Le Premier ministre s’interroge sur l’utilité de futures négociations avec Israël Abbas s’apprête à reconduire Haniyeh à la tête d’un gouvernement d’union

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a annoncé hier que l’actuel Premier ministre issu du Hamas Ismaïl Haniyeh serait reconduit à la tête du gouvernement d’union nationale qui doit voir le jour « prochainement », alors que Haniyeh s’interroge sur l’utilité de futures négociations avec Israël. «En ce qui concerne l’identité du Premier ministre, il sera désigné en tenant compte de l’avis de la majorité parlementaire et celle-ci a choisi Ismaïl Haniyeh comme candidat. Cela n’est pas un secret », a déclaré M. Abbas lors d’une conférence de presse à Ramallah, à l’issue d’un entretien avec le président polonais Lech Kaczynski. Par contre, « je ne peux pas encore dire quand je le chargerai formellement, mais j’espère que le gouvernement sera formé prochainement », a-t-il ajouté. Le porte-parole du gouvernement, Ghazi Hamad, a indiqué de son côté que le cabinet issu du Hamas resterait en place jusqu’à la conclusion d’un accord avec les autres mouvements palestiniens, dont le Fateh, sur la composition de la future équipe ministérielle. « Aucune date n’a été fixée pour la démission du gouvernement ». « Dès que la répartition des portefeuilles aura été arrêtée, le gouvernement donnera sa démission sous 24 heures et le président Abbas chargera un Premier ministre de former un nouveau cabinet », a-t-il ajouté. Le programme politique du futur gouvernement d’union nationale est basé sur le « document d’entente nationale » adopté fin juin par les différents mouvements palestiniens, dont le Hamas. Ce document prévoit de « concentrer » les attaques anti-israéliennes aux territoires occupés en 1967 et la création d’un État sur ces terres palestiniennes, ce qui constitue une reconnaissance implicite du droit d’Israël à l’existence. « Le fait que le programme politique du gouvernement soit basé sur le document d’entente nationale signifie que ce cabinet respectera les accords signés par l’OLP » avec Israël, a affirmé M. Abbas. Cependant, le Hamas a réaffirmé hier son refus de « légitimer l’occupation sioniste ». Un responsable a souligné que si le futur gouvernement d’union s’inspirera bien de ce plan, le Hamas n’en appliquera que les éléments qui « ne sont pas contraires aux intérêts du peuple palestinien ». Mais Ismaïl Haniyeh a déclaré que s’il refusait tout contact avec Israël, il ne voyait pas d’inconvénient à ce que Abbas négocie avec l’État juif au nom de l’OLP, dont le Hamas ne fait pas partie. « Cette question des négociations est dans les mains de l’OLP. Ce n’est pas dans l’agenda du gouvernement, notamment les négociations politiques », a-t-il répété hier. Haniyeh s’est d’ailleurs interrogé sur l’utilité de futures négociations entre l’Autorité palestinienne et Israël. « Avant de parler de négociations, nous devons nous demander : les Israéliens reconnaîtront-ils les droits des Palestiniens ? Les réfugiés reviendront-ils ? Les prisonniers seront-ils libérés ? L’occupation et l’agression israéliennes s’achèveront-elles ? » a ajouté M. Haniyeh. Interrogé pour savoir si le Hamas reconnaîtrait Israël dans l’éventualité d’un accord de paix négocié par l’OLP, M. Haniyeh a indiqué : « Quand nous arriverons à un accord, il y aura une position. » Pour sa part, Israël a annoncé qu’il ne négocierait pas avec un gouvernement qui ne remplirait pas les trois critères fixés par le quartette. Le quartette (États-Unis, UE, ONU et Russie) exige en effet une reconnaissance explicite du droit à l’existence de l’État d’Israël et des accords passés entre Israël et les Palestiniens, ainsi que la renonciation à la violence. Des affirmations qui ne sont pas pour apaiser les inquiétudes de Washington, qui demeure sceptique sur le programme de ce gouvernement.