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VIENT DE PARAÎTRE Le coauteur Brian Winter signe, ce soir, un ouvrage très peu politique Le pays de la samba passionnément raconté par l’ex-président Cardoso

En mai 1993, Fernando Henrique Cardoso était ministre des Affaires étrangères du Brésil. En voyage à New York, il reçoit un coup de fil de l’excentrique président par intérim Itamar Franco, qui l’informe de sa volonté de lui remettre le portefeuille des Finances. Il s’agissait d’un cadeau empoisonné. Cardoso le savait très bien. Trois ministres avaient été déchus de ce poste en l’espace de 7 mois. L’inflation atteignait le sommet historique de 2 500%. Dans ses mémoires, Cardoso se souvient qu’il avait pensé avoir convaincu le président brésilien de considérer quelqu’un d’autre pour ce poste. Nonobstant ses réserves, Franco le nomme ministre des Finances. C’est ainsi, par «accident», que le brillant sociologue est entré en politique par la grande porte, pour devenir le premier président brésilien à être élu deux fois de suite. D’où le titre de l’ouvrage, The Accidental President of Brazil, dont le coauteur se trouve actuellement à Beyrouth pour assurer la promotion de l’ouvrage, sous l’égide de l’ambassade du Brésil. «La présidence de Cardoso était émaillée de batailles continues», souligne Brian Winter. Le journaliste américain, ancien correspondant de Reuters en Amérique latine, ajoute que Cardoso voulait à tout prix moderniser son pays. «Son plus grand accomplissement était sans doute d’avoir apporté un peu de stabilité (tant économique que politique) et d’avoir instauré des réformes dans un pays qui en avait grand besoin.» Mais cet ouvrage consacre trois chapitres uniquement à la présidence de Cardoso. Les neuf autres sont consacrés «aux gens qu’il a rencontrés durant une vie passée au service du Brésil», indique Winter qui signera l’ouvrage ce soir, à 19h30, au Virgin Megastore, centre-ville. Ce sont donc les personnages qui sont au centre de cet ouvrage et non la politique. Du grand-père Cardoso, qui a joué un rôle important dans le départ de l’empereur Dom Pedro II en 1889, à Lula da Silva, le président actuel du Brésil, qu’il perçoit tantôt comme un allié et tantôt comme un adversaire, au président américain George Bush qui, paraît-il, selon le témoignage de Cardoso, s’intéresse très peu au Brésil et connaît encore moins ce pays qui est quand même la quatrième plus grande démocratie au monde. Cardoso raconte en effet que lors d’une rencontre avec Bush, ce dernier a exprimé sa vive surprise lorsqu’il a su que le pays de la samba avait une des plus grandes communautés blacks et hébergeait 10 millions de personnes de sang arabe. «On dirait que vous avez une population bigarrée!» se serait alors exclamé Bush. Bill Clinton, par contre, apparaît comme un président cultivé, sensé et impressionnant. C’est par ailleurs lui qui a rédigé la préface de l’ouvrage de Cardoso. Un ouvrage honnête, où les propos de l’ex-président dénotent une personnalité marquante et charismatique. The Accidental President of Brazil nous emmène dans un périple où les événements historiques et les anecdotes personnelles se mêlent harmonieusement. Ces mémoires, qui n’en sont pas vraiment au sens classique du terme, sont une excellente introduction au pays de la samba. L’auteur en profite également pour prendre la défense du Brésil et faire l’apologie de sa présidence qui a pris fin en 2003, à la Saint-Sylvestre. Issu d’une famille de la haute bourgeoisie brésilienne, académicien émérite, Cardoso s’est imposé, dès la fin des années 60, comme l’un des intellectuels les plus influents d’Amérique latine avant de se lancer en politique. S’intéressant au développement international, il a élaboré le paradigme des sociétés dépendantes. Il s’est également spécialisé dans les mutations sociales de grande envergure et s’est engagé fermement contre l’autoritarisme du régime militaire brésilien. En tant que ministre des Finances, il a lancé le Plano Real (Plan réel), un mélange intelligent où il a instauré des coupes dans le budget, une nouvelle monnaie et un mécanisme pour casser l’hyperinflation. Cela a marché. Les Brésiliens lui ont alors donné le job numéro un, dès le premier tour des élections le 3 octobre 1994, grâce à une alliance avec le plus important parti de droite, le parti du Front libéral. Il est réélu le 4 octobre 1998 avec approximativement 53% des votes. Son challenger le plus proche, Luiz Inácio Lula da Silva, obtenait 32%. En 2003, Lula da Silva lui succède. Il est vrai que j’aurais pu mieux faire», reconnaît Cardoso dans cet ouvrage. «Mais il considère qu’il a pleinement accompli son devoir politique, conclut Brian Winter. Et il est fermement convaincu que ses réformes porteront leurs meilleurs fruits dans l’avenir.» Maya GHANDOUR HERT
En mai 1993, Fernando Henrique Cardoso était ministre des Affaires étrangères du Brésil. En voyage à New York, il reçoit un coup de fil de l’excentrique président par intérim Itamar Franco, qui l’informe de sa volonté de lui remettre le portefeuille des Finances. Il s’agissait d’un cadeau empoisonné. Cardoso le savait très bien. Trois ministres avaient été déchus...