Rechercher
Rechercher

Actualités

ART CONTEMPORAIN - Une centaine d’artistes exposent dans la capitale sénégalaise Le Dak’Art met à nu les affres de la pauvreté et des conflits en Afrique

Des Têtes de nègres-Têtes creuses, du Togolais El Loko, à la Marche vers la paix, du Tunisien Bel Haj Taïb, les exposants du festival «in» d’art contemporain africain Dak’Art mettent en évidence à Dakar la pauvreté et les conflits sur le continent noir. Une centaine d’artistes originaires d’une trentaine d’États exposent depuis le 5 mai et jusqu’au 5 juin leurs œuvres sur quatre sites retenus pour cette 7e édition de la biennale, notamment au musée de la place Soweto et la Galerie nationale d’art, dans le centre de la capitale sénégalaise. Au musée de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), le Nigérian Dilomprizulike exhibe les misères d’un continent écartelé entre sa tradition et un modernisme déroutant avec The Face of the City (le visage de la cité), assemblage de matériaux de récupération. L’artiste met en scène sur une même plate-forme les habitants d’une cité noire, vêtements crasseux et en lambeaux ornés de toutes sortes de gadgets occidentaux: paquets de cigarettes, bidons vides, emballages de médicaments, canettes de bière... Dans un tout autre registre, le Tunisien Bel Haj Taïb aborde l’épineux problème des conflits qui freinent le décollage de l’Afrique. Sa Marche vers la paix met en évidence la lente quête de la paix du continent meurtri par des décennies de guerres et de conflits sanglants, à travers des tortues-soldat aux carapaces d’acier recouvertes de casques lourds qui ralentissent leur progression. À ces maux, le Sénégalais Seydi Mamady pense avoir trouvé le remède: un Cercle de solidarité et de l’espoir, petite sculpture mettant en scène des Africains de tout horizon qui se donnent la main pour bâtir le continent. La discrimination et l’intolérance religieuse sont aussi omniprésentes dans les œuvres. À travers le Refus de Rosa Park (du nom de cette Noire américaine décédée récemment, qui avait refusé de céder sa place dans un bus à un Blanc en 1955 dans une Amérique en pleine ségrégation raciale), le sculpteur sénégalais Lô Ndary rafraîchit la mémoire des Africains dans une structure métallique reconstituant la scène. Amadou Kane Sy, autre artiste sénégalais, expose sa mosquée en grillage métallique de deux mètres de haut, bourrée de figurines représentant des fidèles en pleine séance de prière. Il invite «tous les gens qui ne voient que le côté négatif de l’islam à y entrer avec une autre attitude», indique la plaquette de l’exposition. Du côté de la Galerie nationale, l’œuvre la plus dérangeante est celle du peintre togolais El Loko, qui présente une centaine de photos d’Africains anonymes affichées sur un mur auquel les visiteurs accèdent en piétinant des clichés de têtes ou de visages éparpillés à même le sol. L’œuvre au titre provocateur Têtes de nègres-Têtes creuses, peint de façon crue les souffrances passées et actuelles de l’Afrique, qui, après l’esclavage et la colonisation, est la proie «de l’oppression, de l’exploitation et de la pauvreté», selon un commentaire de l’artiste. Le programme «in» de Dak’Art comprend également un défilé de mode de la styliste et costumière sénégalaise Oumou Sy et une journée d’hommage au poète-président sénégalais Léopold Sédar Senghor, né il y a cent ans à Joal (sud-est de Dakar) et décédé il y a cinq ans à Verson (Normandie, France).
Des Têtes de nègres-Têtes creuses, du Togolais El Loko, à la Marche vers la paix, du Tunisien Bel Haj Taïb, les exposants du festival «in» d’art contemporain africain Dak’Art mettent en évidence à Dakar la pauvreté et les conflits sur le continent noir.
Une centaine d’artistes originaires d’une trentaine d’États exposent depuis le 5 mai et jusqu’au 5 juin leurs...