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Actualités - OPINION

À l’école de mon père

Je ne comprends pas et je crois que je ne comprendrai jamais la politique libanaise. Je vois tout cela comme un plat de spaghettis mal préparé. Toutes ces pâtes mêlées, nouées, nappées d’une sauce à la viande avariée et dont nos politiciens gavent le peuple... Sans parler de leurs querelles personnelles qu’ils voudraient transformer en problèmes nationaux. Quinze ans de guerre, trente ans d’occupation syrienne et nous n’avons rien compris. Je crois sincèrement que nous ne comprendrons jamais rien ! Nous ne méritons pas d’avoir un pays souverain et indépendant, avec ces chicanes qui datent de l’an quarante et des politiciens qui s’insultent mutuellement, des prises de positions pour des raisons personnelles, etc. Et le peuple ? Qu’est-ce que nos chers et vaillants politiciens font du peuple ? Et l’économie ? Notre pays était un paradis, un jardin d’Éden et qu’avez-vous fait pour le garder, pour le préserver ? Rien, ou pire... Personne n’est innocent ou meilleur que l’autre ; toutes les factions, partis politiques et autres regroupements qui font du lobbying ont mené le peuple dans une guerre sans fin, créant ainsi un gouffre sans fond entre les citoyens. Je lis le journal depuis l’âge de 14 ans et il m’arrive souvent de me demander si les journalistes ne vont pas chercher dans les archives d’anciens articles et changent juste les noms pour nous servir les choses sous de gros titres. Sommes-nous ou non libanais ? Alors, arrêtons ces mascarades ; elles ne sont pas dignes d’hommes, d’hommes d’État. Un Liban pour les Libanais, c’est pourtant simple. Enterrons la hache de guerre. Que ceux qui doivent abandonner le pouvoir le fassent dignement et sincèrement. Que ceux qui doivent guérir le pays le fassent en consentant à accomplir les sacrifices nécessaires. Vous parlez d’un système démocratique, alors que la réalité politique de notre pays relève du système féodal. Monsieur X est mort, vive son fils. Je trouve cela d’un ridicule consommé. Mon pays ne guérira jamais. Un cancer y a été planté et personne n’a le courage d’aller jusqu’au bout pour l’extirper. La première solution à laquelle je pense consisterait à prendre tous ces chefs de partis, tous ces politiciens et leurs sbires et à les envoyer sur une île déserte où ils pourraient s’entre-tuer à plaisir, laissant le peuple vivre et respirer librement en paix. Deuxième solution : qu’on arrête d’encourager le système de castes au sein de la population, selon la religion de chacun. Que les écoles abolissent ce genre de barrière. L’anecdote qui suit date du début de la guerre en 1974, alors que j’avais 13 ans. Le parti Kataeb décide d’opérer un recensement à Achrafieh. Mon père, Mounir, reçoit le préposé à l’opération dans le salon arabe. Comme sa fonction l’exige, le visiteur lui demande de donner les noms, dates de naissance, âges, religions, etc. de chacun des résidents de la maison. Ceux qui ont connu mon père savent qu’il avait un grand sens de l’humour. Il commence par lui-même, bien sûr : Mounir Takchi, né le xxxx, âge xxx, religion grecque-orthodoxe ; Leila Rustom Takchi, née le xxx, âge xx. Le recenseur complète de lui-même : grecque-orthodoxe. Mon père rectifie : non, musulmane sunnite. Il continue : Marilyn Takchi, née le xxx, âge xx. Et l’homme dit : maronite. Mon père répond : non, latine ; Maya Takchi, née le xxxx, âge xx, commentaire en forme d’interrogation : latine ? Réponse de mon père: non, maronite. Iman Rustom, née le xxx, âge xx, religion musulmane chiite ; Marwan Takchi, né le xxx, âge xx, religion maronite ; Lamia Takchi, née le xxx, âge xx, religion grecque-orthodoxe. Nous avions aussi deux jeunes filles qui travaillaient pour nous... Elles étaient druzes. Le recenseur avait l’habitude, quand le père était maronite, de mettre des guillemets pour le reste de la famille. Pas chez nous ! Il déposa son crayon et lança à mon père en riant : « Cher Monsieur Takchi, vous représentez vraiment le Liban. Vous vivez tous sous un même toit et en harmonie. » Alors, Messieurs les politiciens et les chefs religieux, si mon père a été capable de le faire.... Allez, un petit effort ! Marwan Mounir TAKCHI Laval, Québec – Canada
Je ne comprends pas et je crois que je ne comprendrai jamais la politique libanaise. Je vois tout cela comme un plat de spaghettis mal préparé. Toutes ces pâtes mêlées, nouées, nappées d’une sauce à la viande avariée et dont nos politiciens gavent le peuple... Sans parler de leurs querelles personnelles qu’ils voudraient transformer en problèmes nationaux.
Quinze ans de...