La Russie entretient le mystère Safin

La bataille psychologique a commencé à Moscou où la Russie et les États-Unis s’affrontent en demi-finale de la Coupe Davis. Le duel va opposer deux équipes de forces équilibrées. Les États-Unis aligneront Andy Roddick, sixième joueur mondial et finaliste du dernier US Open, James Blake, 9e mondial, et les jumeaux Bob et Mike Bryan, « numéro un » mondiaux en double. La Russie a sélectionné Nikolay Davydenko, 5e à l’ATP, Dimitri Tursunov (22e), Mikhaïl Youzhny (24e) et Marat Safin (72e). Davydenko et Youzhny vivent une des meilleures saisons de leur carrière. Ils viennent d’atteindre les demi-finales de l’US Open et la logique voudrait qu’ils soient désignés comme les deux joueurs de simples. « Je ne désignerai mes joueurs que jeudi matin, juste avant le tirage au sort », n’en déclare pas moins Shamil Tarpishchev, capitaine et redoutable tacticien de l’équipe de Russie. « Les quatre peuvent être alignés en simple. Tout se jouera sur la forme physique du moment. » Toute la stratégie de déstabilisation de Tarpishchev tourne autour du rôle qu’il pourrait donner à Safin et qu’il avait déjà évoqué lors de l’annonce de la sélection du grand Marat, fin août. En perdition depuis de longs mois, Safin venait de disparaître du top 100 de l’ATP pour la première fois depuis qu’il y avait fait son entrée, à l’âge de 17 ans, en 1997. « On ne peut jamais ignorer Safin. Il a été la clef de nos succès dans le passé et je suis sûr qu’il fera tout pour nous aider contre les États-Unis », avait alors dit Tarpishchev. Roddick décontracté Safin a déjà donné un sérieux coup de main à son capitaine. Il a retrouvé vigueur et coup d’œil à Flushing Meadows où il a battu David Nalbandian au deuxième tour et ne s’est incliné qu’au tie-break du cinquième set devant l’Allemand Tommy Haas en huitièmes. Côté américain, Patrick McEnroe, frère de John et capitaine de l’équipe, n’a pas d’arme secrète tant sa sélection paraît évidente. « Je n’ai pas besoin d’être un génie comme M. Tarpishchev pour former mon équipe », reconnaît-il. McEnroe joue plutôt la carte de la force tranquille. « Il est incontestable que les Russes ont été très bons à l’US Open, mais nos joueurs aussi », dit-il. « Jouer à Moscou rend les choses plus difficiles. La terre battue nous est moins favorable et rend peut-être les Russes un peu plus favoris, mais notre équipe a beaucoup d’expérience et la rencontre va être très serrée. » Roddick, finaliste à l’US Open, joue aussi la décontraction au point de déclarer que sa principale occupation à Moscou est de « regarder les femmes » car, précise-t-il, « elles sont toutes belles ici ». Les États-Unis n’ont plus gagné la Coupe Davis depuis 1995. En finale, ils avaient battu la Russie, à Moscou et sur terre battue.