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Actualités - ANALYSE

eclairage Face à la progression des islamistes, les voisins de la Somalie s’alarment et peinent à agir

Les voisins de la Somalie, alarmés par l’emprise grandissante des tribunaux islamiques dans ce pays démuni de pouvoir central, n’ont d’autre choix que de s’en remettre à des institutions somaliennes impuissantes et prôner l’envoi d’une force de paix internationale qui n’enthousiasme personne. La montée en puissance des islamistes fait craindre aux gouvernements d’Afrique de l’Est une extension du problème au niveau régional, alors que les intentions politiques des tribunaux restent inconnues. Dès mardi, les sept pays d’Afrique de l’Est de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), réunis à Nairobi, avaient fait part de leurs inquiétudes. L’IGAD (Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Soudan, Ouganda et gouvernement de transition somalien) a rappelé son plein soutien aux institutions de transition somaliennes et appelé à l’envoi sans délai d’une force de paix en Somalie. Jeudi, l’Union africaine a également appelé la communauté internationale à fournir « toute l’assistance nécessaire aux institutions fédérales de transition pour leur permettre d’assumer pleinement leurs responsabilités » en Somalie. Les institutions de transition – composées d’un président jusqu’ici silencieux sur la situation dans son pays, d’un Parlement et d’un gouvernement – installées en 2004, ont jusque-là été impuissantes à rétablir l’ordre et semblent subir l’emprise grandissante des tribunaux. Depuis mardi, les autorités sont restées silencieuses : elles n’ont pas commenté ni la chute de Jowhar ni la progression des tribunaux. Les tribunaux islamiques, qui se présentent comme « une alternative au chaos par l’islamisation », rejettent catégoriquement toute force de paix. Des pourparlers, entamés entre tribunaux et gouvernement, ont finalement échoué lundi à propos de cette force. « Tout le monde se réunit et se mobilise. Mais, en réalité, personne ne veut vraiment aller en Somalie », analyse un diplomate occidental basé à Addis-Abeba. Chacun garde en effet en mémoire le fiasco des deux opérations de l’ONU en Somalie, de 1992 à 1995, pour venir en aide aux victimes de la famine. Et, de fait, dès janvier 2005, l’UA avait mandaté l’IGAD pour envoyer une force de paix, qui n’a jusqu’à présent jamais vu le jour. Mais aucun des pays de l’IGAD n’est enthousiaste à l’idée d’envoyer des troupes en Somalie, malgré l’inquiétude manifeste des Éthiopiens face à la progression des milices des tribunaux vers leur frontière, du fait notamment de la minorité somalie en Éthiopie – qui vit dans l’Ogaden, la région la plus délaissée par le pouvoir central – et de la crise politique interne éthiopienne depuis les élections législatives contestées de 2005. « Si les islamistes dominent la Somalie (...) l’Ogaden pourrait bien se désolidariser de l’Éthiopie », commente un autre diplomate en poste dans ce pays. Les deux autres pays frontaliers de la Somalie sont dans une situation similaire : le Kenya abrite une minorité somalie et la majorité de la population de Djibouti est somalie. Lucie PEYTERMANN/AFP
Les voisins de la Somalie, alarmés par l’emprise grandissante des tribunaux islamiques dans ce pays démuni de pouvoir central, n’ont d’autre choix que de s’en remettre à des institutions somaliennes impuissantes et prôner l’envoi d’une force de paix internationale qui n’enthousiasme personne.

La montée en puissance des islamistes fait craindre aux gouvernements...