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Actualités - OPINION

Le nucléaire israélien

Depuis quelques années, les Israéliens se demandent de quelle manière sont traités les résidus nucléaires de la centrale de Dimona. Car même si Israël a toujours démenti posséder un réacteur nucléaire, ce sujet est devenu un secret de Polichinelle. Les autorités elles-mêmes en parlent, mais de manière plus opaque. Au départ, Israël a exploité la possession de son réacteur dans le but d’intimider les pays arabes, puis il l’a exploitée à des fins internes, notamment dans les luttes électorales. Et le premier à s’enorgueillir de ce réacteur est bien le Parti travailliste puisque l’initiateur du projet nucléaire israélien n’est autre que Shimon Pérès. Mais le nucléaire israélien fait toujours partie des sujets tabous de la politique israélienne, surtout en ce qui concerne les déchets nucléaires. Comment Israël traite-t-il les déchets de Dimona? Tous les pays possédant le nucléaire ont fait face et font toujours face à ce problème du traitement des déchets nucléaires en tentant de le régler hors de leurs frontières, à savoir, en stockant leurs déchets nucléaires dans des pays à régimes dictatoriaux contre compensations financières exorbitantes au profit de ces régimes. En Israël, on a d’abord rapporté que les déchets nucléaires étaient stockés dans une zone proche de la centrale de Dimona. Puis on a déclaré qu’ils étaient envoyés dans des pays africains, dont la Mauritanie. Le débat est toujours alimenté, d’autant qu’il y a quelques années, des rumeurs en provenance de la région du Golan syrien annexé par Israël faisaient état de travaux d’excavation et de stockage de gros blocs de ciment et, surtout, de tentatives agressives israéliennes en vue d’acquérir des terrains de plus en plus vastes dans cette même région. Des indices montrent qu’Israël aurait probablement procédé à la construction de galeries souterraines dans une zone du Golan située aux frontières israélo-syriennes de 1967. Et l’inquiétude grandissante au sein de la population syrienne du plateau est palpable. Les investigations ont mené aux faits suivants : Israël a bien procédé à des travaux souterrains dans cette zone depuis 2003. C’est une zone plus élevée que le sommet de Jabal el-Cheikh d’une centaine de mètres et que la population nomme Nichba ou encore Ouyoun el-Dawla (Les yeux de l’État). Cette zone est d’une importance stratégique élevée pour Israël parce qu’elle domine Damas et ses environs. En 2003 déjà, la population locale avait constaté un remue-ménage sur l’un des sommets de cette zone. L’arrivage de véhicules d’excavation très lourds n’est pas passé inaperçu d’autant que, selon certaines personnes averties, ces excavatrices seraient celles ayant appartenu à l’OLP au Liban et confisquées par les Israéliens lors de l’invasion de ce pays en 1982. Rappelons que les Palestiniens du Liban avaient creusé des kilomètres de galeries souterraines dans le Sud du Liban et dans certains camps de réfugiés en vue de stocker des armes et des munitions, mais aussi en vue de relier certains camps entre eux. La zone du Golan en question n’est soumise à aucun contrôle international. On remarque tout juste de loin un épais mur de ciment. Tous les quelques mois, un lourd véhicule transportant un énorme bloc de béton arrive dans cette région. La population locale se demande bien ce qui se trame sur ces hauteurs et exclut totalement le fait que ces manœuvres concernent le stockage d’armes et de munitions, comme on voudrait le faire croire. Elle tente en vain de contacter la partie israélienne, qui pourrait faire la lumière sur ces agissements car toutes les enquêtes entamées semblent indiquer que cette zone renferme une déchetterie nucléaire israélienne. Il existe diverses manières de stocker des résidus nucléaires, mais elles sont pour la plupart très coûteuses. À cet égard, l’inquiétude en Israël réside dans deux faits : d’une part, les budgets alloués au traitement des déchets nucléaires ne permettent pas la mise en place de moyens garantissant une sécurité plus élevée; d’autre part, l’opacité des autorités concernées sur cette affaire empêche l’opinion publique de s’informer sur les moyens mis en place pour traiter les déchets nucléaires. Cette situation fournit donc au gouvernement israélien l’occasion de se débarrasser des déchets nucléaires à moindres frais. Et cette situation constitue également un danger notoire pour la région. Israël projette probablement de contrôler stratégiquement la région moyen-orientale. Selon Issam Makhoul, député arabe israélien siégeant à la Knesset, Israël produirait des quantités considérables d’armes nucléaires et possèderait même un arsenal nucléaire supérieur à celui du Royaume-Uni. On sait en tout cas qu’Israël fabrique des missiles polyvalents (air - terre - mer) pouvant recevoir des têtes nucléaires et qu’il possède une petite flotte de sous-marins allemands de type Dolphin dont les missiles et torpilles peuvent être dotés de têtes nucléaires. Israël avait depuis longtemps planifié la mise en place de sa profondeur stratégique maritime, non seulement en Méditerranée mais aussi et surtout dans l’océan Indien. C’est probablement ce qui expliquerait le projet de partenariat stratégique israélo-indien sous ombrelle américaine, projet dont Ariel Sharon avait entamé les discussions avec l’Inde lors de sa visite à New Delhi en octobre 2003. Mais, selon le député Makhoul, ce qui inquiète encore plus la population du Golan, c’est l’installation par Israël, il y a six ans et tout le long des frontières israélo-syriennes du Golan, de mines neutroniques. Le gouvernement israélien a toujours nié avoir mis en place de telles mines et avait refusé il y a cinq ans de répondre à une question posée par le député Makhoul à ce sujet au Parlement israélien. Des analystes, dont Issam Makhoul lui-même, pensent que par de tels agissements Israël tient à assurer ses arrières même en cas de signature d’accords de paix avec la Syrie et les Palestiniens. Israël ne tient pas à revivre la mauvaise expérience de la guerre d’octobre 1973. Concernant la bizarre politique d’opacité du nucléaire israélien, signalons que les services secrets israéliens n’apprécient pas du tout le professeur Avner Cohen. Ce dernier est un chercheur en sciences politico-stratégiques spécialisé dans le nucléaire. Ses positions sont proches de celles du pouvoir israélien, à savoir, un soutien au nucléaire israélien en tant que force dissuasive face au monde arabe. Selon le Pr Cohen, Israël aurait déclenché la guerre de juin 1967 parce qu’il s’était rendu compte que des avions-espions égyptiens et soviétiques avaient tournoyé quelque temps au-dessus du désert du Néguev, région où se situe la centrale de Dimona. Le fait est que, lors de son arrivée à l’aéroport de Lod en 2003, les services secrets israéliens ont soumis le Pr Cohen à des exactions morales assez humiliantes. Qu’en est-il exactement ? Le problème pour les services israéliens réside dans les recherches entreprises par le Pr Cohen pour le compte de l’Université George Washington, lesquelles concernent l’armement nucléaire israélien. Les recherches du Pr Cohen avaient fait l’objet d’un ouvrage intitulé Israël et la bombe. Or, l’irritation des services secrets israéliens après la publication de cet ouvrage est étrange et même incompréhensible car le livre s’appuie sur des documents et autres informations accessibles et publiés ouvertement en Israël, aux États-Unis et dans d’autres pays. Aucun document classé secret n’y figure. Pourtant, la censure militaire israélienne a frappé d’interdit l’ouvrage du Pr Cohen. Il semble que cette attitude israélienne provient en fait des conclusions personnelles de l’auteur au sujet de l’armement nucléaire israélien. En effet, l’avis du Pr Cohen est qu’Israël devrait adhérer au traité de non-prolifération nucléaire et participer avec tous les pays arabes et islamiques à un accord de prohibition totale des armes de destruction massive et des armes non traditionnelles dans la région moyen-orientale. Le Pr Cohen va même jusqu’à dire que si un tel accord voyait le jour, Israël devrait détruire ses ADM en vue de rassurer les pays voisins. Selon le Pr Cohen, le nucléaire ne réside pas nécessairement dans les armes, mais surtout dans les capacités, les informations et le savoir-faire. Israël pourrait donc conserver son expertise en matière de nucléaire ainsi que les produits et autres matières dont il a besoin pour fabriquer des armes nucléaires. Il serait ainsi potentiellement en possession d’armes nucléaires. De ce fait, l’État hébreu rassurerait ses voisins et cette démarche pourrait peut-être mener plus rapidement à l’instauration de la paix avec les Arabes. Selon le Pr Cohen, la politique dissuasive d’Israël n’a pas abouti. Et il propose d’y remédier par une modification drastique de la politique nucléaire israélienne: plus de transparence et plus de dialogue en vue de bannir toute arme nucléaire de la région, mais d’en conserver les produits fondamentaux. Tel est donc le «crime» du Pr Cohen aux yeux des services secrets israéliens. Il y a quelques jours, dans une interview à un journal allemand, le Premier ministre Ehud Olmert a presque ouvertement reconnu qu’Israël possédait le nucléaire. Lapsus linguae volontaire ? Cela paraît bizarre quand on sait que les propos de tout homme (et femme) politique israélien sont pesés avant d’être proférés. Roland SARKIS
Depuis quelques années, les Israéliens se demandent de quelle manière sont traités les résidus nucléaires de la centrale de Dimona. Car même si Israël a toujours démenti posséder un réacteur nucléaire, ce sujet est devenu un secret de Polichinelle. Les autorités elles-mêmes en parlent, mais de manière plus opaque. Au départ, Israël a exploité la possession de son...