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Aoun : « Aut Caesar aut nihil »*

Volontariste, fin tacticien ou petit joueur de bonneteau ? Les trois, mon général ! Quand il rentre d’exil début mai 2005, Michel Aoun sait qu’il n’aura pas la tâche facile. L’assassinat de Hariri a mis le pays en ébullition, les divisions politiques sont flagrantes, et les Syriens se sont retirés, mais ne nous ont pas lâchés. D’ailleurs c’est pour ça que l’ex-chef du cabinet militaire est revenu. Pour mettre la main à la pâte (sans faire patte de velours ?). Le général « orange » adore relever les défis. Cet hyperactif, mais non moins superimpulsif, ne ressemble en rien aux autres politiciens coco-locaux. Sitôt installé à Rabieh, il va brasser beaucoup d’air, mais pas tout à fait pour rien. Les Libanais sont démoralisés, fauchés, désabusés. Dès juin, il remporte haut la main les élections législatives (mais seulement au Mont-Liban et à Zahlé), piégé par une loi électorale concoctée par le défunt Ghazi Kanaan. Qu’importe, il a déjà le pied dans l’étrier parlementaire. Traité de tsunami par Walid Joumblatt, de maelström par d’autres, il n’en a cure ; il bat le rappel de ses troupes, ne cherche pas à accabler le régime de Bachar el-Assad, refuse de participer au cabinet Siniora et ébauche une idylle « platonique » avec le sayyed des hezbollahis. « Il a une approche très volontariste de la vie politique », estiment beaucoup de ses admirateurs. Il a su dire aux Libanais : « Les haricots ne sont pas encore verts, les carottes sont cuites mais nous pouvons encore prendre notre cuisine en main. » Fin tacticien ? Il rompt avec les 14 févriéristes accusés de l’avoir eux-mêmes lâché avant de l’avoir retenu. Impopulaire ? Son accord avec le Hezbollah est mal interprété par une fraction (minime) de l’opinion chrétienne. Ses partisans craignent une baisse de popularité. Mais son attitude plus ou moins neutre lors de l’agression israélienne de juillet 2006 le rassérène. Sa cote de popularité ne fléchit pas, bien que les chrétiens de l’autre bord pensent qu’il a perdu de sa superbe. Trop explosif ? Il se lance dans une violente opposition au cabinet Siniora, et... campe sur ses positions autour du Sérail, satisfaisant ainsi sa clientèle électorale. Quitte à brouiller les cartes ou à bluffer comme un joueur de bonneteau, pour maintenir sa suprématie sur ses pairs et tenter de répondre aux critères de chef d’État. Trop dangereux ? On l’accuse de faire une idée fixe sur la présidence de la République, et de faire le jeu de la Syrie. Mais Michel Aoun a son côté Saint Just, quand il bataille pour redresser les torts de l’Administration et juger les dilapideurs de fonds. Il veut tout faire pour ne pas que l’État tombe dans les bras de nouveaux tuteurs. Il peut aussi renoncer au sit-in carnavalesque, comme il peut arrêter le cirque qui se produit au Sérail. « Tout cela c’est du vent », disent ses détracteurs. « Aoun ne sera jamais président », renchérissent ceux qui le haïssent. Reste la dernière bataille : la chute du cabinet Siniora, amputé, légal, mais illégitime. Trompeuse ? Malheureusement, ce n’est pas la rue qui décidera du sort du locataire du caravansérail, mais bien les décideurs venus d’Est et d’Ouest. Le général doit ronger son frein. En revanche, sa popularité ne baisse pas. Alors il va attendre encore 11 mois pour que la situation se décante. Mais le citoyen que peut-il encore attendre de lui et surtout combien pourra-t-il encore attendre ? Nahi LAHOUD * Ou empereur ou rien (devise attribuée à César Borgia et qui peut servir à tout ambitieux).

Volontariste, fin tacticien ou petit joueur de bonneteau ? Les trois, mon général ! Quand il rentre d’exil début mai 2005, Michel Aoun sait qu’il n’aura pas la tâche facile. L’assassinat de Hariri a mis le pays en ébullition, les divisions politiques sont flagrantes, et les Syriens se sont retirés, mais ne nous ont pas lâchés.
D’ailleurs c’est pour ça que...