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Actualités - OPINION

Prendre position

Je ne suis pas libanaise de naissance mais, en quelque sorte, d’adoption. Certains estimeront peut-être cela insuffisant pour me permettre de donner mon avis. Qu’importe, je le ferai tout de même et je dirai de quel côté penche mon cœur. Je vois ce conflit de l’extérieur car je ne suis pas au Liban, mais je le vois aussi de l’intérieur car je côtoie énormément de Libanais de toutes confessions. Je ne peux m’empêcher de constater que, dans la plupart des cas, la confession de l’homme politique détermine à elle seule ses partisans. C’est lamentable. Là où on devrait suivre une idéologie pour améliorer le quotidien de tous les Libanais, on suit l’homme qui défendra le mieux sa propre communauté ou ses intérêts et qui facilitera notre vie même si c’est aux dépens d’autres Libanais. Et c’est bien là tout le problème. Le Liban a été dévasté, oui c’est vrai, mais je refuse qu’on dise que le coupable c’est le Hezbollah. Les bombes venaient de l’autre côté de la frontière. Les membres de ce parti ne jouent pas à la guerre; ils ont donné et ils donnent leur sang et leur vie pour la terre qui, n’en déplaise à certains, même si elle est en majorité chiite, est avant tout libanaise. Pourtant, je n’ai pas vu une autre communauté monter au créneau pour défendre, comme eux, des Libanais. Sur Euronews, on a pu voir le contraste entre les commerçants des quartiers chrétiens du nord de Beyrouth qui, devant leurs magasins fermés mais intacts, se plaignaient du manque à gagner, pendant que dans le sud de la ville, les bombes pleuvaient sur les quartiers chiites qui, en sang, sous les gravats mais sans verser une larme, levaient fièrement le poing et nous criaient qu’on leur avait tout pris sauf leur bravoure et la fierté d’être ce peuple fort qu’on ne pourrait pas étouffer. Je suis chrétienne et, en tant que telle, j’ai honte. Oui, j’ai honte de les voir geindre, j’ai honte de leur manque de courage, de les voir déserter le sol libanais chaque fois que les choses se gâtent, mais encore plus qu’ils aient le culot de critiquer ceux qui ont eu le courage de prendre les armes. Pour ces personnes-là, le Liban-Sud n’a pas d’importance parce que chiite. Quant aux prisonniers libanais, ils auraient très bien pu les oublier sans aucun problème de conscience. Alors oui, je prends position, je la prends pour les plus libanais de tous les Libanais, les seuls qui puissent l’affirmer sans mentir, ceux qui sont prêts à donner de leur sang, car il coûte plus cher de donner son sang et sa vie que d’aller quémander de l’aide. Chiites, sunnites, chrétiens, druzes... Libanais avant tout qui soutiennent le combat politique pour l’intégrité du Liban dans sa totalité et pour tous. Combat que, jusqu’à présent, seul le Hezbollah a su incarner et mener à bien. Je suis jalouse de ces Libanais-là, de leur force car ils se battent pour tous, chiites ou pas, pour et surtout malgré eux et cela force l’admiration. Je regrette de n’avoir aucune suggestion en ce qui concerne le règlement des conflits internes libanais. Quant à assumer les responsabilités, nous savons très bien que les seuls qui le feront seront ceux qui l’auront déjà fait par le passé. Les autres, il ne faudrait pas trop compter sur eux. C’est triste, mais les hommes politiques sont trop prévisibles. Diana CASAS Article paru le Jeudi 16 novembre 2006

Je ne suis pas libanaise de naissance mais, en quelque sorte, d’adoption. Certains estimeront peut-être cela insuffisant pour me permettre de donner mon avis. Qu’importe, je le ferai tout de même et je dirai de quel côté penche mon cœur. Je vois ce conflit de l’extérieur car je ne suis pas au Liban, mais je le vois aussi de l’intérieur car je côtoie énormément de...