgr Mazloum. Les participants ont mis l’accent sur l’importance des constantes exprimées par Bkerké et sur la nécessité de leur concrétisation par-delà les divisions politiques, dans la mesure où elles représentent les constantes chrétiennes. Mgr Mazloum a pris la parole au terme de la rencontre pour mettre en exergue le climat positif qui a prévalu durant les concertations, estimant que cela ouvre la voie à un début de solution à la crise que le pays traverse en ce moment. Interrogé sur la possibilité d’assises chrétiennes à Bkerké, Mgr Mazloum a répondu : « Nous le souhaitons. L’un des objectifs de cette initiative est de réunir tous les leaders pour purifier les cœurs s’il y a des tensions et pour se mettre d’accord sur des principes fondamentaux qu’ils pourraient proclamer et auxquels ils pourraient rester attachés dans le cadre de leur action politique, quelles que soient leur position et leur option politique. » « Les constantes sont acceptées et soutenues par tout le monde », a-t-il souligné. « Ce que nous faisons, c’est une démarche concrète pour leur mise en application », a ajouté Mgr Mazloum. « Nous n’avons pas fixé de priorités. Nous estimons que les leaders doivent d’abord se retrouver et dialoguer, et, à travers le dialogue sur un groupe de questions, c’est à eux de fixer les priorités », a-t-il poursuivi. « Si l’Église peut jouer un rôle important, quel qu’il soit, en rapprochant les points de vue et en levant les obstacles, nous aurons rempli une partie de notre devoir. C’est vrai qu’il y a des difficultés et des divisions. Nous ne sommes pas au sein de la République de Platon. C’est vrai que ces divisions nous ont menés là où nous sommes. Mais nous essayons, dans la mesure du possible, d’obtenir une certaine réceptivité », a dit Mgr Mazloum. De son côté, M. Frangié a applaudi à l’initiative des évêques, exprimant son soutien aux constantes de Bkerké. La délégation s’est enfin rendue à Bzoummar, où elle a été reçue par le chef des FL, Samir Geagea, en présence des députés Antoine Zahra et Élie Keyrouz. Mgr Mazloum a également mis en évidence la volonté de M. Geagea de coopérer à toute action pouvant regrouper les leaders et extirper le Liban de la crise. Mgr Mazloum a précisé que l’une des propositions pour apaiser les tensions était de procéder à une élection présidentielle anticipée, et que cette proposition devait être discutée entre tous les responsables concernés à la table de dialogue.