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La coalition du 14 mars: une «métamorphose» qui s’éternise

Dans la Métamorphose, le héros de Kafka, Gregor Samsa, se réveille un matin transformé en insecte. Il était sur le dos et en dépit de ses multiples tentatives de se jeter sur le côté, il tanguait et retombait à chaque fois sur le dos, ses pattes gigotant en l’air. Depuis son accession au pouvoir, la coalition du 14 Mars semble être frappée de léthargie, métamorphosée et incapable de se rétablir sur ses « pattes ». En effet, depuis plus d’un an, cette coalition, majoritaire au Parlement et forte d’un soutien populaire sans précèdent, non seulement n’a pas entamé la moindre réforme, mais semble se complaire dans le spectacle de sa propre impuissance. Tous les arguments ont été avancés, mais aucun ne justifie cette «métamorphose» qui s’éternise. Les assassinats barbares dont certains de ses héros ont été victimes et les assauts incessants du « régime de tutelle » pour rétablir le statu quo ante pouvaient justifier pendant une certaine période cette tétanisation, mais il n’en demeure pas moins qu’une attente indéfinie d’un deus ex machina international ou celle d’un Godot qui aurait pris le nom d’un Melhis ou d’un Brammetrz ne peuvent faire l’économie d’une véritable politique de gouvernement. D’aucuns ont été sceptiques dès le premier jour sur la capacité de cette coalition à entamer de véritables réformes tant il est vrai que ses dirigeants sont issus du même microcosme qui s’est compromis « jusqu’à la moelle » avec l’occupant israélien ou le « frère syrien ». D’autres ont misé sur l’immense élan populaire qui aurait pu imposer à cette coalition sa volonté de voir « bouger les choses ». Aujourd’hui, il est difficile de ne pas admettre que l’avis des sceptiques était pleinement justifié. L’élan populaire s’est dissipé et les coalisés ont fini par recouvrer leur «liberté naturelle» qui leur permet de s’affranchir des « promesses » qu’ils n’avaient aucune intention de tenir et de s’adonner aux compromissions habituelles au nom du sacro-saint partage du pouvoir entre communautés complices. Il s’avère donc que la léthargie de cette coalition est le reflet non pas d’un manque de volonté, mais celui d’un véritable défaut structurel. Majoritaire au Parlement, rien ne l’empêchait, en effet, d’imposer les quelques réformes préconisées par l’accord de Taëf qu’elle jure à chaque lever du jour vouloir appliquer. Mais très vite, on l’a vue succomber à l’appel des sirènes confessionnelles. Pas la moindre idée d’une réforme politique, économique, sociale ou administrative ne semble l’effleurer alors que le pays se dirige chaque jour un peu plus vers un naufrage collectif au terme duquel il ne restera probablement rien à partager. La coalition du 14 Mars semble croire fermement que le rapport final de Brammertz viendra changer la donne et lui permettra de reprendre l’offensive et parachever la victoire qu’elle n’a pas réussi à concrétiser. Elle ignore ce faisant que le « méchant frère » de plus en plus acculé et aux abois sera capable de mettre le pays à feu et à sang avant de lâcher prise. Il l’a déjà fait et le refera sans aucun doute puisqu’il joue sa survie. Elle ne se rend même pas compte que les attaques outrancières d’un Sleimane Frangié, les campagnes hargneuses d’un Michel Aoun, les déclarations insultantes d’un Wi’am Wahhab et les silences hypocrites du duo chiite ne sont que les instruments d’un même orchestre qui joue une partition unique visant à détourner l’attention de la coalition, de la majorité et du gouvernement réunis et à les empêcher d’exercer le pouvoir. Qu’est-ce qui peut donc sortir cette coalition de sa somnolence ? Et ne reste-t-il pas comme espoir qu’un deus ex machina onusien pour la voir enfin rétablie sur ses pattes ? Piètre perspective pour un pays fraîchement affranchi d’une tutelle et qui se met à rêver désespérément d’une autre! Béchir OUBARY
Dans la Métamorphose, le héros de Kafka, Gregor Samsa, se réveille un matin transformé en insecte. Il était sur le dos et en dépit de ses multiples tentatives de se jeter sur le côté, il tanguait et retombait à chaque fois sur le dos, ses pattes gigotant en l’air.
Depuis son accession au pouvoir, la coalition du 14 Mars semble être frappée de léthargie, métamorphosée...