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Actualités - OPINION

Connaître le Beyrouth d’antan

Ah ! Le Beyrouth d’avant les guerres – car désormais, c’est le pluriel qui est de rigueur... Beauté, gloire, ouverture, magnificence. Si je ne peux vous en dire davantage, c’est que, voyez-vous, je n’ai que 17 ans. Cette époque-là, décrite par les poètes, chantée par les artistes venus de tous les horizons, cette époque, je ne l’ai pas connue. Mon pays, j’en entends parler comme d’un rêve lointain, d’un eldorado qui n’existera plus. J’ai grandi dans la frustration, en écoutant mes aînés parler avec nostalgie du Beyrouth d’antan. Modernisme, culture, richesse et splendeurs. Et je regarde autour de moi, essayant de retrouver la trace de tout cela. Mais je ne vois que ruines. Pourtant, j’ai été témoin de la restauration du centre-ville, devenu symbole de somptuosité et de nouveauté ; j’ai suivi les travaux d’agrandissement et de modernisation de l’aéroport ; j’ai assisté à l’édification des ponts, des autoroutes qui ont rendu, un moment, au Liban sa prospérité passée. Naïvement, j’ai vu dans tout cela un reflet de ce que me décrivaient mes parents, un début de retour à un passé si lointain et pourtant si proche. Il a fallu que les faits surviennent, comme pour balayer mes espoirs. Une nouvelle guerre a éclaté, dont le bilan est lourd, lourd : l’aéroport endommagé, l’infrastructure détruite, l’économie en capilotade... Dix-sept ans, l’âge de tous les optimismes, de tous les cynismes aussi. Alors, je me suis prise à me répéter : « Il ne faudrait surtout pas essayer de reconstruire ce que quelqu’un viendra certainement détruire. » Reviens, Beyrouth au charme si ensorcelant ; reviens, Liban Suisse de l’Orient, perle du monde ! Que j’ai la chance de voir, ne fut-ce que l’espace de quelque temps, Beyrouth la vraie, l’incomparable. J’adresse cette prière aux hommes qui ont fait cette guerre, à ceux qui en ont fait d’autres, à ceux qui n’ont rien fait pour sauver leur pays : vous avez la chance de connaître ce que vos enfants rêvent de voir. Réalisez leur rêve. Que ce soit un cadeau commun offert par tous les parents libanais à leurs enfants, à leurs petits-enfants. Idéaliste, sentimentale, soit. Mais je ne suis pas la seule. C’est le cas de toute une génération d’exilés, privés de voir leur pays, leur capitale. Privés d’un sentiment vital : le patriotisme. Victoria ABOU KHALIL
Ah ! Le Beyrouth d’avant les guerres – car désormais, c’est le pluriel qui est de rigueur... Beauté, gloire, ouverture, magnificence. Si je ne peux vous en dire davantage, c’est que, voyez-vous, je n’ai que 17 ans. Cette époque-là, décrite par les poètes, chantée par les artistes venus de tous les horizons, cette époque, je ne l’ai pas connue.
Mon pays, j’en...