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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - Une de ses œuvres musicales sera interprétée au Théâtre des Champs-Élysées, à Paris le 25 mai Béchara el-Khoury ou la farouche passion de liberté

Un grand moment sans nul doute pour Béchara el-Khoury, ce 25 mai à Paris, où se donne, au Théâtre des Champs-Élysées et en grande pompe, son œuvre musicale «Aux frontières de nulle part op 62», un concerto pour violon et orchestre. Opus commandé par le ministère libanais de la Culture à l’occasion du IXe Sommet de la francophonie, il sera interprété par l’Orchestre national de France sous la houlette de Kurt Masur, éminent maestro allemand qui fut pendant douze ans directeur musical et chef de la Philharmonique de New York. En outre, maestro Masur est président de la Fondation Mendelssohn et de la maison Beethoven au pays de Goethe. Au violon, pour la partie soliste de la partition, Sarah Nemtanu. Pleins feux sur Béchara el-Khoury dont le parcours, déjà jalonné de succès, s’affirme avec éclat aux firmament et cercle très élitiste des compositeurs modernes. Né en 1957 à Beyrouth, ce fervent amoureux de la musique contemporaine est aussi un inspiré taquineur des muses. Nul n’oublie ses trois recueils de poèmes publiés juste avant la guerre au pays du Cèdre. Des images, des rigueurs métriques et de la riche musicalité des rimes libres au monde insaisissable mais perceptible de la musique, il n’y a presque pas de frontières… Les notes renvoient naturellement à d’autres images sonores, d’autres rythmes, d’autres mesures, d’autres musiques, orphiques et incantatoires… Les mots s’effacent, les vocables s’évanouissent, et émerge un univers sonore chatoyant où demeurent les préoccupations et l’essence d’un être, toujours écho du siècle, pour reprendre la formule « hugolienne », dans un langage envoûtant, renouvelé, original et universel. Aujourd’hui, aux confins de la cinquantaine, Béchara el-Khoury, prix Rossini (2000), membre du jury aux concours de l’École normale supérieure de musique de Paris et de Radio-France, finaliste à Londres en 2003 (avec Les fleuves engloutis op 64) du concours international « Masterpiece », est courtisé par la firme Naxos pour ses enregistrements, par les éditions Max Eschig et Alphonse Leduc pour ses publications. À la tête d’un catalogue qui comprend plus de soixante-dix œuvres (interprétées déjà par les plus prestigieux orchestres d’Europe dirigés notamment par Daniel Harding et Martyn Brabbins ), Béchara el-Khoury, voix qui compte dans le peloton de compositeurs modernes, a une production musicale où s’exprime, en un style attachant, coloré, teinté d’une certaine nostalgique mélancolie, un vibrant humanisme. L’Orient et l’Occident fusionnent dans une expression musicale qui a assimilé en profondeur tous les ingrédients des deux cultures confondues. Musique contemporaine guère loin aussi d’un certain romantisme où grandiose et tragique voisinent comme les deux visages de Janus pour une traversée humaine exposée à tous les aléas, tous les bonheurs et toutes les adversités. Plus de soixante-dix œuvres Des bribes de Penderecki, Lutoslawski et Stravinski en teintes nuancées d’un pastel triste et grave surgissent, comme des feux mal éteints dans un brasier jetant brusquement des flammes vives, dans des pages aux éclats rougeoyants où la bipolarité tradition-modernité forge un langage personnalisé, n’appartenant à aucune catégorie qui puisse être répertoriée. Pour mieux cerner ce compositeur qui s’inspire, entre autres, de sa foi chrétienne profonde et de son attachement au Liban, emblème d’un humanisme ouvert et tolérant, les propos de Pierre-Petit, parus dans un article du Figaro : « Imprégné de la vraie tradition orientale, rompu aux techniques de notre musique occidentale, Béchara el-Khoury était tout désigné pour essayer de trouver le point idéal de fusion. Je crois qu’il y est parvenu en faisant circuler dans un tissu délibérément européen une sève authentiquement orientale. Langage inhabituel sans nul doute qui nous touche par son originalité, nous dépayse et nous fait rêver. Voici certainement l’une des clés principales pour pénétrer dans l’univers si intériorisé de ce compositeur poète. Si les premières œuvres laissent apparaître encore ici et là des traces d’orientalisme au détour d’un rythme de danse ou d’une inflexion mélodique, les œuvres ultérieures parviennent par une subtile alchimie à une fusion totale des deux traditions. La veine lyrique constamment présente au sein de la production d’el-Khoury situe sa musique aux antipodes de tout formalisme abstrait et en dehors de tout académisme stérile. El-Khoury réintègre avec force dans la musique d’aujourd’hui l’expression du sentiment personnel, de la passion et de l’émotion. » Véhémente, éprise de liberté, charriant avec vigueur les vents de la passion, portée par les ardeurs de la foi, écho des misères du monde, touchant reflet de toutes les contradictions humaines, oscillant entre perdition et espérance, évoquant les ruines et saluant le futur, cette musique appartient à ce qui bouleverse et émeut. La poésie, apanage des mages, des voyants et des hérauts à l’écoute des vagues mugissantes du monde a, ici, la part belle. Narrations musicales où la poésie a péremptoire droit de cité. Narrations musicales à tempérament vif où l’orchestration richement travaillée se garde bien d’empiéter sur la beauté des solistes, avec une préférence non seulement pour le clavier ou le violon (belle collaboration avec les pianistes Abdel Rahman el-Bacha, David Lively, Dimitri Vassilakis , Hideki Nagano et un prince de l’archet, Gérard Poulet), mais aussi et surtout la clarinette et le cor. À quand Beyrouth ? Faut-il rappeler que l’œuvre symphonique New York, Tears and Hope (New York, larmes et espoir) sera interprétée le 11 septembre prochain sur les lieux mêmes où les tours jumelles se sont effondrées en tas de cendres fumantes? Les vivants se souviennent, et un poète- musicien a, de toute évidence, l’éloquence et la vertu de calmer les douleurs des plus grands cris et des plus effroyables souvenirs…. Concert qui sera transmis en direct par les chaînes de télévision du monde. Pour tous les mélomanes avides de nouveauté et de partition de qualité, voilà une occasion en or pour retrouver, découvrir ou applaudir un poète aux dires de musicien. Ou vice versa? Et quelle serait la différence quand la beauté, la sincérité, les aveux les plus troublants, les inflexions les plus intimes et l’émotion jouent à masques et horizons découverts? Si Paris ovationne aujourd’hui Aux frontières de nulle part, il est temps que la ville qui a vu naître ce poète doublé de musicien l’accueille aux bords de ses rivages retentissants comme al-Moustapha parlant aux gens d’Orphalèse… Une gerbe de notes scintillantes, cristallines, dorées, cuivrées, chargées des rosées de toutes les aurores du monde et du velours des nuits les plus capiteuses, non pas pour un voyage d’exil, de séparation et de partance, mais pour un radieux retour fait de plénitude et de bonheur, authentique moment de chaleureuses retrouvailles… Edgar DAVIDIAN
Un grand moment sans nul doute pour Béchara el-Khoury, ce 25 mai à Paris, où se donne, au Théâtre des Champs-Élysées et en grande pompe, son œuvre musicale «Aux frontières de nulle part op 62», un concerto pour violon et orchestre. Opus commandé par le ministère libanais de la Culture à l’occasion du IXe Sommet de la francophonie, il sera interprété par l’Orchestre...