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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Il a signé la musique de « Beirut-After Shave » Khaled Mouzannar : attention talent!

Une des vedettes du film de Hany Tamba, «Beirut After-Shave», qui a obtenu le César du meilleur court-métrage en février passé, est certainement sa musique, à la fois drôle, nostalgique et légère. Une présence en soi. En découvrant ces mélodies à l’accent résolument méditerranéen, c’est Khaled Mouzannar, un compositeur de talent, qui se laisse aussi découvrir. Malgré lui… Il n’aime pas les interviews, d’ailleurs celle-ci est bien la première qu’il accepte de donner. Encore moins les feux de la rampe, les projecteurs et la scène. Khaled Mouzannar préfère à tout ce vacarme la solitude de son studio où il compose morceaux et textes et les enregistre, depuis des années. «Je devais avoir 6, 7 ans quand j’ai commencé à faire de la musique. C’était naturel. J’ai touché à tous les instruments, l’important était “de faire du bruit”. Ce n’est qu’à 19 ans que j’ai pensé en faire un métier. Depuis, j’ai toujours eu un studio, ça me paraissait indispensable.» Difficile en le regardant, il a vraiment la tête de l’emploi, celle de l’artiste, en l’écoutant communiquer avec son piano ou chanter, de l’imaginer ailleurs que dans cet univers d’émotions et de créativité. Le seul sans doute qui le fasse s’exprimer, lui qui s’avoue très justement «introverti», qui le revendique, presque. Et pourtant, il raconte: «J’ai fait des études de droit, j’aime l’histoire politique, et des études de musique avec Boghos Gelalian, un grand maître. J’ai laissé tomber le reste et je continue avec lui car c’est un apprentissage qui ne finit jamais.» Exit le droit et l’histoire, bien qu’il affirme être profondément militant, Khaled se met à écrire des chansons qu’il garde longtemps pour lui, avant de se faire connaître à travers les musiques de films publicitaires. «Il fallait un métier pour commencer. Mais la publicité ne m’a jamais donné des frissons.» Ces frissons, il ira les puiser au fond de lui-même, au fond de son studio qui lui donne ses plus beaux émois, dans ce Liban mystique qu’il tente sans cesse de retrouver, dans les femmes qu’il a aimées et dans des scénarios qui vont l’inspirer. Non-métrage libanais de Wissam Smayra et Ghassan Koteit, puis Beirut-After Shave en sont les deux meilleurs exemples. Un tournant important Lorsqu’à 20 ans, Khaled s’en est allé, guitare à l’épaule et une vingtaine de chansons dans ses bagages, à la recherche d’un producteur français, le projet d’un CD n’aboutira pas. Il n’était pas prêt. «J’ai toujours eu peur du succès, avoue-t-il, de l’accomplissement, du vide qui suit…» Pour lui qui n’aime pas non plus la célébrité éphémère, la gloire facile, refuser de participer à la Star Academy France, après avoir été sélectionné, paraissait chose naturelle. «J’ai eu peur d’avoir pris la mauvaise décision, mais cette exposition n’était vraiment pas moi. Je déteste le nudisme!» Il y a quatre ans, il fait la connaissance d’un manager d’origine libanaise, Assaad Debs. «Les choses ont pris une tournure beaucoup plus sérieuse.» Khaled présente quelques-uns de ses travaux à la boîte de production française Naïve avec qui il signe un contrat de quatre ans. Depuis, il travaille à la préparation et la finalisation de son CD, un projet dont il ne veut encore rien dire, sinon que sa sortie est prévue pour octobre. Depuis, également, ce «paresseux qui fait beaucoup de choses» a signé la musique de Beirut-After Shave, une expérience qu’il va renouveler avec le prochain long-métrage de Hany Tamba et celui de Nadine Labaky, dont le tournage vient de finir. Bande originale «J’ai composé la mélodie du film de Hany, avec qui j’ai beaucoup d’affinités artistiques, en lisant le scénario, raconte le musicien. C’est important que la démarche du compositeur soit aussi abstraite. Elle permet une liberté totale de création. Il a d’ailleurs rajouté des scènes après avoir écouté ma musique.» Comment, en effet, ne pas ressentir cette complémentarité de l’image et du son dans certaines scènes du film? Celles où le barbier masse son client, sa sortie dans la rue, «qui lui avait donné une envolée lyrique, le barbier devenait un héros à la conquête de la ville», celles de la valse de Julia Kassar, du dialogue avec le dollar, ou enfin la fameuse séance de rasage. «J’ai construit là une rythmique, un échange entre le oud, le xylophone et les ciseaux du barbier.» «L’idée, poursuit-il, était de faire une musique méditerranéenne libanaise, jouée par un orchestre de rue, avec des ouds, trombones, violons tziganes, percussions orientales et guitares électriques mal accordées. Une mélodie qui donnerait une couleur au film. Qu’elle fonctionne toute seule, sans être une simple illustration du film.» L’objectif est réussi. La très belle musique de Khaled Mouzannar s’envole de ses propres ailes pour embrasser une nouvelle carrière qu’on lui souhaite moins angoissée que sa personne, mais aussi harmonieuse que sa musique. «La peur au ventre, mais au fond du cœur une fleur», comme il le chante si bien… Carla HENOUD

Une des vedettes du film de Hany Tamba, «Beirut After-Shave», qui a obtenu le César du meilleur court-métrage en février passé, est certainement sa musique, à la fois drôle, nostalgique et légère. Une présence en soi. En découvrant ces mélodies à l’accent résolument méditerranéen, c’est Khaled Mouzannar, un compositeur de talent, qui se laisse aussi découvrir....