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Actualités - ANALYSE

Éclairage Cinq ans après les attentats du 11 septembre, la polémique sur le système d’éducation saoudien se poursuit

Les attentats du 11 septembre, dont 15 des 19 auteurs étaient saoudiens, ont provoqué aux États-Unis une vague d’accusations contre le système d’éducation saoudien, accusé d’encourager l’extrémisme islamiste. Cinq ans après, le débat continue de faire rage. Mais pour les experts saoudiens, c’est une interprétation erronée des textes religieux ou leur utilisation pour justifier l’intolérance qui est en cause. « Le problème n’a rien à voir avec les textes de l’enseignement religieux, qui reposent en grande partie sur le Coran et la sunna (les actes et les paroles du prophète Mohammad) », déclare Hamad al-Majed, professeur d’éducation à l’Université Imam Mohammad ben Saoud. Mais les extrémistes considèrent que certains textes religieux justifient leurs idées, surtout lorsqu’ils sont pris à la lettre en dehors de leur contexte, a-t-il affirmé à l’AFP. Il donne ainsi l’exemple d’un verset du Coran qui dit à l’adresse des musulmans : « Combattez les infidèles autour de vous et soyez durs avec eux. » Mais ce verset se réfère à une situation dans laquelle le prophète Mohammad était attaqué par des ennemis et constitue donc un appel à l’autodéfense, et non à combattre « les infidèles » dans l’absolu, explique-t-il. Khaled al-Awwad, membre du Conseil consultatif saoudien (Majlis al-choura) et ancien sous-secrétaire d’État à l’Éducation, affirme que, depuis le 11-Septembre, les programmes scolaires ont été révisés par des commissions spécialisées, qui en ont supprimé des éléments pouvant être mal interprétés. Il assure que désormais les programmes d’enseignement saoudiens n’encouragent pas l’extrémisme ou l’intolérance envers les autres religions. Mais, selon Aziza al-Manee, une professeure à l’Université du roi Saoud, qui a fait ses études aux États-Unis, « le problème provient de l’introduction de points de vue personnels par les auteurs de livres scolaires sur la religion ». Selon Mme Manee, l’ensemble du système éducatif saoudien doit être réformé afin d’introduire des matières scientifiques plus d’actualité, de changer les méthodes d’enseignement et de développer la libre pensée. « Si nous pouvons créer un étudiant qui pense librement, il ne sera pas facilement influencé par des idées personnelles figurant dans certains livres (...) Nos étudiants n’ont pas d’esprit critique », affirme Mme Manee. Les manuels scolaires saoudiens sont accusés de promouvoir l’intolérance non seulement envers les non-musulmans, mais aussi à l’encontre des sectes islamiques qui diffèrent de la pensée sunnite salafiste à l’origine de la doctrine wahhabite dominante. Or, « ni le Coran ni la sunna ne parlent de sectes, puisque le schisme (entre les musulmans) n’a eu lieu que durant la seconde génération », celle d’après le prophète. Tout ce qui figure sur les sectes dans les livres d’enseignement « est donc une interprétation » de leurs auteurs, ajoute Mme Manee. L’Arabie saoudite compte une importante minorité chiite, ainsi qu’un nombre moins important d’ismaéliens (émanation de l’islam chiite) et de soufis. Hatoun al-Fassi, historienne et militante des droits de la femme, souligne que ce n’est qu’il y a trois ans, lorsque des militants d’el-Qaëda ont perpétré leurs premiers attentats dans le royaume, que les Saoudiens ont commencé à parler publiquement des « autres sectes », dont l’existence était jusqu’alors passée sous silence. Le débat a été déclenché par un triple attentat-suicide contre des complexes résidentiels à Ryad en mai 2003. « Ça a été notre propre 11-Septembre. Auparavant, personne ne voulait croire que l’extrémisme existait ou même que des Saoudiens avaient commis les attaques du 11-Septembre. Les Saoudiens refusaient de voir la réalité », estime Mme Fassi. Lydia GEORGI (AFP)

Les attentats du 11 septembre, dont 15 des 19 auteurs étaient saoudiens, ont provoqué aux États-Unis une vague d’accusations contre le système d’éducation saoudien, accusé d’encourager l’extrémisme islamiste.
Cinq ans après, le débat continue de faire rage. Mais pour les experts saoudiens, c’est une interprétation erronée des textes religieux ou leur utilisation...