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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - À l’église Saint-Joseph, l’Orchestre symphonique national libanais, trois chorales et plusieurs solistes Pour que la joie demeure…

Bousculade au portillon de l’église Saint-Joseph (USJ), à moitié ouvert pour les besoins de sécurité par les forces de l’ordre, pour le neuvième et dernier concert de la saison de l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de Walid Gholmieh, depuis la rentrée d’octobre 2006. Nombre impressionnant de musiciens et de chanteurs, avec un orchestre au grand complet, trois chorales et plusieurs solistes, devant l’autel orné de «poinsetta», ces étoiles rouge-vert de Noël enrobées de jute, pour célébrer, dans l’allégresse et la joie, les fêtes de fin d’année. Public nombreux, très nombreux, très agité aussi dans son enthousiasme et ses applaudissements (pas toujours appropriés!), se pressant au coude-à-coude serré jusqu’aux derniers bancs d’une église généreusement illuminée. Généreusement illuminée et bien chaude par ce temps d’une petite baisse de température le soir et de la première pluie qui couvrait les épaules et les cheveux des derniers arrivants…. Un programme assez varié, axé sur un esprit à la fois religieux et festif, long de deux heures (mais la musique est toujours un état de béatitude !), incluait des pages de Beethoven, Cohn, Purcell, Vivaldi, Hummel, Mozart et des arrangements tout en guirlande de notes colorées pour la Nativité, par R. Bowden et L. Anderson. Ouverture avec ces «petits bouts de choux», ces chers «hauts comme trois pommes», ces chéris aux tignasses difficilement rangées, ces chérubins qui peuvent encore à peine tenir un violon, enlacer un violoncelle, porter à bout de bras un trombone ou souffler dans une flûte… On parle, bien entendu, des très jeunes Débutants du Conservatoire, dirigés par Edgard Wadih. Et en avant la zizique! Touchante ouverture où figure, sans commentaire, L’Ode à la joie de Beethoven. Et puis ce morceau très en fanfare juvénile Star Strangled Spectacular de G. Cohn. Charmant tableau de tous ces sons qui fusent de partout par des enfants qui s’adressent avec application, sérieux et sentiment aux adultes. Des adultes parfaitement à l’écoute, qui répondent à l’appel et applaudissent à tout rompre. Révérence des jeunes artistes en herbe et exit la jeunesse dans un joyeux brouhaha de chaises qui crissent comme dans une classe libérée par le tintement d’une cloche… De Purcell à Mozart Place ensuite aux grands avec un Concertino pour trompette et orchestre à cordes de H. Purcell. Accents triomphants du cuivre avec le soliste Zoltan Kovacs, qui fait déployer adroitement une narration en trois mouvements (pomposo, andante maestoso et allegro ma non troppo) d’une rare élégance, toute en grâce et touches aériennes. Suit le Concerto pour petite flûte et orchestre à cordes de Vivaldi. Aux commandes du vent est le flûtiste Maté Szigeti. Opus d’une grande douceur, où la musique baroque touche par son architecture fine, ciselée, toujours d’une surprenante variété de motifs et de thèmes. Lyrisme d’une petite flûte qui capte par sa séduction et surtout ses subtils et volatils chromatismes qui s’enchaînent comme s’il pleuvait en fines gouttelettes d’une infinie fraîcheur… Moins connu est le Concerto pour basson et orchestre à cordes de Johann Nepomuk Hummel. Pour les accents graves ou pointus, pour les ronrons de chat heureux ou de djinn en colère, pour les notes grassouillettes ou en voix de tête, le talent de Mircia Albert Moisi qui souffle, avec maestria, dans un basson au corps bordeaux luisant. Romantisme perceptible avec la gaieté de Carl-Maria Weber, mais se profilent à l’horizon les ombres de Haydn et Mozart. Trois mouvements (allegro moderato, andante e cantabile, vivace) pour traduire un esprit mélodique inventif et les dérobades d’une inspiration mutine et un peu vagabonde… On reste ébloui devant ce «vivace» d’une splendide éloquence, surtout en ce qui concerne un basson maîtrisé dans ses plus secrètes fuites. Un chemin entre ciel et terre Trois chorales (chorale du Conservatoire, de l’Université Notre-Dame de Louaizé et de l’Université antonine), trois soprani (Cynthia Samaha, Caroline Solage et Nadine Nassar), une mezzo-soprane (Tara Maalouf), un ténor (Ziad Nehmé) et une basse (frère Toufic Maatouk) placés sous la direction du révérend père Khalil Rahmé, donnent la réplique à l’Orchestre national symphonique libanais pour interpréter l’admirable Messe du couronnement de Mozart. Un monument et un moment! Dès le Kyrie, magnifique envolée où s’unissent les voix et les instruments, les saints des vitraux sous la coupole sourient aux anges…Succède un Gloria où la ferveur éclate littéralement comme un feu que rien n’arrête. Piété totale avec un Agnus dei d’une confondante humilité. Jamais chant religieux ne fut plus beau, plus céleste. Avec Mozart, on emprunte des chemins entre ciel et terre… mais plus ciel que terre…Et ça ne fait rien si le tempo a joué un mauvais tour. Cela arrive. Surtout quand les esprits sont échauffés, les voix vibrantes comme des cordes trop tendues, l’enthousiasme irrépressible, la fièvre des fêtes à proximité… Perfectionniste, maestro Gholmieh a tenu à donner, avec sa farouche et franche sincérité, son sens absolu de la précision, un «finale» irréprochable et en apothéose. Et cela fut ainsi. Un couronnement! Tonnerre d’applaudissements et difficile retour au prosaïque… Et voilà que surgissent des images sonores où surfent des traîneaux sur neige, où scintillent des sapins décorés de lumière, où batifolent des elfes malicieux, où trottent des rennes majestueux, où s’arrête une étoile filante devant une humble crèche…La Nativité avec sa joyeuse farandole de notes est là, à travers le rythme sautillant de Gingle Bells ou du murmure respectueux de la Sainte nuit. Paix à tous les hommes de bonne volonté et puisse la joie demeurer à jamais dans le cœur des vivants, tel est le message de la musique de ce soir-là. Edgar DAVIDIAN

Bousculade au portillon de l’église Saint-Joseph (USJ), à moitié ouvert pour les besoins de sécurité par les forces de l’ordre, pour le neuvième et dernier concert de la saison de l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de Walid Gholmieh, depuis la rentrée d’octobre 2006. Nombre impressionnant de musiciens et de chanteurs, avec un orchestre...