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Actualités - CHRONOLOGIE

L’organisation explicite l’appel de Bkerké La Ligue maronite : Les comportements factieux contraires à l’esprit de la coexistence

La Ligue maronite s’est employée hier à expliciter la teneur du dernier appel lancé, il y a quelques jours, par l’Assemblée des évêques maronites, insistant particulièrement sur la condamnation des comportements unilatéraux et factieux contraires à l’esprit de la coexistence. Dans un long communiqué, le conseil exécutif de la Ligue, présidé par l’ancien ministre Michel Eddé, s’est efforcé également de répondre à certaines critiques adressées à l’appel des évêques en soulignant que Bkerké a toujours distingué entre l’ami et l’ennemi. «La Ligue maronite se félicite grandement de l’appel récemment publié par l’Assemblée des évêques maronites. Elle salue sa fidèle spiritualité chrétienne et libanaise et considère que cet appel, adressé dans sa teneur et ses objectifs à tous les Libanais et non seulement aux chrétiens maronites, est un document national libanais à caractère global diagnostiquant avec le plus grand soin et la plus grande précision la réalité de la situation aujourd’hui et définissant de façon tout à fait pertinente, honnête et objective les points permettant aux Libanais de dépasser les problèmes et les crises actuels et de transposer le Liban aux portes d’un avenir sain », affirme le communiqué. La Ligue « se félicite du vaste accueil réservé aux conclusions de cet appel, en ce moment décisif de l’histoire du Liban, après l’agression israélienne. Elle salue l’initiative de l’Église maronite, en la personne de son chef, le patriarche Nasrallah Sfeir, et de ses collaborateurs les évêques, de se livrer à une critique franche, courageuse et juste de l’individualisme égoïste et des projets factieux au niveau de la chose publique ». Elle applaudit à « leur condamnation absolue, quels qu’aient été les individus ou les groupes qui ont adopté une telle orientation désastreuse depuis des lustres, et quelle que soit la communauté à laquelle ils appartiennent, y compris la communauté maronite ». « La Ligue ne peut que rendre hommage à cette vision nationale qui condamne tout comportement factieux sur les questions liées à la nation libanaise, qu’il soit de nature religieuse, sectaire, politique ou idéologique. Elle considère qu’en cela, l’appel des prélats consacre la tradition du patriarcat maronite et son rôle historique dans la définition des composantes du Liban et de son tissu plural, fondé sur la variété religieuse et la coexistence », poursuit le texte. « Ce rôle, qui a encadré cet acquis sociologique unique en son genre dans la région, voire dans le monde, et qui, sur la base même de sa pluralité religieuse, a brisé le concept d’État religieux. C’est ce même rôle qui a toujours conservé sa vitalité et sa force de renouvellement en se parant du refus catégorique des maronites d’avoir un pays exclusivement pour eux et leur préférence constante de la coexistence dans le cadre d’une nation unique pour tous ses fils », estime la Ligue. Bkerké fidèle à son rôle « Lorsque nous lisons aujourd’hui dans l’appel des évêques l’invitation faite aux Libanais de diverses religions et communautés à être honnêtement fidèles à l’État et non aux mini-États, à la patrie définitive d’appartenance arabe et non aux conflits de factions, à la souveraineté de l’État et son indépendance et non à la force tirée de l’étranger, qui n’a apporté que la destruction à l’intérieur, nous lisons en fait l’insistance de l’Église maronite à rester fidèle à son rôle dans la maturation de l’idée de patriotisme libanais et son attachement persévérant à toutes les régions et tous les cazas du Liban, et non seulement aux terres soumises au moutassarrifat à partir de 1861 », ajoute le communiqué. « Cette attitude pionnière a brisé dans l’œuf toute velléité de réduire la patrie libanaise à une entité spécifique aux maronites ou fondée sur l’uniformité religieuse », relève la Ligue. « L’État du Liban est “l’État de la coexistence” et non celui d’une des communautés du Liban, y compris les maronites. Voilà le point de départ constant de l’Assemblée des évêques maronites depuis son premier appel, en septembre 2000, après la libération du Liban-Sud de l’occupation israélienne et jusqu’à celui d’aujourd’hui qui souligne que l’équilibre politique témoin du respect sincère de la coexistence est l’élément qui rassure tous les Libanais sur leur présence et leur partenariat réel dans la gestion des affaires de leur nation. » « C’est une attitude fondée sur une base nationale et non confessionnelle, considérant les maronites comme étant les ferments du Liban parce qu’ils sont les ferments de la coexistence. Une attitude qui part du constat que le patriarcat maronite encadre l’État et fonde les raisons de son édification. Il est le soutien de l’État, de sa légalité et de sa souveraineté. Mais ce patriarcat n’est en aucun cas lui-même l’État et ne tend pas à prendre sa place, ni à l’exploiter à des fins factieuses propres aux maronites ou à une partie d’entre eux », souligne le communiqué. Selon la Ligue, « la vision qu’ont les maronites d’eux-mêmes en tant que communauté ainsi que des affaires libanaises et celles des autres communautés se place du point de vue du Liban. Ils n’ont pas envisagé le Liban du point de vue de leur communauté, et cela parce qu’ils tiennent à la spécificité de cette entité en tant que cadre pour une formule sociologique pionnière née et développée à cause des maronites et non pour eux. Lorsque l’appartenance s’arrête aux frontières de la communauté, les maronites deviennent exsangues, isolés, et il en est de même pour les sunnites, les chiites, les druzes, les orthodoxes, les catholiques, les arméniens… » « La différence est énorme entre “l’État de la coexistence” et celui d’un groupe religieux, quel qu’il soit. Le premier assure le salut par le partenariat avec l’autre, car il n’y a nullement de salut pour une quelconque communauté hors de ce partenariat. Quant au second, fondé sur l’isolement tout autant que sur l’imposition oppressive d’une hégémonie sectaire, il n’offre que l’illusion d’un salut ne pouvant entraîner que les conflits, les guerres et les destructions », poursuit le texte. « Au cœur de l’appel lancé par l’Assemblée des évêques maronites est sa certitude que le salut sera par et pour tout le Liban ou ne sera pas. Il n’y a pas de solution pour un groupe sans les autres ou aux dépens des autres. Et il n’y a absolument aucune solution pour un quelconque groupe par le biais de l’unilatéralisme, même pour celui qui aura pris la décision unilatérale », souligne la Ligue. « C’est sur la base de ces constantes que s’éclaircit la contribution du patriarcat maronite dans la définition de l’accord de Taëf, à propos duquel le patriarcat est resté attaché à la nécessité d’y consolider la primauté de la coexistence sur tout ce qui reste et d’en faire la base de la légitimité. » « Le besoin de respecter cette vérité libanaise a aussi dicté au patriarcat maronite de rester actif pour faire face à ce qui ressemble à un coup d’État organisé contre l’accord de Taëf, par la dénaturation de sa teneur et par une mise en œuvre qui le défigure. Car le souci de préserver la coexistence impose de veiller à l’application de ses impératifs, en particulier dans les moments où l’entité nationale est ébranlée », ajoute le communiqué. L’ami et l’ennemi « Il faut attirer l’attention sur le fait que les pasteurs de l’Église maronite ont tenu à ce que leurs constantes et leurs prises de position ne soient entachées d’aucune confusion et qu’elles ne soient pas mal comprises. Ils sont donc restés soucieux de distinguer de façon tranchée entre l’ennemi et l’ami. C’est ce qu’a exprimé à plusieurs reprises le patriarche Sfeir, soulignant par exemple que l’amitié libano-syrienne est une nécessité pour le bien des deux pays à la fois et affirmant, dans sa lettre à Lakhdar Brahimi (médiateur de la Ligue arabe à l’époque), le 24 septembre 1989, que “la Syrie ne saurait être mise à pied d’égalité avec Israël. L’ennemi et l’ami ne sont pas égaux”. Cependant, le Liban devrait pouvoir assumer ses responsabilités dans le cadre de la souveraineté », rappelle la Ligue. « C’est sur cette même base que l’Assemblée des évêques maronites a lancé son célèbre premier appel, le 20 septembre 2000, qui avait insisté sur l’application intégrale de l’accord de Taëf. Cet appel avait été lancé après la libération du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest de l’occupation israélienne, le 25 mai 2000, et non pas avant », note le communiqué. « Avant cette réalisation historique de la Résistance, acquise avec le soutien du peuple et de l’État, les pasteurs de l’Église maronite n’avaient pas voulu prendre des positions susceptibles de susciter l’embarras dans la lutte contre l’occupation, ayant toujours distingué entre l’ennemi et le voisin ami. Cela d’autant que ces pasteurs n’ont jamais ignoré les périls qu’ont fait courir au Liban les complots des extrémistes sionistes et leurs positions hostiles à la coexistence qu’ils ont toujours cherché à détruire. » La Ligue salue ensuite « les prises de position du patriarche Sfeir et sa contribution distinguée à l’histoire libanaise, par la définition de ses caractéristiques fondamentales et le parrainage de ces caractéristiques pour faire face à la violence d’où qu’elle vienne ». « Le patriarche a enduré de nombreuses souffrances. Il a été injustement la cible de campagnes menées par telle ou telle fraction libanaise. Jamais il n’a accepté que la souveraineté de la nation, son indépendance et sa liberté ne soient des marchandises mises sur un bazar dans les alliances et les axes », affirme le communiqué. Aux yeux de la Ligue maronite, « l’édification de l’État de droit est un impératif vital pour préserver la coexistence, parce qu’il constitue l’État démocratique capable de protéger cette formule et d’assurer les conditions de son développement. Cet État souhaité est celui qui garantit la séparation de l’État et de la religion, au lieu de consacrer les tendances et les idéologies fondées sur l’exploitation et la politisation de la religion. Et c’est celui qui assure l’équilibre politique entre les familles religieuses du Liban et rend possible le partenariat réel et sain, la cohésion entre la liberté et la justice basée sur l’égalité des droits et des devoirs. C’est aussi celui qui est de nature à anéantir le clientélisme, le partage d’influence et la corruption. Et enfin, c’est l’État qui peut réaliser l’harmonie entre l’indépendance du Liban, sa souveraineté et le caractère définitif de son entité d’une part et d’autre part son appartenance arabe et son ouverture sur le monde ». Par ailleurs, tout en exprimant sa solidarité avec les citoyens dont les habitations ont été détruites et démolies par les bombardements israéliens, la Ligue exhorte les responsables à s’attaquer à ce qui n’a pas encore été accompli dans le dossier des personnes déplacées de la Montagne. Le communiqué de la Ligue conclut en invitant les jeunes à ne pas céder à la facilité de l’émigration.
La Ligue maronite s’est employée hier à expliciter la teneur du dernier appel lancé, il y a quelques jours, par l’Assemblée des évêques maronites, insistant particulièrement sur la condamnation des comportements unilatéraux et factieux contraires à l’esprit de la coexistence. Dans un long communiqué, le conseil exécutif de la Ligue, présidé par l’ancien ministre...