L’État hébreu doit réagir plus durement aux tirs de roquettes depuis la bande de Gaza, estime Avi Dichter Israël libère le vice-Premier ministre palestinien, détenu depuis le 19 août

La justice militaire israélienne a libéré hier le vice-Premier ministre palestinien, Nasseredine al-Chaër, détenu depuis son arrestation par l’armée le 19 août. Parallèlement, le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Avi Dichter, a affirmé en Conseil de ministres qu’Israël doit réagir plus durement aux tirs incessants de roquettes sur son territoire depuis la bande de Gaza. Un juge militaire a ordonné hier la libération de M. Chaër « faute de preuves » et en l’absence d’un acte d’inculpation contre lui, a affirmé à l’AFP l’un de ses avocats, Oussama al-Saadi. Selon lui, M. Chaër, qui était détenu à la prison de Petah Tikva près de Tel-Aviv, a été relâché après avoir été présenté au juge dans un commissariat proche de la prison. Il a immédiatement pris la direction de sa maison dans la région de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Dans des déclarations au téléphone à la chaîne d’informations arabe al-Jazira, il a affirmé avoir été interrogé durant sa détention sur ses activités politiques et sur le sort d’un soldat israélien enlevé le 25 juin dans une attaque à la lisière de la bande de Gaza par 3 groupes armés, dont la branche militaire du Hamas. Des soldats israéliens avaient arrêté M. Chaër, 44 ans, le 19 août à l’aube à Ramallah en Cisjordanie. L’armée avait affirmé que cette arrestation relevait « de la lutte contre le mouvement radical Hamas ». Hier également, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a quitté Ramallah à destination du Qatar où il doit effectuer une visite de 2 jours. Lors de son séjour à Doha, M. Abbas doit notamment s’entretenir avec l’émir, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, a indiqué le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina. Il doit notamment informer cheikh Hamad des efforts en cours pour former un gouvernement palestinien d’union nationale regroupant les islamistes du Hamas et de son parti, le Fateh. Les discussions entre les 2 parties achoppent notamment sur le refus du Hamas de reconnaître Israël et des accords israélo-palestiniens passés, comme l’exige la communauté internationale pour lever le boycott imposé au gouvernement palestinien. Qatar entretient de bons rapports avec le Hamas. Parallèlement, le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Avi Dichter, a déclaré que « le gouvernement doit revoir sa politique vis-à-vis de la bande de Gaza en raison de la poursuite de ces tirs (de roquettes) ». Il était cité par un haut responsable israélien qui a requis l’anonymat. « La riposte d’Israël à cette menace est insuffisante et nous devons prendre des mesures plus dures », a ajouté le ministre, ancien patron du service de sécurité intérieure (Shin Beth). « Nous ne devons pas prendre le contrôle de Gaza, mais agir pour dissuader » les groupes armés de poursuivre ces tirs. « Nous devons frapper là où cela est nécessaire », a-t-il souligné. Depuis le 28 juin, l’armée israélienne a lancé une vaste offensive dans ce territoire pour obtenir la libération du militaire enlevé 3 jours plus tôt et mettre fin aux tirs de roquettes contre Israël. Mardi, suite à des tirs de roquettes sur Israël qui avaient fait un blessé, le ministre israélien du Commerce, Eli Yishaï, avait préconisé de « raser » les localités palestiniennes de la bande de Gaza d’où sont tirées les roquettes. Les Palestiniens souhaitent imiter le Hezbollah D’autre part, une large majorité de Palestiniens estime que les groupes armés devraient adopter les méthodes du Hezbollah, ressort-il d’un sondage publié hier. Selon ce sondage, réalisé par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, dont le siège est à Ramallah, 63 % des personnes interrogées considèrent que les « Palestiniens devraient imiter les méthodes du Hezbollah en tirant des roquettes sur les villes israéliennes », contre 35 % qui y sont opposées. « Concernant l’impact de la guerre sur l’attitude vis-à-vis de la violence dans le conflit israélo-palestinien, nos études tendent à montrer que les tactiques du Hezbollah représentent un modèle attrayant pour les Palestiniens », écrit le centre. Par ailleurs, 57 % des personnes sont en faveur des attaques contre des civils en territoire israélien, contre 41 % qui y sont hostiles. Toutefois, 77 % des Palestiniens soutiennent l’idée d’un appel à un cessez-le-feu avec Israël et 74 % pensent qu’ils ne peuvent pas compter sur l’action armée seulement et doivent arriver à une solution politique. Une majorité d’entre eux (59 %) soutient ainsi un gouvernement dirigé par le Hamas qui négocierait avec Israël. Par ailleurs, l’Agence des Nations unies pour le secours aux réfugiés de Palestine (Unrwa) a appelé hier à des pressions internationales sur Israël pour qu’il lève le bouclage des territoires palestiniens, où les conditions de vie empirent. Sur le terrain, des échanges de tirs ont opposé l’armée israélienne à des militants palestiniens armés dans le camp de réfugiés de Balata à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, où 3 activistes recherchés ont été arrêtés. Un bataillon de parachutistes a participé à l’opération au cours de laquelle une ceinture d’explosifs d’environ 10 kgs, généralement utilisée au cours d’attaques-suicide, a été découverte et neutralisée. Enfin, un colon juif a été condamné à 4 peines de prison à vie pour le meurtre de 4 ouvriers palestiniens dans le nord de la Cisjordanie, le 17 août 2005, au premier jour de l’évacuation des colons de la bande de Gaza. L’attentat antipalestinien s’inscrivait dans le cadre de tentatives d’éléments de l’extrême droite de saboter à l’époque le retrait israélien de Gaza.