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Actualités - REPORTAGE

Le directeur du service météo de l’aviation civile relève la périodicité du phénomène Beaucoup de pluie, mais un hiver plutôt doux

C’est à grand fracas et plus tôt que prévu que la pluie a fait son apparition cette année, dès la fin du mois de septembre. Une pluie accompagnée d’orages et de précipitations record, provoquant son lot d’inondations et d’éboulements de terrains. Et pourtant, le thermomètre n’affichait aucune baisse significative de température et s’obstinait à marquer des températures bien supérieures aux normales saisonnières. Aujourd’hui, les choses semblent être rentrées dans l’ordre. L’automne est bien là avec ses températures plus douces, son vent frais, son ciel changeant et ses pluies intermittentes, alors que le froid tarde à faire son apparition. Mais qu’en est-il de l’hiver ? Sera-t-il aussi normal que l’a été l’hiver passé ou sera-t-il à l’image du mois d’octobre, très pluvieux mais doux ? Le chef du service de météorologie à l’aviation civile, Ibrahim Barakat, tente de donner les prévisions climatiques pour la saison hivernale. Un hiver qui devrait être très pluvieux, marqué par des températures légèrement supérieures à la normale, et ce jusqu’à la fin du mois de janvier 2007. D’importantes précipitations en un laps de temps limité, accompagnées d’orages mais aussi de températures douces : c’est ainsi qu’Ibrahim Barakat, également directeur de l’Aéroport international Rafic Hariri, voit le déroulement de la saison hivernale. Mais seulement jusqu’à fin janvier 2007. Période à partir de laquelle le climat devrait se stabiliser et se normaliser. C’est avec grande prudence que le chef du service de météorologie à l’AIB publie ces estimations, qui découlent, précise-t-il, du recoupement des statistiques de deux centres locaux de recherche météorologique. La douceur du climat ne devrait cependant pas empêcher l’hiver de s’installer, autrement dit la neige et le froid d’être au rendez-vous. Preuve en est, malgré la douceur des températures sur le littoral, les hauts sommets sont déjà recouverts de neige, pour le plus grand plaisir des adeptes de sports d’hiver. Phénomène El Niño De manière plus générale, le climat planétaire est affecté par les interactions entre l’océan et l’atmosphère, et plus particulièrement par l’alternance des deux phénomènes El Niño et El Niña, qui influent sur la position des zones de haute et de basse pression. C’est donc à partir de l’observation par les scientifiques du phénomène El Niño, qui se traduit par des températures élevées à la surface de l’océan Pacifique, à la hauteur des régions équatoriales et tropicales, que les services météorologiques ont tiré ces conclusions, explique M. Barakat. Ce phénomène montre un réchauffement de l’ordre de 0,5 à 1 degré, qui, même s’il n’est pas très accentué, devrait être à la base des importantes chutes de pluie annoncées au Liban et dans d’autres régions du monde, alors que certaines régions seront touchées par la sécheresse. « Nous assisterons très probablement à d’importantes précipitations dans le monde, accompagnées de températures supérieures aux moyennes saisonnières, comme conséquence du réchauffement climatique », précise-t-il. « Par la même occasion, ajoute-t-il, seront observées la fonte des glaciers et l’augmentation de la surface des mers : des phénomènes dus également à l’émanation des gaz à effet de serre et qui représentent un grand danger pour certaines îles menacées de disparition et dont les populations envisagent l’évacuation. » Mais le chef du service de météorologie tient à préciser que les répercussions de ces phénomènes diffèrent suivant la morphologie et la situation de chaque pays. Il remarque également que les changements de la nature des précipitations au Liban et la hausse des températures s’expliquent par le phénomène de convection, un mouvement vertical de l’air, d’origine thermique : « Les nuages qui se forment au-dessus du Liban sont aujourd’hui cumuluformes, à extension verticale, et sont chargés d’une importante dose d’humidité. C’est la raison pour laquelle ils forment des gouttelettes d’eau plus grosses et provoquent d’importantes précipitations en un intervalle de temps très limité », souligne-t-il. Des précipitations dont l’essentiel se déverse dans la mer, après avoir provoqué inondations et catastrophes sur leur passage. « Mais elles alimentent toutefois les nappes phréatiques, tient à préciser M. Barakat, même si elles sont nettement moins bénéfiques que les pluies modérées et continues. » Belle fin de semaine À titre d’indication, les quantités de pluie tombées sur le pays depuis le mois de septembre ont déjà largement dépassé celles de l’année dernière pour la même période, sauf à Tripoli. Les pluviomètres ont déjà relevé à Beyrouth 199 mm contre 150,4 mm l’année dernière, dans la Békaa 131,1 mm contre 81 mm l’année dernière, et à Tripoli, 371,7 mm contre 372,3 mm l’année dernière. Certes, note M. Barakat, lors des dernières pluies, un voile nuageux stratiforme a été observé, entraînant des pluies modérées de manière continue, mais cela semble devoir être plutôt exceptionnel durant la saison. Selon les études scientifiques, le phénomène El Niño devrait durer jusqu’à fin janvier 2007. Période à partir de laquelle l’on devrait traverser une période neutre, donc assister à l’atténuation des phénomènes indiqués. Le chef du service météorologique tient cependant à relever une étrange coïncidence. « Les hivers 1986-1987 et 1996-1997 ont été très pluvieux. Il en sera très probablement de même pour l’hiver 2006-2007. Ce phénomène aurait-il tendance à être épisodique et à se répéter chaque 10 ans ? » se demande-t-il, reprenant la théorie de certains chercheurs qui contredit la théorie du changement climatique, alors qu’il reste personnellement persuadé du bien-fondé de cette thèse. Quant au temps qu’il fera dans les prochains jours au Liban, il est tributaire de la position du Jet-Stream, courant régional de vent puissant d’une vitesse de plus de 200 km/h à haute altitude (environ 10 000 mètres de hauteur), lié aux courants marins. Actuellement, après les dernières pluies, le beau temps règnera sur l’ensemble du pays, jusqu’au week-end au moins. « Nous bénéficierons d’un temps excellent jusqu’à dimanche au moins, grâce la présence d’une zone anticyclonique sur le BMO », explique ainsi Ibrahim Barakat. En attendant une nouvelle dépression, les Libanais savent déjà à quoi s’en tenir cet hiver, ce qui devrait leur permettre de s’équiper convenablement pour une saison humide mais douce. Mais qu’en est-il des autorités qui devraient prendre en considérations les prévisions des météorologues pour prévenir les inondations et leurs effets catastrophiques ? Sans oublier que le plan de gestion des ressources hydrauliques se fait toujours attendre, alors que l’essentiel des pluies continue de se déverser dans la mer. Anne-Marie EL-HAGE

C’est à grand fracas et plus tôt que prévu que la pluie a fait son apparition cette année, dès la fin du mois de septembre. Une pluie accompagnée d’orages et de précipitations record, provoquant son lot d’inondations et d’éboulements de terrains. Et pourtant, le thermomètre n’affichait aucune baisse significative de température et s’obstinait à marquer des...