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AUTOMOBILE - Léger redémarrage des ventes depuis une semaine Le marché oscille entre espoirs de reprise et avenir incertain

La « guerre des 33 jours » n’a pas épargné le secteur de l’automobile, particulièrement touché par la crise qui s’abat sur l’économie nationale. « Aujourd’hui le marché est au point mort. L’activité actuelle correspond à peine à 5 % de celle réalisée avant les événements », affirme un grand importateur de voitures, qui a souhaité garder l’anonymat. « Le secteur de l’automobile est l’un de ceux qui s’arrêtent en premier lorsqu’une crise survient et qui repartent en dernier. Les clients peuvent toujours retarder l’achat d’une voiture », explique-t-il. Du côté de l’Association des importateurs d’automobiles, la vision est un peu moins pessimiste. « Pendant la guerre, les importateurs ont eu une activité quasi nulle. Mais depuis la semaine dernière, on note une légère reprise des ventes, de l’ordre de 2 à 3 % », souligne Samir Homsi, président de l’association. Avec la levée du blocus, il s’attend à une bonne reprise, « parce que la voiture est indispensable au Liban pour se déplacer ». Affaires à faire ? « Les consommateurs vont sans doute bénéficier de la crise qui touche le secteur puisque les importateurs ont tout intérêt à écouler les modèles 2006 avant l’arrivée de ceux de 2007 à la fin de l’année », pense M. Homsi. En effet, les modèles de l’année en cours, en attente d’acquéreurs, sont en train de perdre de leur valeur. Une dévaluation estimée à 10 % par certains importateurs. D’où la multiplication des escomptes spéciaux pour accélérer l’écoulement du stock de voitures. M. Homsi invoque également « l’inflation mondiale des prix de l’automobile qui fait que les modèles d’une année sont 4 à 6 % plus chers que ceux de l’année précédente ». Une éventuelle aide de l’État pour soutenir le secteur, par le biais notamment d’exemptions fiscales sur les modèles 2006, pourrait aussi rendre plus intéressante l’acquisition d’un véhicule dans le contexte actuel. Si l’on ajoute à ces trois éléments la nécessité de remplacer les voitures détruites ou endommagées par la guerre, les conditions d’une légère – et conjoncturelle – reprise des ventes semblent être assurées. En revanche, sur le long terme, la situation semble plus compromise. Face à un avenir incertain, à la crainte d’un licenciement ou un projet d’émigration, les ménages sont a priori peu disposés à s’endetter pour l’achat d’un nouveau véhicule. Grandes difficultés pour la location Par ailleurs, les sociétés de location de voitures, qui réalisent jusqu’à 60 % de leur activité durant la saison estivale, sont aujourd’hui dans une situation pour le moins délicate. « Nous nous attendons à ce que l’activité soit particulièrement affectée sur une période allant de 6 mois à un an. D’où un manque à gagner de l’ordre de quatre à cinq millions de dollars », estime Raja Kurban, PDG d’Avis au Liban. De plus, les sociétés de location ont réalisé de grands investissements cette année en perspective d’une saison touristique prometteuse. « Nous avons payé 300 000 dollars de droits d’enregistrement, rien qu’au mois de juin dernier », indique M. Kurban. Or, pour acheter des véhicules, les sociétés de location ne s’endettent pas seulement auprès des banques, mais aussi auprès des importateurs. Certains d’entre eux acceptent en effet de leur faire crédit. Outre la morosité du marché de vente aux particuliers, les importateurs doivent donc aussi subir les conséquences des difficultés rencontrées par les sociétés de location, au premier rang desquelles le report du paiement des traites. Néanmoins, les importateurs se montrent compréhensifs vis-à-vis de ces gros clients. « Nous avons accepté de reprendre quelques voitures vendues récemment à certaines compagnies », confirme Charbel Abi-Ghanem, directeur marketing de RYMCO, importateur des marques Nissan et GMC. Une telle mesure n’est toutefois pas toujours favorable aux sociétés de location, « parce qu’une voiture neuve perd beaucoup de sa valeur lorsqu’elle est revendue peu de temps après avoir été achetée », explique le PDG d’Avis. Les banques compréhensives Les banques promettent d’avoir une attitude « flexible » à l’égard des compagnies de location de voitures endettées auprès d’elles. « Nous envisageons d’accorder des délais supplémentaires pour le paiement des traites. Ces délais peuvent aller de trois à six mois pour les sociétés ayant véritablement subi des dommages directs ou indirects », affirme Makram Sader, secrétaire général de l’Association des banques. « Mais le report du paiement des traites des sociétés de location sera sans doute plus problématique pour les importateurs, car ceux-ci ne disposent pas des mêmes capacités de financement que les banques», ajoute-t-il. « Cette situation affecte notre cash-flow et nous oblige de négocier à notre tour les conditions de paiement avec nos fournisseurs », confirme-t-on chez Kettaneh, importateur des marques Volkswagen et Audi. Quant aux 30 000 ménages ayant souscrit des crédits automobiles avant la guerre, l’Association des banques promet également d’être compréhensive à leur égard. « Les dossiers seront examinés au cas par cas », souligne M. Sader, qui reste malgré tout optimiste. Selon lui, « l’impact de la guerre sur les revenus des ménages n’est pas très important pour le moment. Les banques ne s’attendent pas à des problèmes de paiement conséquents de leur part ». Line RIFAÏ
La « guerre des 33 jours » n’a pas épargné le secteur de l’automobile, particulièrement touché par la crise qui s’abat sur l’économie nationale. « Aujourd’hui le marché est au point mort. L’activité actuelle correspond à peine à 5 % de celle réalisée avant les événements », affirme un grand importateur de voitures, qui a souhaité garder l’anonymat. « Le...