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Les agriculteurs ayant fui les bombardements ont manqué la saison Récolte amère dans les champs de tabac du Liban-Sud

Les tiges frêles tanguent sous le poids des fleurs à peine rosées et des feuilles rôties par le soleil. La saison du tabac s’éteint dans les champs du Liban-Sud sans même avoir été récoltée, selon un reportage de l’AFP signé Anne Chaon. Installé en famille dans son garage en parpaings aux abords de Aïtaroun, Hussein Ali attend « l’expert » du Hezbollah qui a promis de venir évaluer ses pertes. Le linge qui sèche dans le jardin signale la présence de vie dans ce village déserté, à 3 km de la ligne bleue. Lui-même n’est rentré que depuis quatre jours de Saïda où il avait fui la guerre, abandonnant derrière lui dix hectares de plants de tabac au moment de la récolte. Le tabac, une affaire de famille et la principale source de revenus pour 16 000 familles du Liban, essentiellement au Liban-Sud, se cueille au mieux de sa forme à partir de juin et jusqu’à début août. Interrompue par la guerre, la récolte a grillé sur pied. « Habituellement, le Liban produit 5,2 millions de tonnes de feuilles, mais nous prévoyons une saison catastrophique », indique Nahla Slim, responsable de la communication de la Régie nationale des tabacs et tombacs. « Les principales régions productrices sont les plus endommagées, et la Régie étudie avec le gouvernement comment les dédommager, mais rien n’est encore décidé », ajoute-t-elle. La production de tabac est subventionnée par l’État. La Régie, une administration fondée en 1935 lors du mandat français, achète le kilo de tabac 12 000 livres libanaises, « alors que le prix du marché varie autour de 3 dollars », souligne Mme Slim. « Sans la guerre, c’est déjà difficile, car la Régie n’achète que 400 kg par famille (équivalent à un revenu mensuel de 266 dollars). Mais en plus, nous cultivons aussi des tomates et des concombres. Cette année, tout est mort par manque d’eau », relève Hussein Ali. De père en fils, le tabac mobilise les générations depuis des décennies. « Hoda est la meilleure », dit fièrement le père en montrant sa fille cadette de 12 ans qui rougit sous son voile noir. À la nuit tombante ou à l’aube, avant que la chaleur ne colle les feuilles entre elles, parents et enfants cueillent les feuilles une à une, les enfilent sur des fils en lourdes grappes qui sèchent sous les combles ou les terrasses. Hoda a commencé à 5 ans, comme ses quatre frères et sœurs. Quand la brassée est entièrement roussie, les feuilles sont précautionneusement tassées en balles de 25 kg qui rejoindront le dépôt du village. La Régie ramasse la mise en décembre. Les surplus peuvent être vendus aux voisins qui n’ont pas atteint le quota. La famille de Hussein Ali espère ainsi écouler ses stocks de 2004 et 2005 pour compenser les pertes. « La plupart des gens ont perdu leur saison en fuyant les bombardements. Avec Rmeich, Aïtaroun est le plus gros producteur le long de la frontière », où les déplacés hésitent toujours à rentrer, une semaine après la fin des hostilités, indique-t-il. Et ceux qui reviennent autour de Nabatiyeh, Bint Jbeil ou Tebnine ne peuvent sauver les dernières feuilles qu’en s’aventurant dans les champs truffés d’engins non explosés. « Je n’en ai pas vu chez moi, mais il y en a plein autour du village », note le paysan en offrant un tour du propriétaire. En revanche, la frontière est restée minée depuis le départ des Israéliens en 2000.
Les tiges frêles tanguent sous le poids des fleurs à peine rosées et des feuilles rôties par le soleil. La saison du tabac s’éteint dans les champs du Liban-Sud sans même avoir été récoltée, selon un reportage de l’AFP signé Anne Chaon.
Installé en famille dans son garage en parpaings aux abords de Aïtaroun, Hussein Ali attend « l’expert » du Hezbollah qui a...