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Hommes politiques et hommes d’État

Nos hommes politiques, pris dans un nœud inextricable où ils sont condamnés à cohabiter, me font penser à la légende du Roi des rats. L’expression « Rattenkönig », traduite en français par « le roi des rats », est apparue en Allemagne durant le Moyen Âge pour désigner un phénomène zoologique très étrange. En effet, à cette époque, on avait retrouvé des rats attachés définitivement ensemble par la queue. Ils n’étaient pas liés à la naissance. Leurs queues étaient entrelacées et nouées solidement avec de la paille, des saletés et des poils, en un nœud inextricable qui les empêchait de se mouvoir et donc de rechercher la nourriture. Ces groupes étaient composés de cinq à douze rats, mais le plus grand « roi des rats » retrouvé était composé de trente-deux individus ! On a avancé plusieurs hypothèses pour expliquer ce phénomène. La plus crédible est sans doute celle de l’exiguïté de certains nids qui aurait poussé les ratons à s’emmêler. Elle n’a cependant jamais été ni prouvée ni même étudiée scientifiquement. On estime également qu’il s’agit d’une mystification, que les « rois des rats » ont été construits par des gens qui avaient volontairement noué ensemble les queues des rongeurs. Les membres d’un « roi des rats » ne pouvant se déplacer étaient donc dépendants de leurs congénères pour leur nourriture. Les « rois des rats » ont été retrouvés quasiment toujours vivants et en bonne santé. Une hypothèse selon laquelle ils seraient nourris par d’autres rats a été donc avancée, mais jamais prouvée. Les « rois des rats » sont toujours formés par des rats noirs (rattus rattus), cela étant dû probablement à la taille de leurs queues. Les individus qui composent le groupe sont tous de la même taille, et donc presque du même âge. On se demande des fois comment un pauvre cabinet de vingt ministres, y compris le Premier d’entre eux, arrive à gouverner un grand pays comme la Corée du Sud qui allie une ascension économique fulgurante à une longue série de problèmes explosifs à portée planétaire. Quand le Liban en est à vouloir pulvériser avec son futur cabinet, destiné à rétablir la confiance (rien que ça !), le record Guinness. Le jour où nos « fromagistes », comme les avaient surnommés le président Chéhab, comprendront qu’ils sont issus de la même nation, qu’ils partagent un destin commun et qu’ils ne doivent leur survie politique et leur gloriole qu’à leurs seuls concitoyens, toutes confessions confondues, ce jour-là ils réaliseront que seule leur fidélité au Liban et à son peuple préservera leur prépondérance. Et notre pays aura fait un immense pas en avant. Depuis que ces « fromagistes » ont commencé, de concert, à mettre à sac l’ébauche d’État indépendant que leur avait légué le général Chéhab, ils n’ont cessé de découvrir, souvent en nous faisant payer un prix exorbitant, que leur salut ne résidait pas dans le recours à l’étranger, mais toujours du côté des leurs ; au sens national bien sûr. La convergence récente et spontanée d’un grand nombre de discours politiques le prouve dans une large mesure. Pour que tout cela ne finisse pas en tragédie, il faut espérer qu’il n’y aura plus de tentatives supplémentaires de recours à l’étranger et que la leçon sera finalement assimilée par toutes les composantes de mars 2005, 8 et 14 compris. Ils feraient bien de s’inspirer, eux qui se voient en de Gaulle du Liban, de ce que le général avait dit le 31 mai 1958 à François Mitterrand : « Vous êtes un homme politique. C’est bien, il en faut. Mais, en certaines circonstances, les hommes politiques doivent savoir se hausser au niveau des hommes d’État. » Il avait dit aussi : « Les exigences d’un grand peuple sont à l’échelle de ses malheurs. » Je suis certain que les leaders qui se retrouvaient jusqu’à une date récente dans l’immeuble de la place de l’Étoile sauront apprécier ces mots à leur juste valeur. Wassim HENOUD Article paru le mercredi 6 décembre 2006
Nos hommes politiques, pris dans un nœud inextricable où ils sont condamnés à cohabiter, me font penser à la légende du Roi des rats.
L’expression « Rattenkönig », traduite en français par « le roi des rats », est apparue en Allemagne durant le Moyen Âge pour désigner un phénomène zoologique très étrange. En effet, à cette époque, on avait retrouvé des rats...