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Actualités

Jeunesse en perdition

Mercredi soir (26 juillet, NDLR), ceux qui ont la chance d’habiter encore le Liban, d’avoir encore du courant électrique, de capter encore la télévision et d’avoir regardé le programme Kalam el-Nass sur la LBCI ont pu mesurer l’étendue de la catastrophe que nous encourons. J’attendais cette émission avec impatience, car je voulais connaître la réalité politique brute, aux deux sens du mot, qui se cachait derrière les « salamalecs » de circonstance et la langue de bois politicienne sur l’unité nationale. Le résultat est assommant, pour ne pas dire désolant. Les optimistes pourront toujours se voiler la face devant la réalité en critiquant le choix du panel, l’absence de jeunes réellement politisés ou des responsables étudiants, et plein d’autres excuses. Heureusement que l’animateur a, à plusieurs reprises, recentré le débat et rappelé aux interlocuteurs ce qui se passait à l’extérieur et le fait que des gens innocents mouraient sous les bombes. Cette émission m’a laissé un goût amer à plusieurs niveaux. Tout d’abord, alors que les jeunes auraient dû être à l’avant-garde de la recherche de solutions innovantes pour sortir de la crise actuelle que traverse le Liban, les voici qui se présentaient en parfaits petits soldats de leur chef, ou supposé tel. Nous avons assisté à une mini-table de dialogue et nous en sommes venus à regretter les moins jeunes. Au moins eux ont la décence de respecter les apparences. Ainsi, aucun des participants n’a osé esquisser le moindre début de critique, encore moins d’analyse critique de la position de son camp. Aucune idée originale et novatrice n’a émergé de ces deux heures de dialogue de sourds. La deuxième raison de se désoler réside dans l’absence de sens et de culture politiques de ces jeunes, illustrés par les contre-sens et les erreurs historiques sur l’histoire contemporaine du Liban, histoire si contemporaine qu’elle continue à brûler le pays. On a découvert ainsi, entre autres, que la deuxième intifada se situe avant la libération du Liban-Sud. Je ne savais pas que dans le calendrier de la jeunesse libanaise, septembre grillait la politesse au mois de mai. Je cite seulement celle-ci, car je trouve qu’elle mérite d’être inscrite au bêtisier de l’année. Ensuite, la qualité d’écoute est alarmante. Que feront ces jeunes quand ils seront au pouvoir ? Certes ils auront alors la soixantaine, le temps que leurs aînés aient fini de s’entre-tuer. Sérieusement, je suis inquiet car l’image qu’ils nous ont renvoyée était encore plus catastrophique que celle que renvoient d’habitude leurs idoles. À ce dialogue de sourds s’est ajoutée une violence verbale impressionnante tant elle donne l’impression d’avoir été contenue, et depuis longtemps. Critiquer est facile, il faut toutefois reconnaître et remercier ces jeunes de nous avoir révélé les vrais dangers que nous encourons, avec ou sans nos voisins, tellement nous savons foncer droit dans le mur. La leçon à tirer de ce déballage d’incompréhension et de haine auquel nous avons assisté, c’est l’urgence de revenir à l’essentiel : il manque au Liban une réelle culture de dialogue et d’acceptation de l’autre. Comment imaginer construire un pays si nous ne sommes même pas capables de dialoguer et d’admettre que l’autre a le droit d’avoir une opinion différente et surtout d’avoir raison ou tort, l’important étant de reconnaître une fois pour toutes l’humanité de tout un chacun et d’arrêter de vouloir la dénier à toute personne qui s’oppose à nos schémas intellectuels. Si nous voulons renaître comme le phénix, nous devons apprendre à nous entendre et à reconnaître nos différences. Sinon, nous pouvons dire adieu au Liban et en laisser les clés à nos deux puissants voisins. Ils auront gagné… Wadih AL-ASMAR
Mercredi soir (26 juillet, NDLR), ceux qui ont la chance d’habiter encore le Liban, d’avoir encore du courant électrique, de capter encore la télévision et d’avoir regardé le programme Kalam el-Nass sur la LBCI ont pu mesurer l’étendue de la catastrophe que nous encourons. J’attendais cette émission avec impatience, car je voulais connaître la réalité politique...