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Vous avez dit.... censure ?

J’étais en Europe quand a eu lieu le honteux « sac de Monnot et de Tariq Jadideh » (il ne s’agit pas d’une boutique de maroquinerie...). Et j’ai lu les extraits de presse dans l’avion qui me ramenait à Beyrouth. Comme j’ai été longtemps le pourfendeur de la censure, comme par ailleurs j’avais hérité de Fouad Naïm à la présidence de Télé-Liban, de l’émission de Charbel Khalil, qui on se le rappelle avait battu tous les records d’audience, je voudrais confirmer quelques points (quelques poings, auraient dit les manifestants...) concernant la liberté d’expression à la télévision. 1- Le premier article de la loi sur l’audiovisuel dit clairement : « L’audiovisuel au Liban est libre. » Et le reste du texte de loi confirme cela. 2- Le Conseil national de l’audiovisuel (comme le dit la loi) n’a qu’un rôle consultatif et ses suggestions sont soumises au ministre de l’Information lequel, dès lors, choisit de porter les suggestions au Conseil des ministres. Celui-ci est seul habilité à statuer sur la nécessité ou pas d’y donner suite. 3- Ce qui signifie qu’en aucune façon le CNA ne peut saisir la direction de la Sûreté générale pour une affaire de censure.C’est le privilège du ministre de l’Information.D’ailleurs, durant mon mandat de PDG de TL, j’avais adressé une lettre au CNA, présidé alors par M. Sami Chaar, pour réclamer ce qui était notre droit, à savoir la récupération des canaux de Télé-Liban, que la LBC, al-Manar et Télé Lumière avaient tout simplement squattés. Il a fallu une décision du Conseil des ministres pour obtenir gain de cause. Mais le plus important reste à venir dans mon argumentation. Au moment de la création de Télé-Liban, un arrêté portant le numéro 3 372 a été publié au Journal Officiel du 8 août 1980. Il concernait les prérogatives du commissaire du gouvernement auprès de Télé-Liban : art. 14. Est considéré comme annulée (sic) la censure sur les programmes de la télévision (note : il n’y avait que Télé-Liban à l’époque) appliquée par le service de la censure et des affaires légales au ministère de l’Information et qui avait été créée en vertu de l’article 8 du décret n° 8 588 du 24/1/1962, et la censure de la télévision qu’exerce le service de la censure des imprimés et enregistrements relevant de l’article 9 du décret n° 2 873 en date du 16/12/1959 et tout autre écrit organisant ce secteur ? De quelque source qu’il provienne et qui pourrait être en contradiction avec les statuts de Télé-Liban et les lois régissant sa formation, son organisation et ses changements. Donc la censure à la télévision était abolie ce jour-là à TL (et plus tard dans les autres télévisions, car cet article de la loi n’a jamais été abrogé par la suite !). En 1980, le ministre Charles Rizk était PDG de Télé-Liban. Puis lui succédèrent le général Moussa Kanaan, Michel Samaha, Raymond Gebara, Georges Skaff, Fouad Naïm. Aucun d’eux n’avait excipé de cet arrêté pour en finir avec la censure qui devenait lourde. Je découvris cet article au cours de mes lectures des arrêtés concernant Télé-Liban. Je portai le texte à M. Raymond Raphaël, alors directeur général de la Sûreté, et lui demandai d’en appliquer le contenu. Surtout en ce qui concernait l’émission Taqrir al-Taqrir de Charbel Khalil, ce qui fut fait. Je confiai à trois personnes le soin et la responsabilité de scruter à la loupe le contenu de chaque émission. Ils en référaient à moi chaque fois qu’ils doutaient d’un passage. L’émission n’a jamais été censurée. Plusieurs fois, le président Hariri m’appela pour me dire que la troupe exagérait un peu la critique à son encontre. Je lui expliquai qu’au contraire, les quelques blagues qui restaient dans le cadre de la bienséance augmentaient sa popularité et celle d’un gouvernement qui acceptait que la TV appartenant à l’État jouisse de la liberté de caricaturer. L’émission continua. Le régime changea et les ciseaux de la censure revinrent, féroces. On charcutait tellement l’émission de Khalil qu’elle en était réduite à presque 18 minutes. Charbel Khalil quitta Télé-Liban et produisit Basmat Watan à la LBC. Il croyait qu’on comprendrait par Basmat Watan « sourires d’une nation ». Hélas, la semaine dernière on a lu cela comme étant : « Quand une nation meurt. » Sans doute que Charbel ne sait plus aujourd’hui à quel saint se vouer. Je lui conseille de s’adresser à Dieu plutôt qu’à ses saints... Ou à son Parti... (pris). Jean-Claude BOULOS
J’étais en Europe quand a eu lieu le honteux « sac de Monnot et de Tariq Jadideh » (il ne s’agit pas d’une boutique de maroquinerie...). Et j’ai lu les extraits de presse dans l’avion qui me ramenait à Beyrouth.
Comme j’ai été longtemps le pourfendeur de la censure, comme par ailleurs j’avais hérité de Fouad Naïm à la présidence de Télé-Liban, de...