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Actualités

De Charybde en Scylla

Cette sixième guerre israélo-arabe, comme beaucoup se plaisent à l’appeler, a placé le Liban devant une question fondamentale pour son existence, voire sa survie: celle de savoir comment envisager l’après-guerre en tant que Libanais égaux en droits et en devoirs. D’accord pour un avenir commun, mais comment concevoir cet avenir, en tant que citoyens responsables et associés, est encore plus important. Bien que la décision de se battre, pour ne pas dire de déclencher les hostilités, a été prise de manière unilatérale par le Hezbollah, les Libanais, toutes religions confondues, ont vibré devant les exploits de la Résistance et salué l’héroïsme de ses combattants qui ont défié l’une des machines de guerre les plus meurtrières et les plus arrogantes du monde. Alors que les représentants d’une grande partie de la population libanaise ont été délibérément ignorés et, par le fait même, ceux qui les ont élus ont été marginalisés et tenus à l’écart, il ne s’est pas trouvé un Libanais qui n’ait pas applaudi lorsque le prétentieux et sans merci Goliath israélien fut mis à terre. En aidant les personnes déplacées, en s’abstenant de toute critique qui pourrait être perçue comme négative, en acceptant la situation telle qu’elle leur a été imposée et non pas telle qu’ils voudraient qu’elle soit, l’ensemble de la population, à divers degrés et de façons différentes, a contribué à l’effort de guerre qui a permis la victoire du Liban incarné par le combat du Hezbollah. Cependant aujourd’hui, on a de plus en plus tendance à constater qu’un comportement de tout autre ordre vient se greffer sur ce parcours sans faute que tous les Libanais, main dans la main, ont accompli. Il est déplacé, pour ne pas dire dangereux, de se poser en censeur réprobateur et outragé et de lapider ses pairs à coup de conseils/sermons qu’ils doivent suivre religieusement pour ne pas être taxés de suppôts du sionisme. Encore plus déplacé de jouer sur la fibre, ô combien sensible, de la guerre civile et sur celle du juste choix d’une partie de la population après avoir ignoré jusqu’à l’existence de l’autre partie de cette même population. Et très déplacé de reprendre ce même discours vindicatif, qui jadis a heurté beaucoup de Libanais, après avoir profité de leur soutien durant les sombres heures de l’agression. Le Liban, jusqu’à nouvel ordre, est une démocratie parlementaire. Dans un pareil régime, un bulletin de vote vaut une kalachnikov et un corps électoral est formé de citoyens et non de pasdarans. Tant que les Libanais ne se seront pas mis d’accord sur ces modalités essentielles et sur le fait qu’il n’y a pas de primus unter pares mais rien que des égaux, l’après-guerre risque d’être plus douloureuse que la guerre. Eddy TOHMÉ
Cette sixième guerre israélo-arabe, comme beaucoup se plaisent à l’appeler, a placé le Liban devant une question fondamentale pour son existence, voire sa survie: celle de savoir comment envisager l’après-guerre en tant que Libanais égaux en droits et en devoirs. D’accord pour un avenir commun, mais comment concevoir cet avenir, en tant que citoyens responsables et...