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Récit Dix mois à la dérive : l’odyssée de trois pêcheurs mexicains miraculés

« On a passé la plupart du temps à lire la Bible » : dans un entretien à l’AFP, trois pêcheurs mexicains livrent le récit d’une des odyssées les plus incroyables de l’histoire maritime, après avoir survécu à près de dix mois de dérive à travers l’océan Pacifique. «Dieu nous a vraiment aidés car nous étions en mer pour si longtemps », témoigne Jesús Vidana Lopez, 27 ans, interrogé à bord du thonier taïwanais qui, le 9 août, a découvert les trois hommes après huit mille km perdus en haute mer. Les naufragés ont mis pied dans la capitale des îles Marshall, Majuro, hier matin. Tout sourire et habillés de frais, leur allure contrastait avec l’apparence émaciée et les haillons avec lesquels ils avaient été découverts il y a deux semaines. Lucio Rendon, 27 ans, Salvador Ordonez, 37, et Jesús Vidana doivent rester deux jours à Majuro pour des examens médicaux, avant d’être transférés aujourd’hui vers Hawaï puis le Mexique. Ils avaient quitté en octobre 2005 le petit port de pêche de San Blas, sur la côte Pacifique du Mexique, pour aller pêcher le requin à bord d’une barque motorisée, mais le mauvais temps puis une panne d’essence les ont empêchés de regagner la côte. Leur embarcation, de moins de neuf mètres de long sur trois de large, ne disposait d’aucun moyen d’alerte ni de navigation. Et le seul équipement à bord était destiné à la pêche au requin : les hameçons étaient trop grands pour de petits poissons, et les naufragés ont dû en fabriquer de plus petits avec du fil de fer. C’est grâce à Ordonez que les compagnons de fortune ont eu la vie sauve, estiment Vidana et Rendon. Surnommé « El Gato » (le chat), Ordonez arrivait à se glisser sans bruit à proximité des oiseaux qui se posaient sur l’embarcation, avant de bondir sur sa proie. Les mouettes et poissons crus ont représenté la seule nourriture de l’équipage, tandis que l’eau de pluie a réussi à étancher leur soif. Le pire, ils l’ont connu en décembre-janvier quand de violentes tempêtes se sont abattues sur leur frêle embarcation, les empêchant d’attraper leur nourriture. « On avait peur de couler... Nous avons passé jusqu’à treize jours sans nourriture, on n’avait qu’un oiseau à manger », se souvient Salvador Ordonez. Deux autres marins naufragés, qui avaient entamé avec eux le périple, sont morts au bout de deux mois. « Ils ne pouvaient pas manger d’oiseaux et de poissons crus. Ils n’arrêtaient pas de vomir et ils ont fini par cracher du sang », raconte M. Ordonez. Les deux pêcheurs décédés, dont l’identité n’a pas été révélée, ont dû être jetés par-dessus bord. Dans un entretien séparé, accordé à la chaîne mexicaine Televisa, Jesús Vidana a nié que les rescapés se soient livrés au cannibalisme ou au trafic de drogue. « Non, non. J’ai entendu que des gens disaient ça au Mexique, mais ce n’est pas vrai », a-t-il répondu. Des navires sont passés non loin de leur « radeau de la Méduse », mais aucun ne les a vus. Jusqu’au 9 août quand le Koo’s 102 a aperçu un point blanc sur son radar, au beau milieu du Pacifique, non loin de l’île de Kiribati. Parti à la rencontre de l’objet non identifié, le thonier a découvert une embarcation perdue, avec, sur son pont arrière, trois hommes plongés dans un sommeil comateux. Réveillé par le grondement du moteur du navire, Ordonez a secoué ses compagnons pour leur annoncer la bonne nouvelle. Mais ils ont refusé de la croire, certains qu’il ne s’agissait encore une fois que du bruit du vent. Jusqu’à ce que leurs yeux leur apportent la preuve qu’ils étaient sauvés. Ils se sont alors mis frénétiquement à s’agiter en direction du thonier, raconte un membre de son équipe, Lanpe Lejjiur. « Même une fois qu’on était sur leur embarcation, ils continuaient à faire signe », se souvient-il. Les trois naufragés « n’avaient plus que la peau sur les os », se souvient un autre membre d’équipage, Linter Lepan. Hier, enfin sur terre, les miraculés ont téléphoné à leurs familles. Vidana a découvert qu’il était le père d’une petite fille de six mois.

« On a passé la plupart du temps à lire la Bible » : dans un entretien à l’AFP, trois pêcheurs mexicains livrent le récit d’une des odyssées les plus incroyables de l’histoire maritime, après avoir survécu à près de dix mois de dérive à travers l’océan Pacifique.

«Dieu nous a vraiment aidés car nous étions en mer pour si longtemps », témoigne Jesús...