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Actualités

Le peuple ou l’État ?

C’est parce que nous avons tous le sens critique plus ou moins développé selon les personnes, parce que nous voulons tous améliorer la condition de vie des citoyens, c’est parce que nous aspirons tous à un monde meilleur, c’est parce que nous ne cessons de nous comparer aux pays étrangers dits plus développés comme l’Europe ou les États-Unis, que nous refusons le système politique et condamnons des paroles et des écrits des dirigeants de notre pays. Citoyens du Liban, nous nous plaignons souvent – à raison d’ailleurs – de ne pas connaître la destination exacte des taxes et impôts que nous payons, des cotisations diverses, du manque d’aides sociales et de prestations qui devraient être versées par l’État en contrepartie de notre participation fiscale. Nous nous plaignons, en comparant notre système à un autre où le développement social serait poussé à l’extrême et le droit social en éternelle progression, comme dans le système français. L’État, cette personne morale qui se doit d’être l’autorité supérieure et suprême, dont la fonction essentielle est d’assurer l’ordre, le bien-être, la sécurité et la meilleure organisation possible, est, de l’avis de la quasi-totalité des Libanais, sinon inexistant, du moins inutile. Supposons que cette thèse soit vérifiée – et il n’y a pas de rumeur infondée –, le Liban fonctionne très bien pour un pays sans véritable dirigeant. Et cela ne peut s’expliquer que par son peuple. Si le gouvernement libanais ne sait pas assumer son rôle en tant qu’agent protecteur et que le pays demeure, malgré tout, aussi vivant ; si un État est défini par son gouvernement, son territoire et sa population, c’est que le dernier de ces trois éléments, puisque le premier est absent, à savoir la population, est exceptionnel. La population de notre pays est exceptionnelle. Vous verrez le Libanais se distinguer à l’étranger, travailler beaucoup plus et fournir un bien meilleur résultat. Vous le verrez très bien s’adapter aux cultures et langues diverses. Vous le verrez parler de son pays, la lumière dans les yeux, le sourire aux lèvres et les souvenirs plein la tête. Vous verrez le Libanais au Liban, toujours prêt à aider les autres. Vous le verrez qui aime la fête, celui qui n’oublie quand même pas de travailler, celui qui reste attaché à sa terre, malgré la guerre, les menaces constantes et le peu qui lui reste. Ailleurs, certes, il existe un État, un véritable gouvernement. Mais ailleurs aussi, il y a la solitude et l’égoïsme. Ailleurs, l’individu est vraiment seul. Les maisons sont petites. Les familles sont dissoutes. Les regards sans éclat. Les soirées interminables. Nous avons donc, d’un côté, un État, d’un autre, un peuple. Entre les deux termes de l’alternative, je choisis sans la moindre hésitation la seconde. Car l’État est invisible, fantôme. Mais c’est le peuple que je côtoie sans cesse à chaque coin de rue, dans les salles mal chauffées de la fac, sur des chaises longues autour d’une piscine, à 2h00 du matin sur l’autoroute suite à un accident de voiture, au supermarché, dans les files d’attentes et au travail. C’est le peuple libanais qui permet de dire que le Liban est un pays magnifique. Parce que si différent des autres. Si différent parce que libanais. Si différent parce que brun, roux et blond à la fois. Parce qu’oriental et occidental à la fois. Parce que superficiel quelquefois et sérieux quand il le faut. Parce que capricieux mais responsable. Parce que jaloux et compétitif. Parce que fort et ambitieux. Liban, je t’aime. Je t’aime uniquement pour tes Libanais. Je t’aime surtout pour ces personnes spéciales avec qui je vis. Je t’aime pour ceux qui te constituent. Et non pas pour un pouvoir utopique dont on pourrait facilement se passer. Alors je décide d’oublier ce tout petit détail. Et de former, avec ce très beau peuple, un nouveau pouvoir, existant et efficace, qui sera, un jour avec un peu d’effort et beaucoup de volonté, le plus grand des gouvernements. Karen AYAT
C’est parce que nous avons tous le sens critique plus ou moins développé selon les personnes, parce que nous voulons tous améliorer la condition de vie des citoyens, c’est parce que nous aspirons tous à un monde meilleur, c’est parce que nous ne cessons de nous comparer aux pays étrangers dits plus développés comme l’Europe ou les États-Unis, que nous refusons le...