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Actualités - CHRONOLOGIE

Musique Charles Aznavour dit adieu à l’Amérique qui avait fait de lui une star

Charles Aznavour était à New York lundi soir pour un de ses derniers concerts américains, un adieu à un pays où il a chanté pendant 60 ans. À 82 ans, le chanteur français tire sa révérence dans une vaste tournée : après l’Allemagne et New York, ce sera la Californie, avant le Japon en février puis l’Amérique latine fin 2007. Rare exception, la France, où il n’est pas question d’adieu dans l’immédiat. Sous la voûte Art déco du majestueux Radio City Music Hall, l’homme aux innombrables standards a chanté pour une des dernières fois en anglais : You’ve got to learn (Il faut savoir), The old-fashioned way (Les plaisirs démodés), Take me along (Emmenez-moi) etc. « Ah ! Je n’arrive pas à trouver la bonne expression », dit-il à un moment donné, avec un bon anglais, au public dont son amie Liza Minnelli assise au 1er rang. « Je vous dirai ça la prochaine fois. Ah mais non, il n’y aura pas de prochaine fois. » « Il a 82 ans », explique son manager de toujours, Lévon Sayan. « Il a une forme exceptionnelle vocalement et physiquement. Mais on veut arrêter les langues étrangères. C’est devenu difficile de mémoriser les textes. » À en juger par un show new-yorkais ininterrompu de 2 heures, le chanteur a toujours la santé. Petit homme aux cheveux blancs, tout mince dans un costume noir sur décor noir, il a gardé une voix puissante, le swing intact, les gestes alertes. Seul un souci de retour de son le fait dérailler sur No, I could never forget (Non, je n’ai rien oublié). Il chante aussi la vieillesse avec intensité : « Il faut boire jusqu’à l’ivresse sa jeunesse. » Mais la retraite totale n’est pas pour demain. Il vient de resigner avec EMI pour trois albums, dont l’un doit être enregistré en octobre à La Havane. « Il veut donner une couleur différente », dit M. Sayan à l’AFP, à propos de cette expérience cubaine. Histoire de contrebalancer des textes toujours assez graves, qui parlent d’amour, d’écologie, de banlieues, d’immigrés. À New York, il a dédié sa chanson Un mort vivant au journaliste américain Daniel Pearl, tué par des extrémistes islamistes au Pakistan en 2002. À côté de ces chansons nouvelles, tout le reste cependant n’est que tubes, Venise, La Bohème... Et le plus connu des Américains, Yesterday When I was young (Hier encore). Aznavour était venu à New York juste après la guerre, avec Édith Piaf. Mais en 1963, il remplit seul le Carnegie Hall. Il est même dans les années 70 invité de Kermit la grenouille dans le Muppet Show. En 1998 encore, il se produit à New York. Le San Francisco Chronicle parle aujourd’hui d’une « icône de l’ère Sinatra et Minnelli ». Lundi, des spectateurs hurlent « I love you Charles », même si leurs élans semblent déranger l’artiste. Les standing ovations se succèdent. Les flashes crépitent. Dans la salle comble (6 000 personnes) où il a encore joué hier, les Français sont là, y compris le footballeur installé à New York Youri Djorkaeff. Beaucoup d’Arméniens aussi, comme Harouk Takvorian, 37 ans : « Il est arménien, c’est une icône, et c’est sa dernière tournée. » Mais le monde entier semble représenté, notamment les seniors américains. « Je l’ai découvert il y a 40 ans à la télévision, et c’est mon 4e concert ! » dit Madeleine de Palma. « J’aime ses manières européennes », ajoute Patricia Morris. « C’est son âme, sa présence, l’esprit des chansonniers », explique Berta Kemelman, une Russe de 70 ans installée à Brooklyn. « C’est un langage international ». Leslie Heurtelou, haïtien de New York, a toujours connu sa mère fan de ses disques : « Ces paroles directes, cette voix incroyable ! » « Je suis désolée qu’il arrête », se lamente Claudia Saboia, prof d’origine brésilienne. Pour cette fan de Brel et Bécaud, une époque s’en va : « Toute une philosophie de la vie. »
Charles Aznavour était à New York lundi soir pour un de ses derniers concerts américains, un adieu à un pays où il a chanté pendant 60 ans.
À 82 ans, le chanteur français tire sa révérence dans une vaste tournée : après l’Allemagne et New York, ce sera la Californie, avant le Japon en février puis l’Amérique latine fin 2007. Rare exception, la France, où il n’est...