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Actualités - CHRONOLOGIE

Égypte - Deux évènements tests aujourd’hui Moubarak devant une alternative : se raidir encore ou lâcher du lest

Confronté à une vague de critiques internationales, le régime du président égyptien Hosni Moubarak se retrouve devant le choix de se durcir encore ou de lâcher du lest à ses opposants. Deux évènements judiciaires tests ont lieu aujourd’hui : une audience pour sanctionner deux juges, devenus des héros du camp réformiste, et l’examen en cassation de la mise en prison d’un chef de l’opposition, Ayman Nour. Toute manifestation a été bannie aux abords de la Cour suprême, au centre-ville, là où, jeudi dernier, une semblable protestation en soutien à ces juges a été violemment réprimée par les forces antiémeute. « L’Égypte parle toujours de démocratie, mais plus personne n’y croit, il y a même un sérieux retour en arrière », note Samer Shehata, un chercheur égyptien qui enseigne à l’Université Georgetown à Washington. Six mois après les législatives, marquées par une poussée islamiste, le régime semble en effet être revenu sur une timide ouverture démocratique, et se fait à nouveau épingler par les États-Unis et l’Union européenne. Il a d’abord renvoyé à 2008 les municipales prévues en début d’année, par crainte évidente de nouveaux gains pour les Frères musulmans, puis a prorogé pour encore deux ans l’état d’urgence imposé depuis 1981. « C’est cela l’ère glorieuse de la démocratie dont on nous a rabâché les oreilles », affirme, pour sa part, Mehdi Akef, chef spirituel de la confrérie, toujours interdite, mais dont un député sur cinq se réclame ouvertement dans le nouveau Parlement. Alors que l’opposition non islamiste est sortie laminée des législatives, une de ses figures de proue, l’avocat Ayman Nour, arrivé second derrière Hosni Moubarak à la présidentielle de septembre 2005, croupit en prison. M. Nour, 42 ans, s’est pourvu en cassation contre sa condamnation à cinq ans de prison pour trafic de documents liés à la création de son parti, al-Ghad. Son cas sera examiné par la cour demain. Mais plus que l’affaire Nour, c’est la rébellion des juges qui cimente le camp démocratique et représente aujourd’hui le principal défi pour le président Moubarak, 78 ans, à la tête de l’Égypte depuis un quart de siècle. C’est parce qu’ils ont demandé une enquête sur la fraude aux législatives que deux juges à la Cour de cassation, Mahmoud Mekki et Hicham al-Bastawissi, ont été déférés devant le conseil de discipline de la juridiction suprême. Se radicalisant, le club des juges, qui représente les 8 000 magistrats égyptiens, a organisé un sit-in depuis un mois. Il a défini une plate-forme réformiste mi-corporatiste, mi-politique, en opposition au régime. Face à ce mouvement, relayé par tout ce que l’Égypte compte d’opposants, de Kefaya, une nébuleuse contestataire, aux très organisés Frères musulmans, le régime s’est raidi, procédant à des centaines d’arrestations. « Museler les juges est essentiel pour contrôler le processus de succession », estime Moustapha Kamel al-Sayyed, professeur à l’Université américaine au Caire. Il estime que le pouvoir « va intensifier le face-à-face » avec les juges. « Le président Moubarak cherche une entente avec Washington, y compris la succession », a renchéri l’analyste Mohammad Sayyed Saïd, ajoutant : « Et s’il ne parvient pas, la ligne dure antijuges l’emportera. » Mais la répression commence à ennuyer les États-Unis, grands bailleurs de fonds de l’Égypte, ainsi que l’Union européenne, également généreuse donatrice. Se faisant inviter à la Maison-Blanche, le fils cadet du président, Gamal Moubarak, présenté comme son possible successeur, en dépit de ses démentis, a été également informé vendredi passé de l’agacement américain.
Confronté à une vague de critiques internationales, le régime du président égyptien Hosni Moubarak se retrouve devant le choix de se durcir encore ou de lâcher du lest à ses opposants.
Deux évènements judiciaires tests ont lieu aujourd’hui : une audience pour sanctionner deux juges, devenus des héros du camp réformiste, et l’examen en cassation de la mise en prison...