Rechercher
Rechercher

Actualités

RENTRÉE LITTÉRAIRE Premiers romans : un crack et des chevau-légers

Quatre-vingt-dix-sept premiers romans sortent en librairie pour la rentrée littéraire, avec en vedette un Américain de 38 ans, Jonathan Littell, dont le premier livre en français enfonce la concurrence. Hors du commun, Les bienveillantes (éd. Gallimard) – un bloc de plus de 900 pages – l’est d’abord par la personnalité de son auteur. Né en 1967 à New York, Jonathan Littell est le fils de l’écrivain Robert Littell, grand reporter et maître du roman d’espionnage. « Exilé » en France dans le sillage de son père, il a travaillé pendant dix ans pour des organisations humanitaires et multiplié les missions en Bosnie et au Rwanda, en Tchétchénie ou en Afghanistan. En 2001, il s’accorde un an et demi de recherches et se lance dans l’écriture du grand roman qu’il a en tête : la confession d’un officier SS de haut rang, Max Aue, qui a refait sa vie en France après la Seconde Guerre mondiale et ne cesse de dire qu’il n’a « rien à justifier » de ses actes. Parfaitement bilingue, Littell choisit d’écrire en français. Le résultat est un récit épique, foisonnant, méticuleux dans le détail, de Berlin à Stalingrad, de Paris occupé au bunker d’Hitler, une fresque dans la lignée des Damnés de Luchino Visconti. Avec en toile de fond une interrogation : Qu’est-ce que j’aurais fait si j’avais été allemand pendant la Seconde Guerre mondiale ? La première phrase dévoile l’ampleur du projet : « Frères humains, laissez-moi vous raconter comment ça c’est passé. » Max Aue est un intellectuel, féru de littérature, devenu un technicien de l’horreur, qui résume ainsi sa vie : « Je ne regrette rien : j’ai fait mon travail, voilà tout. » Un roman à grandes enjambées, que certains saluent déjà comme « le chef-d’œuvre de la rentrée » (Le Nouvel Observateur), « un monument de la littérature contemporaine » (Figaro Magazine). 905 pages sans un mot de trop, selon l’écrivain Dominique Fernandez, qui évoque Guerre et paix de Tolstoï et Vie et destin de Vassili Grossman. Forcément, l’intrusion dans le roman français de cet Américain polyglotte à la silhouette adolescente, qui a vécu à Moscou, Istanbul et vient de s’établir à Barcelone, bouscule le paysage. Si la tendance chez les nouveaux romanciers est le retour à la fiction pure, leurs livres soutiennent difficilement la comparaison. Plusieurs jeunes auteurs se sont emparés des rapports sociaux : Aymeric Patricot, Azima la rouge (Flammarion), ou Laurent Quintreau, Marge Brute (Denoël). D’autres explorent des thèmes traditionnels de la passion, la quête d’identité ou du désespoir, le tout dans une atmosphère plutôt sombre, avec beaucoup de violences, sociales, conjugales, banlieusardes. Mais on est loin du tumulte du siège de Stalingrad et de la débâcle de l’armée allemande. Gallimard ne parle d’ailleurs pas à propos des Bienveillantes de premier roman, mais de la « première œuvre littéraire » de Littell. Dominique CHABROL (AFP)
Quatre-vingt-dix-sept premiers romans sortent en librairie pour la rentrée littéraire, avec en vedette un Américain de 38 ans, Jonathan Littell, dont le premier livre en français enfonce la concurrence.
Hors du commun, Les bienveillantes (éd. Gallimard) – un bloc de plus de 900 pages – l’est d’abord par la personnalité de son auteur.
Né en 1967 à New York, Jonathan...