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Actualités

Républicain/autocrate

Le général de Gaulle, à l’époque encore commandant, nommé chef du cabinet militaire du haut-commissaire à Beyrouth, écrivait dans ses Mémoires : « Je venais, avec des idées simples, dans cet Orient compliqué. » Mais, malgré son expérience de la vie et du pouvoir, eut-il jamais pu imaginer une complication ressemblant, même de loin, à celle que nous subissons aujourd’hui ? Les numéros un et deux de notre république, tout en protestant de leur attachement à la démocratie, se comportent maintenant en autocrates impénitents : le premier refuse carrément de signer un arrêté urgent ; l’autre, avec une passivité exaspérante, s’abstient de convoquer le Parlement, comme si ce droit lui avait été octroyé à titre personnel et discrétionnaire, ad nutum. Comment ces hauts responsables de l’État (les plus hauts) pourraient-ils motiver une attitude aussi exorbitante du droit commun ? « Le gouvernement est illégal », profèrent-ils à l’unisson. Accusation de la plus haute gravité. Or, il est une règle fondamentale du droit, à savoir que, lorsqu’une partie émet une prétention, elle a la charge d’en apporter la preuve : justifiez donc, messieurs, l’accusation que vous formulez aujourd’hui contre un gouvernement qui est en place depuis un an et demi. Quel acte positif a-t-il accompli pour qu’un beau jour il soit devenu illégitime ? En proférant cette accusation, la preuve vous en incombe et que ce soit une preuve tellement éclatante qu’elle ne puisse souffrir la moindre contestation. Le dictionnaire définit le mot autocrate comme synonyme de monarque absolu. Or, l’attitude pratiquée par nos deux « premiers » n’est rien moins que de l’absolutisme, c’est l’antinomie de la démocratie. Même dans une république bananière, elle ferait honte à des responsables. Alors que, depuis l’indépendance de 1943, le Liban était comme un exemple de régime démocratique au Proche-Orient, faudrait-il en ce troisième millénaire que l’on se résigne à des situations qui sont aux antipodes de la dignité et de la liberté ? Et comment, dans notre Liban, qualifier des actes attentatoires à la démocratie comme ceux dont nous souffrons ? Albert SARA
Le général de Gaulle, à l’époque encore commandant, nommé chef du cabinet militaire du haut-commissaire à Beyrouth, écrivait dans ses Mémoires : « Je venais, avec des idées simples, dans cet Orient compliqué. » Mais, malgré son expérience de la vie et du pouvoir, eut-il jamais pu imaginer une complication ressemblant, même de loin, à celle que nous subissons...