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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉDITION Jean-Edern Hallier revient avec « Fax d’outre-tombe »

Jean-Edern Hallier revient. Dix ans après sa mort, le 12 janvier 1997, la publication des fax qu’il adressait frénétiquement au Tout-Paris des écrivains, éditeurs, politiques, amis ou ennemis, ressuscite le polémiste outrancier, «l’emmerdeur patenté», drôle, mégalo, brillant. Sous-titrés «Voltaire tous les jours», ces Fax d’outre-tombe (Michalon) constituent un genre littéraire à part entière. Cible privilégiée des écoutes de l’Élysée dans les années 1980, l’écrivain expédiait les fax par dizaines pour râler, quémander, consoler, se plaindre. Il tenait ainsi son journal en même temps qu’il écrivait son courrier. «Il paraît que je vous insulte par fax. C’est un instrument littéraire qui permet ce jeu humoristique et qui rappelle la grande période des papillons surréalistes», écrit-il en 1992 à Claude Cherki des éditions du Seuil. Fax d’outre-tombe couvre la période de 1992 à la veille de sa mort, dans un accident de bicyclette. Déçu par la gauche qui ne lui a pas accordé le ministère qu’il espérait, Jean-Edern dénonce la censure et rêve de revanche. «Depuis Voltaire et Victor Hugo, j’ai été l’écrivain le plus persécuté de France, fulmine-t-il (1993). Depuis les procès intentés à Flaubert et à Baudelaire au XIXe siècle par le procureur Pinard, il n’y a jamais eu d’attaque aussi scandaleuse contre un écrivain» (1993). À l’approche de la présidentielle de 1995, il vire de bord et fait le forcing auprès du candidat Jacques Chirac. «Je suis profondément heureux d’avoir fait enfin votre connaissance. Plus vous saurez qui je suis, plus vous m’aimerez, et plus vous saurez à quel point je puis vous être utile», lui écrit-il en mai 1994. Mais la «chiraquie» lui résiste et l’écrivain s’adresse à Bernadette Chirac: «Bonjour grande reine républicaine et cousine (...) J’ai tant de choses à vous dire que tous les jours ce retard me paraît peser le poids du monde» (avril 1995). Un pan de la petite histoire politique et culturelle défile, des manigances pour le Goncourt à sa candidature (malheureuse) à l’Académie française. Pratiquement aveugle à la suite d’un accident vasculaire, poursuivi en justice et menacé de saisie, le polémiste cherche la protection des puissants. Ces «fax voltairiens» rappellent aussi les amitiés farouches et les inimitiés inébranlables: «J’ai eu un cauchemar l’autre nuit, je voyais Bernard-Henri Lévy sur le perron de l’Élysée, reçu avant moi» (juin 1995). «Ça doit être terrible de redevenir poussière et d’avoir à se balayer soi-même tous les matins», écrit-il en 1994 à l’éditeur Jérôme Lindon, dont la maison avait connu des jours meilleurs. Quand il n’expédiait pas de fax, Hallier téléphonait. Les retranscriptions de quelques-unes de ses conversations, mises sur écoutes, sont publiées dans Allô, c’est Jean-Edern... chez Michel Lafon. Avec toujours la même règle de conduite, proclamée dans un fax de 1995: «Finissons-en: assez d’actes, des paroles!» Dominique CHABROL (AFP)
Jean-Edern Hallier revient. Dix ans après sa mort, le 12 janvier 1997, la publication des fax qu’il adressait frénétiquement au Tout-Paris des écrivains, éditeurs, politiques, amis ou ennemis, ressuscite le polémiste outrancier, «l’emmerdeur patenté», drôle, mégalo, brillant.
Sous-titrés «Voltaire tous les jours», ces Fax d’outre-tombe (Michalon) constituent un...