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Actualités - CHRONOLOGIE

Un peu plus de... Compilation libanaise

Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans la tête des Libanais la semaine qui a précédé le Nouvel An ? Jusque-là, les réponses à la question « Qu’est-ce que vous faites pour le réveillon ? » étaient quasi unanimes : « Heu… rien – pas grand-chose – on ne sait pas encore. » Et puis soudain, tout a bougé. Exactement comme pour Noël une semaine avant. Les mêmes qui s’étaient précipités pour acheter les cadeaux de dernière minute dans une course effrénée contre la montre, rythmée par la voix de George Michael s’égosillant sur Last Christmas, entre deux embouteillages et une queue d’une heure pour emballer Barbie et autres Oui-Oui, ces mêmes-là ont réalisé que « Oups » dimanche c’est le réveillon. Et là, soudain, alors que la plupart des restaurants n’avaient aucune réservation, que les Abba dormaient bien au chaud au fond de la discothèque d’un DJ déprimé car aucune soirée ne se profilait à l’horizon… que les cotillons faisaient grise mine sous leur cellophane et que les lumières semblaient ne pas vouloir s’allumer… Soudain, les Libanais se sont réveillés. Les réservations ont fusé, les traiteurs ne savaient plus où donner de la tête, eux qui, d’habitude, ne prennent plus aucune commande après le 20 décembre. Et Abba a épousseté sa naphtaline pour entonner Happy New Year à minuit. Regroupées dans une maison d’Achrafieh, 120 personnes ont fait la fête, 120 personnes qui, il y a deux semaines, n’avaient pas de plan. Pas de plan, rien de prévu et, soudain, un besoin immense de se retrouver, de s’embrasser, de s’étreindre a pris la plupart des Libanais. Près de 40 000 enfants du Cèdre ont dansé au BIEL, d’autres ont fait la fête dans un tube, des amis se sont retrouvés dans des maisons, des milliers de Libanais sont « montés » à Faraya, avec ou sans neige, qu’importe le flocon pourvu qu’on ait l’ivresse… Même les éternels réfractaires de la Saint-Sylvestre ont enfilé leur manteau, fait péter le champagne et se sont goinfrés jusqu’à pas d’heure. Il n’y a pas que les Français qui ont une exception culturelle. Les Libanais aussi ont leur singularité : cette capacité d’exorciser le mauvais, de conjurer le sort en allant danser, en faisant la fête, en hurlant à tue-tête avec Nawal el-Zoghbi ; même si vers 23 heures, une chaîne locale a eu l’indécente idée de diffuser Michel Hayeck et ses catastrophes ! Alors que les Libanais dansaient sur les tables, la télé, toutes les télés rompaient leurs principes de devoir moral et assénaient (« parce que c’est ce que veut le téléspectateur » – sic) des prédictions « glauquissimes » à l’heure où l’exil frappe à grand coup. Mais non, Abba n’a pas eu envie de se taire, ni les Libanais d’arrêter de danser. Love Generation de Bob Sinclar est passée en boucle. De circonstance. D’ailleurs, il y en a tellement des morceaux de circonstance qu’on ne sait plus où donner de la tête. Nous en sommes arrivés d’ailleurs à apercevoir des clins d’œil dans n’importe quelle chanson. Et, finalement, peu importent les morceaux qui sont passés ce soir-là, ceux qui vous ont fait danser ou verser une larme, ce soir-là, c’est la plus belle compilation libanaise qui était sur les platines. N’en déplaise à Michel Hayeck et consorts.

Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans la tête des Libanais la semaine qui a précédé le Nouvel An ? Jusque-là, les réponses à la question « Qu’est-ce que vous faites pour le réveillon ? » étaient quasi unanimes : « Heu… rien – pas grand-chose – on ne sait pas encore. » Et puis soudain, tout a bougé. Exactement comme pour Noël une semaine avant. Les mêmes qui...