Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - À l’église Saint-Joseph (USJ) L’Orchestre symphonique national libanais à l’ombrelle de Mozart

Deux solistes et l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la direction de Walid Gholmieh, pour l’habituel et régulier rendez-vous des mélomanes et de la musique. Invariablement, l’emplacement est l’église Saint-Joseph (USJ) où se presse un public d’une remarquable fidélité. Au menu, concis et simple, avec un mariage de genre un peu inattendu, c’est-à-dire des pages de Chostakovitch et de… Mozart. Plus Mozart dont l’ombrelle jette de grands pans de douceur, de vivacité, de fraîcheur et quelques lambeaux de rêves diaphanes… En ouverture, un extrait du ballet satirique L’Ecrou de Dimitri Chostakovitch. Une œuvre peu connue, mais qui vient récemment de faire l’objet d’une belle, onéreuse et extravagante production scénique en Allemagne. Satire d’une société prise dans l’engrenage des vies de manufactures où boulons, vis, écrous et autres accessoires ouvriers ont droit de parole au quotidien de la masse populaire…Drôle, enjouée, faisant fi des envolées classiques traditionnelles, cette petite suite est un bijou d’écriture musicale où l’orchestre prend son temps pour entrer en jeu…Tandis que les instruments à vent, dès les premières mesures, pavanent en toute impertinente autorité. Courte, percutante, sans nul doute un peu audacieusement avant-gardiste pour son époque, cette narration n’en reste pas moins originale et attachante par sa mélodie ouvertement « mécanisée »… Mozart entre douceur et rêverie Changement de ton et de cap avec le Concerto pour clarinette et orchestre du maître de Salzbourg. Trois mouvements (allegro, adagio et rondo) pour traduire toute l’inventivité, la spontanéité, le charme et l’élégance sonore d’un Mozart qui accorde ses plus belles pages à une clarinette absolument enchanteresse. Aux commandes du vent, Zsolt Szigeti, vêtu de noir, dont les prestations ne sont plus à présenter au public libanais. Un allegro d’une légèreté de plume, avec des accents aériens, marque cette œuvre qui donne à la clarinette un rôle prépondérant tout en ne négligeant guère l’apport d’un orchestre qui soutient fermement mélodies et thèmes. Plus émouvant est cet adagio d’une incroyable tendresse, avec des moments presque graves comme s’il s’agissait d’un abandon à un instant de méditative réflexion. Douceur infinie d’un monde sonore tranquille, nimbé d’une paisible lumière comme un pays heureux où les conflits sont bannis…Et la clarinette, volubile, sinueuse comme un ruban soyeux, ne tarit pas de chromatismes merveilleux et de trilles délicats comme émergeant d’horizons chargés de promesses que nul n’atteint… Pour terminer cette narration tout en teintes pastel, un rondo, prestement enlevé, qui ramène la vie et l’espièglerie, comme un réveil un peu en sursaut, sous les spots et les rosaces… Applaudissements enthousiastes de l’auditoire, grandes gerbes de fleurs au clarinettiste qui, avec un sourire et une révérence, se dérobe en toute modestie aux regards du public… Comme un prolongement d’atmosphère « mozartienne », le piano, glissé devant l’autel, livre un autre aspect des richesses sonores du monde du génie de Salzbourg. On écoute ici le magnifique Concerto pour clavier et orchestre n° 24. Devant les touches d’ivoire, la jeune pianiste Arminé Abadjian-Basmadjian. Cheveux lisses coupés courts, avec frange sur les yeux, chemisier moulant noir rehaussé d’arabesques en broderie sur une jupe longue en velours noir, le regard porté vers les rosaces colorées, elle attend les premières mesures de l’allegretto entamé par l’orchestre. Et puis s’enclenche le dialogue du clavier et des instruments à cordes. Dialogue légèrement agité avec des instants de fuite du clavier vers des zones de tristesse et de solitude. Instants de fugaces égarements, vite réprimés, pour laisser émerger le bouillonnement « mozartien » dans sa plus vive vitalité. Le second mouvement, un larghetto tout en teintes pastel, accuse une certaine mélancolie où le solo du piano, cassant l’agitation de l’orchestre, vient renforcer le sentiment d’isolement et de solitude. Est-ce là la période chagrine (pour ne pas dire dépressive) de Mozart ? La musique ne livre jamais totalement ses messages car la perception qu’on en a est des plus variables…Toujours est-il qu’il y a là un flot de bémol charriant toutefois des paysages splendides comme une forêt sous la pluie… Pour conclure, retour avec l’allegretto à plus de vivacité. Une vivacité littéralement portée par un bouquet de variations et un léger vent de fantaisie. Orchestre et clavier finissent par fusionner. Avec les dernières mesures tonnent les salves d’applaudissements. Musiciens, soliste et chef d’orchestre saluent l’auditoire qui continue à les ovationner. Edgar DAVIDIAN
Deux solistes et l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la direction de Walid Gholmieh, pour l’habituel et régulier rendez-vous des mélomanes et de la musique. Invariablement, l’emplacement est l’église Saint-Joseph (USJ) où se presse un public d’une remarquable fidélité. Au menu, concis et simple, avec un mariage de genre un peu inattendu,...