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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Nada Awar Jarrar signe son deuxième roman, «Dreams of Water», au Virgin Megastore du centre-ville, ce soir à partir de 18h00 La mélancolie de l’attente

Avec « Somewhere Home », paru en 2003 et qui a obtenu le Commonwealth Best First Book Award for Southeast Asia and the South Pacific, l’année suivante, Nada Awar Jarrar est entrée de plain-pied dans la cour des grands. Avec la même douceur, un rythme qui balance entre mélancolie et tendresse, elle retrouve avec « Dreams of Water » (éditions Harper Collins), son dernier ouvrage, des mots chargés d’une culture et d’une histoire qui ont façonné son identité, sa sensibilité et son écriture. «Le deuxième roman, avait-elle constaté, est un exercice bien plus difficile. Il devient beaucoup moins autobiographique et demande une plus grande part d’imagination. Et l’auteur devient plus exigeant, plus passionné, plus mûr aussi.» Le lecteur, dès les premières lignes de Dreams of Water, retrouve avec bonheur la plume de Nada Awar Jarrar, imbibée d’un Orient sacré, avec ses parfums de café, d’huile d’olive, de fleurs d’oranger et de cannelle; sa poussière, ses traditions sucrées, son destin maudit, aussi. Une plume qu’elle a également, durant les années vécues en Australie, en France, en Grande-Bretagne et aux USA, trempée dans une culture différente, celle de l’exil. Comme une double vie, une autre vie, constituée d’un puzzle d’émotions, de sensibilité, de croyances et dont il est difficile de se débarrasser. Imbibée, essentiellement, du goût de l’absence et celui, également amer, de la guerre. Une histoire d’amour, de perte et de famille «J’ai voulu, précise Nada, que mon livre traite de certains aspects de la guerre civile: les disparus, kidnappés, ceux qui ne sont pas revenus et pour lesquels personne n’a jamais été responsabilisé. Et puis ceux qui, rentrés de leur exil, ont dû affronter un pays changé.» Dreams of Water est donc l’histoire d’Anees la sœur, de Wadad la mère, qui doivent assumer la disparition de Bassam. Difficile de faire son deuil quand la mort est si abstraite, voire irréelle. C’est également l’histoire du couple Aneesa et Salah, réunis par une même solitude, un même exil et cette nécessaire adaptation à une autre vie. C’est enfin le récit d’un retour difficile, accompagné d’un état des lieux qui ont changé, de gens qui ne sont plus les mêmes après une longue absence. Retours en arrière, la mémoire parle, construit une narration faite de détails, de sensations et d’événements. «L’eau est un élément très important, la Méditerranée de Beyrouth et la Tamise de Londres. C’est une matière qui suggère le mouvement et le changement.» La part personnelle et subjective a certainement sa place dans le livre, même si sont venus s’ajouter un recul et une objectivité nécessaire et désirée par l’auteur. «J’ai moi-même, confie Nada Awar Jarrar, vécu la disparition d’un cousin, enlevé en 1976. Sa mère, aujourd’hui décédée, m’avait dit: “Je voudrais juste savoir ce qui s’est passé, afin que son âme puisse reposer en paix.” J’étais avec elle le jour, l’instant où elle a appris son enlèvement, cela m’a marquée à vie. L’écriture est certainement un moyen de faire son deuil.» Et de poursuivre: «Mon roman parle d’un Liban qui disparaît et que nous essayons de retrouver, encore et encore. Ce sentiment est le même que celui que j’ai éprouvé à mon retour, en 1995, accompagné d’une difficulté à trouver sa place.» Plongée déjà dans l’écriture de son troisième roman, une histoire d’amitié et d’amour, elle avoue: «J’avais déjà rédigé une bonne moitié avant la guerre de juillet. J’ai tout recommencé… Après cette triste parenthèse, je suis devenue plus cynique et plus vulnérable. La guerre est présente dans notre quotidien, elle nous touche directement.» Sorti le 2 janvier en Grande-Bretagne, au Canada et en Australie, Dreams of Water trouve sa légitime place d’honneur au Liban. « L’écriture est une occupation si solitaire que le partage et la reconnaissance du reste du monde sont un moment de grand bonheur », conclut Nada Awar Jarrar. Carla HENOUD

Avec « Somewhere Home », paru en 2003 et qui a obtenu le Commonwealth Best First Book Award for Southeast Asia and the South Pacific, l’année suivante, Nada Awar Jarrar est entrée de plain-pied dans la cour des grands. Avec la même douceur, un rythme qui balance entre mélancolie et tendresse, elle retrouve avec « Dreams of Water » (éditions Harper Collins), son dernier...