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Actualités - CHRONOLOGIE

Les secouristes ont payé un lourd tribut en un mois de guerre L’adieu poignant des volontaires de la CRL à leur camarade tué dans le bombardement du convoi de Marjeyoun

Zahlé, hier, a résonné des crépitements d’un feu d’artifice, des sirènes des ambulances et de la fanfare municipale pendant que des secouristes portaient le cercueil de leur ami, Mikhaël Jbaili, et s’apprêtaient à le mettre en terre. C’est en présence d’une foule immense, sous un tonnerre d’applaudissements et une pluie de riz, et dans une atmosphère particulièrement poignante que les funérailles du secouriste de la Croix-Rouge ont eu lieu à Zahlé. Mikhaël Jbaili a été tué lors du bombardement israélien du convoi des rescapés de Marjeyoun, vendredi (voir par ailleurs). Il s’était rendu sur les lieux du bombardement pour sauver les blessés. « Ce n’était pas un ami, c’était un frère. Lorsque nous déclencherons les sirènes de nos ambulances, ce ne sera pas pour nous ouvrir la voie, mais pour que là-haut tu ne nous oublies pas », dit en pleurant Youssef Abou Freh, un secouriste de 31 ans. Mikhaël Jbaili avait 35 ans et était père de deux enfants, âgés de quatre ans et de trois mois. Une roquette tirée d’un drone israélien lui a ôté la vie alors qu’il venait en sauver : c’est le deuxième secouriste libanais tué durant la guerre de l’été entre Israël et le Hezbollah, rapporte Sammy Ketz. « L’invasion israélienne de 1982 était harassante pour nos équipes, mais c’était une guerre terrestre », relève Georges Kettané, directeur des équipes d’urgence de la Croix-Rouge. « Durant ces affrontements, nous avons été pour la première fois directement visés et nos ambulances détruites en dépit de notre sigle », affirme-t-il en précisant que la CRL déplore à ce jour un mort et dix blessés. Le chef de la Défense civile pour la Békaa, Tony Abou Zeidane, confirme. « Rien à voir avec les autres guerres. Cette fois ce sont les avions qui frappent et ce sont eux qui nous ont fait le plus de mal », indique-t-il. La Défense civile a payé un lourd tribut : un de ses secouristes a été tué et 58 blessés dans tout le pays, a indiqué son directeur national, le général Darwich Hobeika. Mikhaël Jbaili faisait partie des 2 500 secouristes de la CRL et se portait volontaire pour toute les missions. Vendredi, il s’était rendu à Jeb Jennine pour aider un convoi de 4 000 déplacés fuyant Marjeyoun, attaqué à deux reprises par l’aviation israélienne en quelques minutes, non loin de Kefraya. « Il transportait vers l’ambulance des blessés de la première attaque quand une roquette a explosé derrière lui. Il a été littéralement projeté », indique un camarade de Mikhaël, soulignant : « C’est stupéfiant de venir en aide à des blessés et de repartir dans l’ambulance avec votre ami qui, précisément, était venu leur porter secours. » Pour tous ces jeunes, cette guerre était la première. En dépit de leur préparation, ils sont bouleversés par ce qu’ils ont vu. « J’ai fait un stage de secours d’urgence il y a un peu plus d’un mois, mais jamais je n’aurais imaginé que la guerre était aussi monstrueuse, l’horreur si grande », confie Abir Youssef, un institutrice de 28 ans qui porte l’uniforme orange de la CRL depuis 1996. Pendant le conflit, l’équipe de Zahlé a participé à 400 missions et la cinquantaine de volontaires chevronnés ont veillé chaque nuit dans les locaux de l’organisation. « Quand je me suis rendue il y a une semaine à Tarchiche, à la sortie de Zahlé, pour porter secours à trois camionneurs blessés par des tirs de l’aviation, j’ai eu le plus grand choc de ma vie. J’ai vu un conducteur complètement brûlé, la cage thoracique à nu », ajoute Abir, encore ébranlée par cette vision. Mais chacun est très fier de sa mission. « Nous sommes ici pour sauver des vies toute l’année et c’est absolument formidable », s’enflamme Souheil Afrim, employé de banque de 26 ans.
Zahlé, hier, a résonné des crépitements d’un feu d’artifice, des sirènes des ambulances et de la fanfare municipale pendant que des secouristes portaient le cercueil de leur ami, Mikhaël Jbaili, et s’apprêtaient à le mettre en terre.
C’est en présence d’une foule immense, sous un tonnerre d’applaudissements et une pluie de riz, et dans une atmosphère...