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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE - Jeanne d’Arc vénérée au pays de l’Oncle Sam Un passage sur cimaises washingtoniennes et des statues permanentes

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI Les Anglo-Saxons ont bel et bien fait la paix avec la Pucelle d’Orléans. Un grand musée de Washington donne actuellement à voir une exposition intitulée «Jeanne d’Arc » qui célèbre le legs culturel de l’héroïne médiévale française. Comme on le sait, sa vie a inspiré des générations et des générations d’artistes et d’écrivains, sans compter que son image a servi à promouvoir tout un éventail de points de vue politiques et religieux. Tout cela est évoqué dans cette exposition à travers plus de 200 œuvres d’art. Cet impressionnant accrochage, le public pourra l’admirer jusqu’à la fin du mois de janvier. Ce ne sera pas là qu’une apparition, car depuis bien longtemps Jeanne d’Arc occupe en permanence une place de choix au pays de l’Oncle Sam. À commencer par Washington qui, en 1922, a érigé en l’honneur de la sainte française une sculpture la représentant montée sur son cheval. Placée dans un très bel espace verdoyant, le Meridian Hill Park, c’est la seule statue équestre féminine de la ville. Elle est l’œuvre du sculpteur Paul Dubois (1829-1905) et représente une réplique de la statue qui a été élevée devant la cathédrale de Reims en 1896. Il s’agissait d’un cadeau des femmes françaises aux femmes américaines. Une « success story » mystique Les femmes américaines trouvent dans la grande sainte de l’Hexagone un modèle de vie, de courage et d’héroïsme. Ainsi, en 1917, l’École normale pour femmes de Harrisonburg (État de Virginie) en avait fait sa patronne en mettant en évidence sa statue. Il s’agit d’une copie d’une statue de marbre du Louvre représentant Jeanne d’Arc assise, les mains jointes et les yeux levés vers le ciel. Trois autres exemplaires de cette statue se trouvent dans trois autres universités américaines. Comment sont-elles toutes arrivées aux USA ? L’on dit que ces quatre sculptures étaient un don du gouvernement français qui voulait remercier les Américains pour lui avoir envoyé, après la Première Guerre mondiale, des stocks de médicaments et autres matériaux de secours. On avance une autre hypothèse. Ces copies proviendraient de l’atelier Caproni, situé à Boston, du nom d’un artiste d’origine italienne (Petro Paolo Caproni), devenu célèbre après avoir reproduit des œuvres de grands maîtres européens dont il fournissait des copies aux écoles, aux universités, aux librairies, aux salles de concert et autres instituts culturels des États-Unis. Récemment, une experte en ce domaine a découvert que les statues de Jeanne d’Arc ne portaient pas le sceau habituel de Caproni. Selon elle, il s’agirait là de copies illégales de l’œuvre originale portant la signature du sculpteur Michel-Antoine Chapu, qui l’avait réalisée en 1870. Et le gouvernement français aurait confisqué ces « faux ». Cependant, ne voulant pas jeter aux orties des représentations, même illicites, de sa grande sainte, il aurait résolu le dilemme en les offrant à des instituts américains. Ces deniers ont accueilli à bras ouverts la paysanne de Domrémy qui, soutenue par des voix divines, devient chef des armées de France et, plus tard, une des saintes les plus vénérées. L’essence même de la « succes story » auréolée de mysticisme.

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

Les Anglo-Saxons ont bel et bien fait la paix avec la Pucelle d’Orléans. Un grand musée de Washington donne actuellement à voir une exposition intitulée «Jeanne d’Arc » qui célèbre le legs culturel de l’héroïne médiévale française. Comme on le sait, sa vie a inspiré des générations et des générations d’artistes et...