La parole aux médecins Le point sur la maladie cardiaque au LibanLe Dr Georges Ghanem Président de la Société libanaise de cardiologie

La Société libanaise de cardiologie et de chirurgie cardiaque (LSC) a organisé récemment un atelier de travail sur «Les maladies coronariennes: du registre national aux lignes directrices de la Société libanaise de cardiologie», consacré essentiellement aux patients libanais souffrant de maladies cardiaques. Cet atelier de travail, qui s’est basé sur un registre libanais, s’est également penché sur la population libanaise, ce qui permet de lancer les premières recommandations libanaises pour traiter la maladie coronarienne au niveau national. Dans un effort pionnier au Liban et dans la région, la LSC a posé les jalons visant à créer une base de données à l’échelle nationale, et cela en collectant les données épidémiologiques et thérapeutiques sur la maladie coronarienne. Le Licor, lancé en 2004, a ainsi pu rassembler, jusqu’à présent, 25000 patients ayant déjà eu une coronarographie ou ayant déjà subi une angioplastie dans les trente-six centres de cathétérisme cardiaque fonctionnant sur le territoire libanais, dont 16214 en 2005. Le Licor est le premier registre national lancé par la LSC, en collaboration avec le ministère de la Santé, l’Organisation mondiale de la santé et les laboratoires Sanofi-Aventis. L’étude des facteurs de risque à partir de cette population montre que les personnes âgées entre 61 et 70 ans sont les plus atteintes. Le tabac demeure le facteur de risque principal pour les patients âgés de moins de 40 ans. Le registre montre en fait que chez 51% des patients souffrant d’hypertension cardiaque, le tabagisme est le facteur de risque majeur. En ce qui concerne l’hypertension artérielle, elle reste, dans l’ensemble des cas, le facteur de risque le plus fréquent (61% des cas), suivie du cholestérol (34% des cas) et du diabète (24% des cas). Quant à la différence entre homme et femme, ce registre confirme que l’incidence de la maladie coronarienne chez la femme arrive plus tardivement que chez l’homme. Toutefois, la maladie coronarienne est plus fréquente chez la femme âgée de plus de 65 ans que chez un homme du même âge. Les modalités thérapeutiques ont été aussi étudiées. Nous avons ainsi pu constater que 1200 angioplasties/un million d’habitants ont été pratiquées au Liban en 2005, 75 % de ces patients ont reçu un stent (ressort). Ce qui nous situe dans la moyenne des pays européens. La répartition géographique et le flux des malades entre les différentes régions ont été aussi analysés, permettant d’avoir des données intéressantes pour une meilleure politique de santé dans le domaine. À partir du registre, nous avons pu, pour la première fois au Liban, établir des lignes directrices nationales sur le traitement des syndromes coronariens aigus en soulignant les particularités libanaises. Par ailleurs, et pour la première fois dans le domaine de la santé au Liban, la LSC va lancer prochainement les recommandations nationales concernant le traitement des patients admis dans les hôpitaux pour des syndromes coronariens aigus (angor instable, menace d’infarctus…). Ces recommandations visent à diffuser les modalités thérapeutiques internationalement adoptées, basées sur de solides études cliniques, selon un schéma thérapeutique simple et accessible à tous les médecins et à tous les hôpitaux afin de contribuer à l’amélioration de la prise en charge de nos patients. Cette initiative sera suivie par d’autres dans le domaine de l’infarctus du myocarde, de l’insuffisance cardiaque et de l’hypertension artérielle. Enfin, un nouveau registre national (Lermit) a été lancé pour permettre à la LSC et à l’OMS d’étudier les modalités thérapeutiques de l’infarctus du myocarde qui reste actuellement la maladie cardiaque la plus mortelle et où des efforts énormes à l’échelle nationale sont encore à faire selon la devise «Time is Muscle».