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Actualités - REPORTAGE

Éducation - Initiative civile de partenaires locaux et étrangers pour promouvoir le dialogue des cultures « Liban message », des bourses et une pincée d’espoir pour les étudiants

« Le Liban est plus qu’un pays, c’est un message. » Cette phrase de Jean-Paul II aura marqué les esprits pour longtemps, mais elle a surtout inspiré, des années après avoir été prononcée par le Saint-Père à Beyrouth, le nom donné à une initiative civile basée sur la coopération entre des associations et individus libanais et étrangers, notamment français. Une initiative, « Liban message », qui vise à mettre en valeur l’importance de la convivialité entre différentes religions et cultures, et rappeler qu’une telle convivialité existe au Liban malgré les guerres et les tensions, et qu’elle revêt actuellement une signification fondamentale à un niveau mondial. Après la guerre de juillet-août, Liban message a pris une tournure plus concrète avec l’introduction d’un programme de bourses pour des étudiants libanais dans des universités francophones. Dans le « groupe d’amis » qu’est Liban message, l’association française Fondacio (Chrétiens pour le monde) joue un rôle central. Fouad Hassoun, représentant de Liban message et de Fondacio au Liban, explique que « ce groupe a la particularité de rassembler des personnes de toutes confessions, de toutes cultures et de diverses nationalités ». « Son objectif est de travailler pour la paix, car ce pays reste un exemple de paix, malgré la crise », a-t-il ajouté, soulignant que cette dynamique a pris naissance après le 14 Mars et la série d’assassinats qui a secoué le pays. Liban message a été lancé grâce aux voyages d’amis européens et américains au pays, des gens venus d’horizons et de secteurs divers, soucieux de faire preuve de solidarité avec le Liban. Séminaires et rencontres se sont multipliés sur des thèmes concernant la société libanaise. Des voyages vers la diaspora ont également été organisés. Si ce mouvement de rapprochement des cultures se poursuit actuellement, il a été suivi, après l’offensive israélienne contre le Liban cet été, d’une mesure plus concrète. « Un pont pour le Liban, explique M. Hassoun, est un programme destiné aux jeunes qui veulent continuer leurs études au pays mais qui éprouvent des difficultés à les financer, surtout qu’ils ont été privés de jobs durant les vacances. » Ce programme consiste en fait en un système de parrainage, avec des bourses allant jusqu’à 2 000 euros, puisées dans une sorte de caisse dont Fondacio est le fondateur et le principal collecteur de fonds. Les boursiers sont choisis par les bureaux sociaux des universités. Les établissements déjà inclus dans le programme sont l’Université Saint-Joseph et l’Université antonine. Trois autres universités francophones devraient se joindre au groupe. En tout, plus d’une cinquantaine de bourses ont été assurées, mais le travail continue. La collecte de fonds se fait sur base d’un donateur par étudiant, sachant que si le premier ne peut pas couvrir lui-même les frais d’une bourse complète, ceux-ci son complétés par des donations institutionnelles ou par le mécénat. Pour plus d’informations, il est possible de consulter l’un des sites suivants : www.libanmessage.org ou www.fondacio.org Week-ends d’orientation Mais force est de constater que l’ampleur de l’initiative dépasse le seul programme de bourses pour atteindre un objectif bien plus vaste : redonner aux jeunes la foi dans leur pays et dans l’avenir. Cet objectif rejoint la philosophie de la pédagogie de Fondacio, fondatrice de plusieurs écoles en France et dans le monde et organisatrice de week-ends d’orientation pour jeunes. Lors de son récent passage au Liban, le président de l’association, Gérard Testard, nous explique que cette pédagogie, mise en place depuis une trentaine d’années, tourne autour « de la recherche de sens, de telle façon que la spiritualité qu’on développe ne soit pas coupée du monde, mais pour que le monde aille mieux ». Deux week-ends d’orientation sont prévus au Liban bientôt, le recrutement des participants devant être effectué par les universités, et pas seulement parmi les boursiers. Ces initiatives viseront à aider les jeunes à donner un sens à leurs études, et à choisir leur formation suivant l’avenir qu’ils recherchent, dans la perspective de devenir des membres actifs de la société, non des projets d’export parce que diplômés dans des filières sursaturées. À un niveau plus vaste, Liban message aborde un problème de fond qui préoccupe de plus en plus nos sociétés modernes : le dialogue des cultures. M. Testard insiste sur le fait que l’échange va dans les deux sens, et que tout le monde y trouve bénéfice. « Le Liban est porteur de convivialité, malgré les guerres, dit-il. Nous venons de l’extérieur pour l’aider à prendre conscience de cette réalité, dans le but de promouvoir la paix et le dialogue religieux partout, y compris en France. Les événements de décembre 2005 ont montré que beaucoup de musulmans dans ce pays vivent retranchés, et que la rencontre est difficile et suppose un pas audacieux. » M. Testard indique que de nombreuses rencontres ont été organisées en France avec des Libanais, remportant un grand succès. « Une rencontre a eu lieu à La Courneuve, une banlieue où cohabitent quelque cinquante nationalités, précise-t-il. Les participants ont été ravis de s’adresser à leurs interlocuteurs libanais. Une autre table ronde s’est tenue à Versailles rassemblant quelque 300 participants. Après la guerre, en septembre, une table ronde avec l’ancien ministre Damien Kattar et un représentant de la communauté musulmane de la région a été organisée à Versailles. » Entre-temps, les voyages vers le Liban se poursuivent. Une tournée organisée pour 38 personnes avant les fêtes, dont cinq députés français, trois hauts responsables de la communauté musulmane en France, des hommes d’affaires et des journalistes, a été reportée à une date ultérieure en raison de la situation tendue. Mais les représentants de Fondacio qui se sont rendus à Beyrouth quand même, ainsi que M. Hassoun, ont effectué une tournée auprès de certains responsables. Interrogés sur la finalité de ces rencontres, ils démentent énergiquement avoir demandé leur soutien pour le programme. « Nous rencontrons les responsables économiques et politiques pour les inciter à entrer dans cette dynamique, pour leur propre intérêt, souligne M. Hassoun. En effet, les premiers concernés par le dialogue des cultures sont les responsables. Pour notre part, nous traitons avec toutes les catégories de la population et c’est cela qui est important. » Suzanne BAAKLINI

« Le Liban est plus qu’un pays, c’est un message. » Cette phrase de Jean-Paul II aura marqué les esprits pour longtemps, mais elle a surtout inspiré, des années après avoir été prononcée par le Saint-Père à Beyrouth, le nom donné à une initiative civile basée sur la coopération entre des associations et individus libanais et étrangers, notamment français. Une...