L’équipée d’un chauffeur de bus avec des preneurs d’otages

«Traîtres, baissez vos têtes. » C’est par ces mots que 4 preneurs d’otages, jeunes, armés de Kalachnikov et cagoulés, ont pris le contrôle d’un minibus d’employés du ministère de l’Industrie au nord de Bagdad, a raconté le chauffeur du véhicule hier au lendemain de l’attaque. « Il était 14h30 et les employés quittaient l’usine Hittine à Taji (au nord de Bagdad). J’étais l’un des derniers chauffeurs à démarrer avec à bord 20 personnes, dont 2 femmes », a-t-il déclaré, sous couvert d’anonymat. « Quatre minibus sont arrivés subitement sur l’aire de stationnement avec à bord de chaque véhicule au moins 8 hommes armés et d’après ce que j’ai vu, ils ont pris le contrôle de 3 minibus et d’un bus, avec à bord des dizaines de passagers », a poursuivi ce chauffeur. « L’un des assaillants m’a mis le canon de son fusil à l’oreille et m’a demandé de redémarrer et de prendre un petit chemin à travers les fermes, a-t-il encore dit. Il n’a cessé de me menacer avec son arme en disant qu’il faut rattraper les autres véhicules qui s’étaient déjà engagés sur le chemin. » « Entre-temps, l’un des employés a tenté de se jeter par la fenêtre et il a reçu une balle dans la tête. Il est retombé inerte sur son siège. Un autre employé a tenté de s’emparer de l’arme de l’un des assaillants et il est mort de la même façon. » « Un 3e employé a été blessé par les tirs et je n’ai pas pu m’empêcher d’appuyer sur les freins, stoppant le véhicule dans la panique générale », a-t-il encore raconté. « Dans la cohue, d’autres ont osé ouvrir les fenêtres et les hommes armés se sont lancés à la poursuite des fuyards et moi, seul avec les corps et le blessé, j’ai emprunté une route menant à une maison au milieu d’un champ. » « Le propriétaire, me prenant pour un preneur d’otages, a commencé à m’insulter. J’ai été rejoint par 8 passagers, dont les 2 femmes, mais comme ces derniers ne faisaient pas confiance au propriétaire, ils ont préféré s’enfuir à travers champ », selon lui. « J’ai quant à moi demandé à quitter les lieux disant que je devais transporter les corps et le blessé et le propriétaire m’a indiqué un chemin où j’ai trouvé les 8 passagers paniqués », a poursuivi ce témoin. « J’ai embarqué tout le monde et je me suis dirigé vers une base américaine où il a fallu expliquer aux soldats américains ce qui s’est passé. Ils ont pris en charge le blessé et m’ont indiqué le chemin de Bagdad. » « Le premier point de contrôle de la police irakienne m’a fourni une protection et c’est comme ça que j’ai pu transporter les corps des 2 victimes chez elles dans Sadr City. »