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Pierre Gemayel, ou l’ultime sacrifice Serge ABOU-HALKA

Il est des temps où le destin frappe fort et dur, et fait basculer tout un peuple dans la folie et l’horreur, l’entraînant dans une frénésie de mort, de douleur et de larmes. Pour anéantir le droit de toute une nation à la liberté, à l’indépendance et à la souveraineté, on s’acharne cruellement et impitoyablement, par tous les moyens, à mettre à bas tout symbole de droit, de liberté et de démocratie. Pour les tyrans, vaincre une nation libre c’est d’abord réprimer dans la violence, le chaos et le sang toute résistance à l’hégémonie et à l’occupation. C’est aussi semer la terreur, la haine et la discorde au sein d’une population avide de paix et d’harmonie. Dominer un pays souverain, c’est tuer des hommes courageux, dignes, qu’on ne réussit point à corrompre ni par le pouvoir ni par l’argent, et qu’on n’arrive pas à effrayer par les menaces ou le chantage. Il est encore des hommes dans ce pays animé d’une grande foi, et qu’on abat l’un après l’autre pour leurs idées, leurs principes et leur profonde conviction. Pierre Gemayel est l’un de ceux-là. Plus d’un mois déjà depuis son départ... Les jours se succèdent, les heures se bousculent et l’année s’achève, mais tout semble morne, triste et insignifiant. En quittant sans un au revoir, sans un adieu, il a meurtri les cœurs de ceux qui l’ont aimé, respecté et admiré. On revoit toujours son visage éclairé d’un franc sourire innocent, ses yeux pétillants de vie et de joie. Comment peut-on oublier la sincérité de ses mots, la force de ses idées ? Comment peut-on oublier son attitude équitable et amicale à l’égard de tous ceux qui l’ont côtoyé ? Libanais à part entière, ministre, député, chef politique, il a toujours été le même, humble, digne, reconnaissant envers ses amis, respectueux et compréhensif à l’égard même de ses plus virulents adversaires, chaleureux avec tout le monde. Pour avoir dit et agi toujours conformément à ses principes. Pour avoir exprimé courageusement et honnêtement son attachement à son pays. Pour avoir défié les plans et les complots ourdis, il devenait un danger qu’il importait d’écarter, une cible à abattre. En plein jour, à la veille de l’indépendance et au coin d’une route, les assassins déversent le feu de leur haine sur son corps, le criblant de balles, brisant ainsi son rêve inachevé en un Liban meilleur. Il est parti à la fleur de l’âge, sacrifiant sa vie, pleine de promesse et d’espoir, plongeant le pays dans la colère, la stupeur et le désarroi. C’est son dévouement indéfectible au service des principes d’indépendance et de souveraineté qu’on a voulu assassiner. C’est son acharnement illimité à libérer son pays de toute hégémonie qu’on a voulu éliminer. C’est sa volonté irréductible de défendre la révolution du Cèdre de toute emprise étrangère qu’on a voulu faire taire. C’est sa foi inébranlable en ce Liban pluraliste et multiconfessionnel qu’on a voulu supprimer. C’est sa volonté de ranimer et de remettre sur pied le parti Kataëb, longuement étouffé par des années de tutelle syrienne, qu’ils ont essayé de détruire. Tant qu’il y aura des hommes comme Pierre, Béchir et tant d’autres – tombés héroïquement, fièrement et dignement, dans la fougue de leur jeunesse, martyrs d’une cause juste et noble dans ce combat sacré pour la défense du pays –, le Liban ne mourra jamais. L’ultime sacrifice de tous ces patriotes ne pourra que renforcer notre détermination à poursuivre la lutte jusqu’au bout, sur le chemin de l’honneur, de la dignité et de l’amour de la patrie. Article paru le Vendredi 29 Décembre
Il est des temps où le destin frappe fort et dur, et fait basculer tout un peuple dans la folie et l’horreur, l’entraînant dans une frénésie de mort, de douleur et de larmes.
Pour anéantir le droit de toute une nation à la liberté, à l’indépendance et à la souveraineté, on s’acharne cruellement et impitoyablement, par tous les moyens, à mettre à bas tout symbole...