Pays-message en état de siège David C. CORM

Dans la nuit du 24 décembre, nous célébrons la naissance de Jésus Christ, un « révolutionnaire » pour son époque, condamné à mourir sur la Croix pour son message de paix, d’amour et de pardon dans une société basée sur la vengeance et le principe d’« un œil pour un œil et une dent pour une dent ». Où en sommes-nous, 2000 ans plus tard, dans cette région du monde qui ne mérite certainement pas son appellation de « terre sainte » ? Nous n’y voyons que de la violence, du terrorisme aveugle, des appels à la guerre et à la destruction, où même des prétendus hommes de Dieu prêchent la haine et prônent une culture de la mort et du sacrifice ad vitam aeternam. Cette culture est surtout mortelle pour un pays comme le Liban, mosaïque de minorités religieuses dont l’harmonie dans la coexistence devrait être un modèle unique au monde, un « pays-message », comme l’avait si bien défini le pape Jean-Paul II. Quelques mois avant son assassinat, Gebran Tuéni avait parfaitement exprimé cette nécessité impérieuse d’unité nationale devant les foules du 14 mars 2005 en adjurant ses compatriotes chrétiens et musulmans de rester unis pour défendre ce beau petit pays. « Car on n’a jamais vu, nulle part sur la terre, Ni si petit pays, ni si vaste destin ; Que tant d’aigles aient pris d’assaut tant de lumière, D’un peuple aussi restreint. » « Si je rappelle aux miens nos aïeux phéniciens C’est qu’alors nous n’étions au fronton de l’histoire, Avant de devenir musulmans ou chrétiens, Qu’un même peuple uni dans une même gloire, Et qu’en évoluant, nous devrions au moins, Par le fait d’une foi d’autant plus méritoire, Nous aimer comme aux Temps où nous étions païens !... » Ces deux poèmes de Charles Corm remontent à 1934 et restent plus que jamais d’actualité pour nous porter à nous mobiliser afin de protéger et préserver ce pays unique. Cela aussi est un message d’espoir en cette fin d’année. Article paru le Mercredi 03 Janvier