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Actualités - OPINIONS

L’agression israélienne et ses retombées

Entre le marteau et l’enclume Est-il permis de s’acharner sur un pays et son peuple pour une prise d’otages ? Mais l’État hébreu a de tout temps cherché un prétexte pour attaquer et affaiblir notre pays par des tirs sporadiques ou encore en violant notre espace aérien pour prouver sa supériorité en matière stratégique. Mais faire pleuvoir des tonnes de bombes sur presque toutes les régions, en semant la mort et la destruction sous prétexte de s’en prendre au Hezbollah… Il y a quand même des limites et des normes à respecter, comme les droits de l’homme en temps de guerre. Il y a quelques jours, la ministre des Affaires étrangères israélienne a annoncé que son pays ne déclarait pas la guerre au Liban, mais uniquement au Hezbollah. Dans ce cas-là, pourquoi ne pas régler cette affaire par le biais diplomatique, avec l’intervention énergique du Conseil de sécurité de l’ONU et des pays amis de l’Union européenne, afin de trouver une solution à cette guerre qui n’engendre que violence et haine ? Notre peuple ne demande qu’à vivre en paix et notre pays n’est pas une arène pour servir de champ de bataille à quiconque veut régler ses comptes. Après trente ans de guerre et d’occupation, les séquelles de nos malheurs à peine cicatrisées, voilà de nouveau une autre tempête qui s’abat sur notre pays martyrisé. Prisonniers, dites-vous ? Qui pense aux détenus libanais innocents attendant leur libération, emprisonnés dans des conditions épouvantables que ce soit en Syrie ou en Israël ? Hilda DADOURIAN Merci ! Il y a trente ans, mes parents fuyaient Beyrouth avec leur fille de 3 ans. L’histoire se répète, et aujourd’hui c’est au tour de leur fille d’emmener ses deux petits garçons hors de leur pays, qui est de nouveau la cible de la cruauté des hommes. L’exode est une épreuve difficile. Mais les équipes déployées afin d’aider les Français à embarquer dans les bateaux mis à leur disposition pour rejoindre Chypre ont été largement à la hauteur des expectatives de leur gouvernement. Je voudrais donc par ces mots remercier tous ceux qui ont contribué à rendre ce voyage « forcé » moins pénible qu’il aurait pu être. Merci au gouvernement français d’avoir réagi si vite. Merci à l’ambassade de France, au consulat général de France, aux délégués des Français de l’étranger, aux bénévoles, aux équipes spécialisées du ministère des Affaires étrangères, du ministère de l’Intérieur et du ministère de la Défense, à la Croix-Rouge française, à MM. Douste-Blazy et Dominique de Villepin. Merci pour ces sourires, pour ces paroles réconfortantes, pour cet humour modéré, pour ces regards compréhensifs, mais sans apitoiements, pour ce dévouement entier et sans a priori, pour cette volonté d’aider malgré l’humeur et les remarques désagréables de certains, merci enfin pour cette présence qui a été la vôtre et sans laquelle nous aurions subi plus intensément les foudres de cette guerre injuste. Chantal Mille ARIDA Le pont de Mdeirej Dans ma longue vue, je regarde le pont de Mdeirej et le même frisson qui m’avait secoué le vendredi 21 juillet me traverse de nouveau. J’ai vu une partie de ce pont se détacher et s’écraser dans la vallée. Dans mes jumelles qui rapprochaient le paysage je vis le spectacle horrible. Ce pont rendu impraticable depuis le 13 juillet a de nouveau été la cible de la furie destructrice et haineuse d’une armée puissante par son armement, minable par ses qualités humaines. À tous les criminels, même aux plus vils d’entre eux, sera accordé le pardon, sauf à ceux qui massacrent la beauté. Ceux-là, rien ne leur sera jamais remis. Ce pont était une œuvre d’art. Samira FAKHOURY Comme à Falloujah Après l’Irak et la Palestine, le Liban est le troisième pays arabe où les bombes « thermobariques », de fabrication américaine, sont utilisées, pour la première fois, contre des positions civiles. Ces charges explosives contiennent du polymère et du « FuelAirExplosives ». L’obus pénètre dans les constructions ou tunnels, créant un tel souffle explosif que tout l’oxygène est aspiré de l’espace et des poumons. Et la petite fille de Saïda gravement brûlée, défigurée par du phosphore blanc et photographiée le 23 juillet par un reporter de la RAI en est la preuve. Subitement, nous sommes devenus, après Falloujah, le lieu où vous pouvez regarder la promotion du chaos, de la désintégration et de la mort massive en direct sur vos téléviseurs. Le but de cette grande manœuvre est de remodeler fondamentalement la carte politique et idéologique du monde arabe et anéantir toute résistance anti-israélienne. En tant que Libanais, nous sommes choqués par l’échec de la conférence de Rome qui a discuté de tout sauf d’un cessez-le-feu immédiat. Antoine SABBAGHA À quand la bombe A ? Non, Israël ne mène pas une guerre contre le Hezbollah. Aujourd’hui, la situation au Liban est catastrophique : ces 500000 Libanais qui ont quitté leurs maisons sont-ils des combattants du Hezbollah ? Entre les adversaires politiques libanais et les ennemis de la nation libanaise, le choix est vite fait et nous ferons les comptes avec le Hezbollah à la fin de la guerre. Mais demander un cessez-le-feu immédiat est une mission impossible. Mais que doit donc faire Israël pour que cette chère communauté internationale intervienne ? Utiliser la bombe atomique peut-être ? Ou manger tous les Libanais tout crus ? Nous sommes pour l’instant les grands oubliés et mal-aimés de ce monde. Et notre sol est l’arène sur laquelle se déroule un combat entre Israël et les États-Unis d’un côté, l’Iran et la Syrie de l’autre. Le peuple libanais, lui, est pris en otage, témoin impuissant d’un spectacle dont il a déjà été victime de 1975 à 1990, puis en 1996 avec les Raisins de la colère. Khalil CHÉHADÉ Un amour éternel « Beyrouth bombardé. » « Le Liban brûle. » « Un pays ravagé. » Ces mots résonnent dans l’esprit des Libanais tel le son régulier d’une horloge. Une horloge qui tourne en vain, donnant l’impression qu’on est entré dans un cercle vicieux sans fin. Un son régulier comme pour rappeler aux Libanais que ce ne sera jamais terminé. On pensait pourtant qu’après l’événement tragique de février 2005, le Cèdre allait retrouver tout son éclat et toute sa splendeur d’avant-guerre et on ne voyait plus ce qui pourrait faire du mal au Liban. Le pays allait enfin entrer dans une période d’union nationale et de prospérité qui, cette fois-ci, semblait bien réelle. Le Cèdre qui n’était jamais vraiment mort pourrait enfin s’épanouir. C’est du moins ce que croyait tout un pays. L’horloge semblait enfin être déréglée. Mais l’histoire en avait décidé autrement. La période de quiétude n’était qu’illusoire et on allait de nouveau s’attaquer à un Cèdre convalescent. Les récents événements ont réveillé un traumatisme qui était enfoui dans l’esprit des Libanais et qui n’avait donc jamais disparu. L’impression d’un retour 30 ans en arrière. Comme si le temps reprenait son cours. Comme si l’horloge commençait un nouveau tour. La nouvelle destruction du Cèdre semble avoir entraîné avec elle l’évanouissement des espoirs de tout un pays qui a déjà tant souffert. On peut alors se demander ce qui peut sauver à nouveau le Cèdre immortel. Certainement l’amour que lui porte tout un peuple. Un amour éternel, unique chose qu’on ne pourra jamais enlever aux Libanais. Philippe Antoine ABDEL-MASSIH Paris Commémorations ! Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, des commémorations sont organisées régulièrement de par le monde pour condamner les crimes nazis à l’encontre de juifs d’Europe. Depuis la fin de cette guerre, on nous rebat les oreilles, un jour sur deux, pour honorer la mémoire des juifs morts lors de l’Holocauste et de la Shoah. Depuis la fin de cette guerre, on « retrouve », « met en lumière » et honore, bon an mal an, des « justes » qui auraient hébergé des juifs afin de les extraire des griffes de la machine à exterminer. Depuis la fin de cette guerre, le drame juif de 39-45 est exploité par Israël et ses amis en vue de donner au monde cette mauvaise conscience qui plaît aux faibles et aux irresponsables. Depuis la fin de cette guerre, on fait taire, de gré ou de force, tout juif allemand ou américain qui se permet de critiquer Israël pour que la propagande sioniste fasse son œuvre. Plus jamais cela – never again – nie wieder ! Alors, je vous demande à quoi servent les commémorations face à la barbarie de l’extermination israélienne de son voisinage politique. Je vous adresse ce courrier parce que la presse « libre » européenne ne le publiera pas. Michel KANDALAFT Toulouse Il ne faut pas réveiller un chat qui dort La guerre était prévue, préparée et il ne restait qu’à en choisir la date. C’est ce que les analystes de tous bords se tuent (presque littéralement) à nous expliquer. Admettons. Mais était-il nécessaire de provoquer, d’en prendre l’initiative, surtout que, d’après ce que tout le monde explique, l’ennemi israélien n’attendait que ça ? Résultat : des destructions, des morts, des réfugiés... Sans parler des familles éparpillées aux quatre coins du monde, des enfants traumatisés à vie. On veut nous faire croire que les États-Unis, l’Angleterre, la France et tous les autres pays du G8 veulent que les combats s’arrêtent, mais qu’ils n’arrivent pas à faire entendre raison à Israël. Allons donc ! On nous prend vraiment pour des imbéciles. Et pour ceux qui ont décidé il y a quatorze jours de libérer leur(s) prisonnier(s), je ne dirai qu’une chose : « Il ne faut pas réveiller un chat qui dort », dit le proverbe. À plus forte raison si ce chat est sauvage. Maria MAJDALANI L’espoir que la raison l’emportera Je suis français, père d’une jeune fille qui a épousé à Paris un Libanais et qui, depuis quelques années, réside à Beyrouth. Par chance, elle est arrivée à Cannes, où je réside maintenant, quelques jours avant que ne commence cette sauvagerie. Son mari est venu, lui, 24 heures auparavant. Vous comprenez mon soulagement... Par contre, ils sont, quand ils le peuvent, en contact avec leurs amis libanais restés sur place et je souffre avec eux de ce qu’ils ressentent. Je suis, de plus, traumatisé car je suis né d’une famille juive française non pratiquante et ai subi l’occupation nazie durant la dernière guerre avant de pouvoir rejoindre les forces du général de Gaulle. Comment comprendre que des Israéliens puissent se conduire de la sorte contre un pays comme le Liban me rend fou. Il y a un groupe libanais qui se conduit, comme il vient de le faire, en enlevant deux soldats israéliens, mais est-ce une raison pour tuer des femmes et des enfants ? Je n’ai vraiment rien de commun avec ce soi-disant peuple élu, dont je ferais partie de par mes origines. Je crois de mon devoir de dire aux Libanais de toutes confessions que beaucoup de juifs sont concernés et partagent leurs souffrances. Je sais que la France fait tout pour essayer de faire arrêter cette guerre odieuse. Malheureusement, il y a d’autres pays qui y trouvent avantage. Cela est monstrueux. J’espère seulement que la raison l’emportera. Je sais, je suis un optimiste de naissance ! Cela m’a permis de vivre et j’espère qu’il en sera de même pour vous tous. Avec tout mon espoir. Pierre GRUMBACH Témoignage de Français rapatriés Je m’appelle Marguerite, comme ma grand-mère libanaise. J’ai 15 ans. Mon frère Michel en a 13. Comme beaucoup de jeunes Français d’origine libanaise, nous étions depuis trois semaines au Liban quand sont survenus les événements. Déchirés, abasourdis, désolés d’avoir à quitter nos grands-parents si prévenants, nous avons dû, sur un coup de téléphone de l’ambassade, que nos parents avaient sollicitée de France, quitter notre maison pour rejoindre, à 10 heures, avec une valise légère, le lieu de rassemblement. Dans leur tendresse, nos grands-parents avaient pris soin de nous donner beaucoup de nourriture. Souci bien inutile : la France nous offrait un voyage entouré d’une lourde logistique matérielle et sécuritaire, et surtout de toutes les attentions du cœur. Nous, mineurs, avons bénéficié de toutes les faveurs. Nous avons profité d’une cabine avec douche ; à chaque fois que nous avions besoin d’aller vers nos valises, un accompagnateur était disposé à nous soutenir. À Chypre, petit déjeuner et distribution de cartes téléphoniques pour appeler nos parents. Distribution d’eau pendant tout le trajet et à toutes les étapes. Présence de secouristes de la Croix-Rouge, du SAMU, de représentants de l’ambassade et du ministère des Affaires étrangères. À Paris, mon père était hébété par l’accueil qui nous a été réservé : entre police, CRS, Brigades des mineurs, Croix-Rouge, médecins et psychologues, il y avait plus de monde pour s’occuper de nous que de voyageurs. Des conseils ont été prodigués à nos familles pour assurer dans les jours à venir notre équilibre psychologique, chacun pouvait aller se rafraîchir au bar mis à disposition… Ainsi donc, victimes d’événements qui nous dépassent et dépassent même le Liban, nous avons pour consolation d’avoir vérifié une fois encore l’amitié que nous porte la France où nous sommes nés. Nous avons voulu par cette lettre le dire bien haut et avec tout notre cœur. Marguerite et Michel RAFFOUL
Entre le marteau et l’enclume

Est-il permis de s’acharner sur un pays et son peuple pour une prise d’otages ? Mais l’État hébreu a de tout temps cherché un prétexte pour attaquer et affaiblir notre pays par des tirs sporadiques ou encore en violant notre espace aérien pour prouver sa supériorité en matière stratégique. Mais faire pleuvoir des tonnes de bombes sur...