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MUSIQUE - Une nouvelle génération d’artistes revendique son héritage Brassens: 25 ans après sa mort, la «mauvaise herbe» est toujours vivace

Vingt-cinq ans après la mort de Georges Brassens, le 29 octobre 1981, une nouvelle génération d’artistes revendique son héritage – l’amour de la langue et l’anticonformisme –, qui déborde le cadre de la seule chanson française pour toucher d’autres cultures, comme le hip-hop. Cette filiation affleure dans les chansons de Renan Luce, dont le premier album, Repenti, a fait forte impression fin septembre. Le chanteur de 26 ans reprend L’orage dans Putain de toi, compilation-hommage dans laquelle de jeunes artistes s’approprient des œuvres du Sétois, décédé à 60 ans d’un cancer. «Brassens est un maître absolu pour beaucoup de gens qui chantent en français, pour sa maîtrise de la langue et sa poésie, explique-t-il. Pour moi, c’est un modèle puisque j’ai pour ambition de raconter des histoires courtes, en faisant attention aux rimes, au vocabulaire et en essayant d’utiliser des images assez précises.» Comme beaucoup, Renan Luce a découvert Brassens par l’entremise de ses parents: «Je l’écoute tout le temps, c’est l’un des seuls artistes qui me suivent depuis l’enfance.» Nul besoin pourtant de chanter en français pour aimer Brassens. Auteur lui aussi d’un album remarqué, Jehro, écrit en anglais et en espagnol avec des tonalités folk et caribéennes, le Marseillais Jehro figure dans la compilation Putain de toi. Il y reprend Les passantes (devenues The Passers By) dans la langue de Shakespeare. «Pour moi, son influence se situe au niveau de l’esprit : l’intelligence, la poésie et l’humour qui se dégagent des situations qu’il décrivait dans ses chansons», explique-t-il. Brassens, influence importante dans la chanson, rien de surprenant. Mais il a également compté dans l’éducation musicale d’artistes issus de la culture hip-hop. Grâce au succès de son album Midi 20, Grand Corps Malade a fait découvrir au grand public français le slam, poésie scandée proche du rap dans laquelle le choix des mots est primordial, comme chez Brassens. «Je n’ai jamais vraiment lu de poésie et ne suis pas un grand consommateur de livres. Mon amour des mots vient davantage de la musique, le hip-hop et Brassens», affirme le slammeur de 29 ans. Dans Putain de toi, il livre une version slam convaincante des Trompettes de la renommée. Plus étonnant encore, le rappeur Joeystarr, cofondateur de NTM, vient de rendre un hommage à Brassens dans son premier album solo, Gare au jaguar, en adaptant Le gorille. Autre clin d’œil, son autobiographie parue en mai était intitulée Mauvaise réputation. «Brassens, comme Moustaki ou d’autres, donne l’impression de “faire ce qu’il a” (NDLR: d’être authentique), estime Joeystarr. C’est pour ça que ça me plaît. On n’est pas dans le carcan mercantile, c’est de la sensation et ça, ça me parle. Ça va de pair avec la force des paroles.» Des paroles dont la véhémence envers les institutions – police ou justice – peut être comparée à celle de certains rappeurs. C’est l’un des arguments sur lesquels s’appuie le magazine Chorus, dont le numéro d’automne comprend un grand dossier Brassens, pour dresser une analyse extrêmement pertinente du danger de consensus qui guette aujourd’hui l’anar moustachu: «Notre époque oublie volontiers le poids de scandale, de violence verbale et de combat de l’auteur de La mauvaise herbe, au risque de ne conserver de lui qu’un bon sourire à moustaches et une poignée de jolies chansons pour les épreuves de français aux examens.» Paul RICARD (AFP)
Vingt-cinq ans après la mort de Georges Brassens, le 29 octobre 1981, une nouvelle génération d’artistes revendique son héritage – l’amour de la langue et l’anticonformisme –, qui déborde le cadre de la seule chanson française pour toucher d’autres cultures, comme le hip-hop.
Cette filiation affleure dans les chansons de Renan Luce, dont le premier album, Repenti, a...