Coup d’épée dans l’eau ou chant du cygne ?

Ça y est, le coup est parti. Le mémorandum Lahoud est envoyé à l’ONU avec une vitesse record. Le chef de l’État (travaillant un dimanche !) y prétend que la décision du gouvernement libanais d’approuver le texte instituant le tribunal international, transmise samedi au secrétaire général, est illégale : une première dans l’histoire des Nations unies depuis 1945 ! Il faut reconnaître que M. Lahoud n’en est pas à sa première performance. Déjà, dans ces mêmes colonnes, on en a signalé quelques-unes, comme celle de déclarer à des journalistes que « lorsqu’un pays est en guerre, il doit retirer son armée de la frontière vers les positions arrière ». Mais la dernière atteint d’autres sommets. En prenant à partie son propre gouvernement devant la plus haute des instances, quel objectif vise M. Lahoud ? Peut-il croire à un effet quelconque de cette démarche dérisoire ? N’est-il pas repu, après toutes les humiliations déjà bues, pour absorber encore celle-ci ? Car n’importe quel consultant valable lui aurait dit que son « factum » est voué à la corbeille, et que son envoi est comme si la respectabilité se faisait hara-kiri. Si, du moins, ce ridicule coup d’épée dans l’eau était comme un prélude pour le chant du cygne, il serait pour nous de quelque consolation. Albert SARA Article paru le Jeudi 16 novembre 2006