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« Né de père inconnu »

Je me permets de réagir à ce que j’ai lu dans un article paru dans votre journal du 16 octobre 2006, au sujet du problème de la non-transmission de leur nationalité par les mamans libanaises. La journaliste Mariam Semaan qui signe cet article écrit qu’ « au Liban, l’enfant né de père inconnu acquiert automatiquement la nationalité libanaise ». C’est mal connaître la triste réalité des enfants nés en dehors du mariage. Pour ma part, en tant qu’assistante sociale, je suis en contact avec un très grand nombre de personnes privées d’inscription à l’état civil et donc privées de tous droits civils, parce que les mamans n’ont pu transmettre leur nationalité. Je suis aussi témoin de très près du « parcours du combattant » qu’une maman doit effectuer pour obtenir un « jugement » en faveur de l’inscription de son enfant sur les registres libanais. Il lui faudra faire une fausse déclaration de viol, avec les enquêtes qui suivront, ou bien il lui faudra donner aux policiers une explication qu’ils voudraient bien considérer comme recevable de la raison pour laquelle elle ne connaît pas l’identité du papa. Ou bien encore elle cherchera à inventer un nom à présenter aux hommes de loi qui convoqueront la parenté pour savoir pourquoi on n’a pas contraint cette femme à épouser le père de son enfant. Des policiers en civil viendront chez les voisins poser des questions sur les relations de cette femme. On exigera d’elle qu’elle produise deux « témoins » qui viendraient certifier que le père inconnu de cet enfant est bien de nationalité libanaise. Qui donc, je vous le demande, engendre en présence de deux témoins ? Au bout de tout cela, il y aura un tribunal et un jugement. Je demande : est-ce ainsi que l’on acquiert automatiquement la nationalité libanaise ? Pourquoi faut-il que les mamans soient humiliées à ce point et affolées, menacées, terrorisées ? Le père qui s’est dispensé de porter la responsabilité de son enfant, de le reconnaître, de lui donner un nom, de l’élever, n’assume, lui, aucun tort et ne tombe sous le coup d’aucune de ces poursuites. Les lecteurs ne devraient-ils pas prendre connaissance de cette triste situation ? Beaucoup de Libanais, hélas, rêvent de partir ou prennent le chemin de l’exil, mais tous ces enfants, et demain les enfants qu’ils mettront au monde, qui n’auront jamais été acceptés à l’état civil, ceux-là resteront toujours sur le sol libanais car ils n’auront jamais de document de voyage. Est-ce cela la société libanaise de demain ? Attention, ces gens ne participeront jamais aux élections : les candidats aux élections pourraient réfléchir à cet aspect des choses. Ceci est un cri au nom des femmes, pour qu’elles soient enfin respectées. Ceci et un cri au nom des enfants, pour qu’ils entrent dans la vie avec leurs droits essentiels. Ceci est un cri pour la société libanaise. Sœur Thérèse RICARD Assistante sociale à Nabaa NDLR Nous déplorons l’interprétation et l’application partiale et souvent restrictive de la loi sur la nationalité au Liban. D’ailleurs, la mention de la possibilité d’obtention par un enfant de père inconnu de la nationalité libanaise visait justement à mettre en lumière une autre injustice : celle subie par un enfant de parents connus et légalement mariés, mais dont l’un, le père, est étranger. Il n’était pas dans notre intention d’occulter les difficultés liées à l’obtention de la nationalité par un enfant né de père inconnu. Notre article traitait spécifiquement de la non-transmission par la femme arabe de sa nationalité. Notre but n’était pas en outre d’analyser le cas libanais, mais de faire un tour d’horizon de la situation dans le monde arabe. M. S.
Je me permets de réagir à ce que j’ai lu dans un article paru dans votre journal du 16 octobre 2006, au sujet du problème de la non-transmission de leur nationalité par les mamans libanaises. La journaliste Mariam Semaan qui signe cet article écrit qu’ « au Liban, l’enfant né de père inconnu acquiert automatiquement la nationalité libanaise ».
C’est mal connaître...