« Par Toutatis ! » : la religion des Gaulois expliquée à leurs descendants

Le musée gallo-romain de Lyon propose jusqu’au 7 janvier une exposition sur la religion des Gaulois intitulée « Par Toutatis ! » – selon la fameuse injonction du druide Panoramix – qui, loin des clichés, permet de découvrir la richesse des connaissances théologiques de nos ancêtres. La parcours débute sur une peinture du milieu du XIXe siècle, qui résume l’image encore très répandue des pratiques religieuses des Gaulois : on y voit un druide avec une serpe d’or, monté dans un arbre, entouré de jeunes femmes vêtues de blanc, avec dans un coin des bardes jouant de la musique. « J’ai eu l’idée de travailler sur ce sujet il y a 25 ans mais, à l’époque, les connaissances étaient pratiquement les mêmes que celles du XIXe siècle », explique Jacques Lasfargues, directeur du musée, situé à côté des Théâtres romains de Fourvière, la colline qui surplombe la ville de Lyon. « À l’époque, on voyait les Gaulois comme des adeptes d’une religion naturiste, avec des forêts sacrées, des rivières et des sources habitées par des divinités, mais aussi une religion cruelle, avec des sacrifices humains, et pas de temples », relève-t-il. Les techniques archéologiques évoluant, les connaissances ont beaucoup progressé ces vingt dernières années et de véritables sanctuaires gaulois, assez semblables aux constructions romaines, ont pu être identifiés lors de récentes fouilles très importantes dans le nord, l’est et le sud de la France. Ces découvertes ont permis une relecture des rares textes connus, une réinterprétation des objets. On peut ainsi dresser aujourd’hui le portrait d’une « religion savante », avec une théologie s’appuyant sur des observations astrologiques extrêmement précises, qui placent les Gaulois, aux côtés des Grecs et des Mésopotamiens, parmi les plus fins connaisseurs de la voûte céleste. Le fond de l’un des objets les plus connus de la civilisation celte, à laquelle appartiennent les Gaulois, le chaudron de Gundestrüp, dont une copie est présentée à Fourvière, décrirait en fait une conjonction astrale datant de plus de 2 000 ans, grâce à la représentation symbolique des constellations du Taureau, d’Orion ou de la Grande Ourse. On peut ainsi constater l’importance des os, particulièrement des crânes, qui étaient parfois enchâssés dans la charpente de portiques ou même gardés à la maison par les guerriers vainqueurs, comme autant de trophées ostensiblement exhibés.