ARTISANAT - Orient 499, une autre vision de l’artisanat libanais Une question de coût et de goût

Le logo, conçu par la graphiste Maya Tawil (un oiseau serein, pacifique et libre), n’a pu voler de ses propres ailes lors de l’ouverture de la galerie Orient 499, prévue initialement pour le 19 juillet. Mais à peine le cessez-le-feu annoncé et respecté, l’oiseau, impatient, s’est remis à vivre. Ainsi Aïda Kawas et Frank Edouard Luca ont pu reprendre leur projet là où il s’était arrêté, quelques semaines auparavant : le lancement d’un espace dédié à l’artisanat libanais et oriental dans ce qu’il a de plus beau et de plus surprenant aussi... Il s’agit d’une histoire d’amitié, d’un coup de foudre mutuel qui a eu lieu entre les deux comparses, il y a un an de cela. Depuis, tout s’est passé très vite. « C’était un moment charnière dans nos vies, le bon moment », avouent en chœur Aïda Kawas et Frank Edouard Luca. En novembre, l’idée a jailli, en décembre, l’accord est signé, l’endroit choisi. La production peut démarrer. Une adresse mythique, la rue Omar Daouk, face au non moins mythique Holiday Inn qui refuse jusqu’aujourd’hui de disparaître de nos mémoires. Sur une surface de 280m2, et autant en bureaux, conçus par Youssef Haïdar, l’architecte du Musée du savon à Saïda et de la rénovation de la mosquée Omari au centre-ville, des verres, assiettes, produits de bains, savons, vêtements, art de la table, meubles, bijoux, tapis sont exposés dans toute leur splendeur. « Ce n’est pas un bazar, ni un souk, mais un lieu où l’on expose ce qui se fait de meilleur dans cette région. » Avec la collaboration de designers talentueux, tels Karen Chekerdjian-Fattal, Samar Mogar, Nada Zeineh et Hubert Fattal, les pièces expriment parfaitement la vocation de la galerie Orient 499 (prononcez four nine nine, numéro de l’immeuble), « un centre d’exposition pour des créateurs libanais et étrangers qui touchent à une matière artisanale locale. Nous voulons, précise le duo, montrer que le pays est capable de produire un artisanat raffiné. C’est à la fois une question de coût et de goût. » Des parcours parallèles Ce projet est l’association des deux parcours parallèles de Aïda Kawas et Frank Edouard Luca. Aïda Kawas baigne dans ce métier, une passion, depuis 22 ans. « De Paris à Beyrouth, de Laymoun aux Artisans du Liban et d’Orient où j’ai passé 22 ans. J’y ai tout appris, mais après toutes ces années, j’ai eu envie de voler de mes propres ailes. C’est un peu comme quitter ses parents... », explique Aïda, drapée dans sa abaya. Et Frank de poursuivre : « J’ai toujours eu un peu de frustration au niveau de la création. J’ai grandi dans un milieu artistique et quatre générations d’antiquaires. Mon rêve a longtemps été d’avoir ma galerie d’art. » Avec une maîtrise en communication et sa propre agence qui lui donne la possibilité de faire de nombreux voyages, il découvre le Liban depuis 7 ans. Le cœur ayant ses raisons, il s’y installe, ravi. « C’est aussi une manière de rendre hommage à nos artisans qui saisissent très vite nos souhaits et nos exigences en y apportant leur touche. Et aux designers, qui possèdent une grande créativité et une vision nouvelle et plus courageuse. » La visite des lieux le confirme, les objets exposés mettent en évidence un Orient imbibé de couleurs, de sensualité, de beauté et de charme. L’inauguration de la galerie, conçue en espaces modulables, s’est donc faite spontanément et naturellement, le bouche-à-oreille remplaçant les invitations qui ne sont jamais arrivées, en juillet dernier. « Tout ce que nous produisons est beau, conclut Aïda, mais a aussi son utilité. Nous voulons que cet “art appliqué” entre dans le quotidien du plus grand nombre de personnes. » Carla HENOUD